chambres d’hôtesla villa kruger, montreux

16 Mai 2020

HISTOIRE A DORMIR…

… MAIS PAS DEBOUT. DANS CETTE VILLA CLASSÉE DE LA RIVIERA SUISSE, LE TEMPS SEMBLE ÊTRE SUSPENDU, COMME FIGÉ À UNE ÉPOQUE OÙ L’HISTOIRE DES MURS A ABRITÉ L’HISTOIRE , CELLE EN MAJUSCULES. ON PASSE LA NUIT AU MUSÉE ? DIRECTION MONTREUX.

L’ambiance est balnéaire, tendance fin du XIXe siècle. Au coeur d’une végétation qui en préserve la tranquillité, d’imposantes villas tournées vers le sud forment un quartier hors du temps. Elles sont 21. Toutes différentes. Certaines, avec leurs façades crénelées et leurs tourelles, auraient pu pousser face à l’Atlantique, du côté de Soulac-sur-Mer, Royan ou la Baule. Mais les vagues qui viennent lécher la promenade à leurs pieds ne sont pas salées… D’autres, avec leurs corniches, leurs toits à faible pente et leur teint orangé, prennent l’allure italienne. Elles ne surplombent pas, pourtant, ni le Lac de Garde ni celui de Côme, mais bien le Lac Léman.

DU BEAU, DU BON, DUBOCHET

Crème et brique, la Villa Kruger, elle, se trouve au N°17 de cet ensemble. Comme ses voisines, elle est née, entre 1876 et 1878, de la volonté d’un homme, Emmanuel-Vincent Dubochet, de préserver la vue somptueuse dont il jouissait depuis sa propriété. En effet, après avoir prospéré en installant l’éclairage au gaz dans les rues de Paris, ce Vaudois richissime – tellement riche qu’on disait à l’époque, en France comme en Suisse, « riche comme Dubochet » – s’est fait construire le château des Crêtes, sur les hauteurs de Clarens, une commune de Montreux. 36 pièces dominant le lac, à l’endroit dont Jean-Jaques Rousseau se serait inspiré pour imaginer les émois de Julie et Saint-Preux dans la Nouvelle Héloïse. Le ministre de la Défense français, Léon Gambetta, y a notamment ses habitudes. “Impensable, donc, de laisser une usine de chocolat s’installer en contrebas et gâcher ce panorama”, raconte Philippe, l’actuel propriétaire des lieux, d’une placidité toute helvétique, en caressant un chien aussi petit que lui est grand. Qu’à cela ne tienne, Dubochet acquiert le terrain afin d’y construire des villas.
L’homme a le bras long et pour l’aménagement, fait appel à de grands noms. Le plan d’ensemble, imaginé sur le modèle de la Villa Montmorency (une enclave privée de 6 hectares dans le 16e arrondissement parisien), est donc confié à Alphonse Alphand, créateur de la plupart des espaces verts de la capitale hexagonale, dont les parcs du Bois de Boulogne, de Vincennes et des Buttes Chaumont. Le dessin des maisons, lui, naît de la collaboration entre deux architectes, le français Emile Hochereau et son homologue veveysan Louis Maillard. Le projet, plantations et quais compris, sort de terre en un temps record de 2 ans, pas assez vite cependant pour que Dubochet en voit la concrétisation : il décédera juste avant.

OUT OF AFRICA

Il ne voit donc pas le gotha louer ses villas, à la semaine ou au mois. Car avec son petit casino, sa salle de spectacle, ses écuries et son gardien, le complexe privé des Villas Dubochet devient une sorte de centre de vacances de luxe, attirant une clientèle mondaine à laquelle le standing des meilleurs hôtels de la Riviera ne suffit pas. S’y croisent aristocratie européenne, riches industriels et chefs d’état, parmi lesquels Paul Kruger, président exilé de la république sud-africaine du Transvaal. Engagé dans la 2e Guerre des Boers, contre le Royaume-Uni, il est venu chercher des alliés en Europe, mais le conflit tourne à l’avantage de la perfide Albion, et Kruger, malade, finira ses jours au N°17 en 1904. 50 ans plus tard, le gouvernement de Pretoria achètera la villa pour en faire un musée en l’hommage de cette icône de l’histoire afrikaner, symbole de la lutte contre l’impérialisme britannique. Toutes les autres maisons du quartier sont, elles aussi, rachetées, plus ou moins bien rénovées et en 1979, le quartier est classé par les Monuments historiques.

AVEC LE TEMPS…

Quand Philippe, spécialisé dans la gestion de locations de vacances, en fait l’acquisition en 2014, la Villa Kruger est habitée, mais n’a pas été entretenue depuis plus d’une dizaine d’années. “Il fallait tout refaire”, se rappelle ce sexagénaire passionné d’histoire. Il imagine alors la transformer en un petit hôtel, ce qu’elle avait été. “Mais avant, nous voulions vivre dedans, nous en imprégner pour la repenser. Le 2e étage était à l’abandon, et même si 50 % du mobilier était d’origine, le reste venait de chez Ikea ! Nous, nous voulions respecter l’âme du lieu et la transmettre. Nous nous y sommes donc intéressés, avons questionné les voisins ou le consulat d’Afrique du Sud. Nous voulions vraiment qu’elle retrouve sa splendeur passée.”

Les parquets sont donc ceux que Paul Kruger a foulés, il s’est probablement assis aussi dans le canapé devant la cheminée. Pour le reste, il a fallu chiner et recréer des ambiances, retrouver les patines d’origine. Ocre clair et plafonds décorés dans les parties communes, riches tentures et cadres en bois dorés aux murs, totale Toile de Jouy dans la chambre «bleue»… Philippe et sa compagne ont opté pour un mélange de décoration historique et de technologie avancée, donnant une ambiance 5 étoiles, extrêmement confortable, dans les trois chambres du 1er niveau. Leurs balcons surplombent un jardin apaisant, avec sa fontaine et son buste de Paul Kruger, au bout duquel on accède à la promenade des quais, permettant de rejoindre le centre de Montreux à pied. Au-dessus, la Suite Kruger, un bel espace de 70m2, occupe tout l’étage et donne accès à une petite terrasse sur le toit depuis laquelle on peut profiter, entre les grands arbres, de la vue sur le lac, dominé par les Alpes françaises.

Un ensemble enveloppant, douillet, pour une luxueuse maison de famille, pourtant “souvent, les hôtes de passage se croient dans un musée”, sourit Philippe. Et c’est un peu vrai. Car malgré les années et les différentes vies de la bâtisse, la chambre du Président sud-africain, au rez-de-chaussée, a été conservée en l’état, avec sa lourde bible recouverte de cuir, posée sur le lit. Histoire de faire un saut dans le temps avant de plonger dans le Léman.

 

+d’infos : http://villa-kruger.com

 

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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