en bourgogne : le château de villersexel

27 Oct 2016

château d’hôtes

Le château de Villersexel déborde d’histoires. Et celle de son propriétaire reste sans doute la plus étonnante. Attention, caractère trempé !

La vie de Jean-Pierre Potet pourrait être un roman. Adepte des décisions franches, de celles qui bouleversent radicalement une trajectoire, le châtelain de Villersexel reçoit sous les hauteurs vertigineuses d’un salon démesuré. Il sert le café, il prend son temps. Ménage ses effets. Il imite parfois Pierre Lazareff, Marcel Dassault, s’empare de l’accent snob d’une dame de la haute-bourgeoisie pour raconter une anecdote. En s’installant à Villersexel, Jean-Pierre Potet a bouleversé une vie de médias et de célébrités. Et il ne l’a jamais regretté.

PARIS PERDU, PARI GAGNÉ

1976, Jean-Pierre Potet vit sur une péniche face à la tour Eiffel. Il dirige l’Ecole des Attachés de Presse (aujourd’hui EFAP) qu’il a fondée avec Denis Huisman. Tout en faisant de la réinsertion pour les enfants des quartiers difficiles. Le Parisien fréquente le gratin de l’époque. Léon Zitrone, Philippe Bouvard, Serge Lama et les autres. Parallèlement, il cherche un lieu pour accueillir les adolescents, un lieu loin de Paris, au calme, en pleine nature. Et quand il visite l’immense château de Villersexel, il tombe amoureux de son emplacement et de son histoire : “Il était unique !”, s’enthousiasme le châtelain. “A sa construction, au 19ème siècle, c’était le château le plus moderne de France. Eiffel et Garnier étaient intervenus dans son architecture, il y avait le chauffage central, des toilettes… La famille De Gramont, à qui il appartenait, s’en était débarrassé parce qu’il était trop lourd à gérer”.

La ville, la région et l’état se désintéressent de ce gros vaisseau d’une centaine de pièces. Il est quasiment donné. En revanche, les 30 hectares et les 5 bâtiments adjacents sont au prix fort. Qu’importe. Jean-Pierre Potet refuse de démanteler la propriété. Il achète le tout et se souvient parfaitement des sentiments qui le bouleversent alors : “Quand je me suis retrouvé devant le château, dans ce parc, je me suis dis : « C’est ici que je veux mourir ». Et j’ai quitté Paris !”

Vous savez, c’est une bonne maison. Et je crois qu’elle m’est reconnaissante de ce que j’ai fait, qu’elle considérerait mon départ comme une trahison.

ÉCHANGE ROLLS ROYCE CONTRE COMMODE

Les 3 étages du château sont totalement vides. Pillés après la Seconde guerre mondiale, il ne reste rien. Le nouveau propriétaire pourrait le meubler à son goût. Mais en trouvant d’anciennes cartes postales révélant sa splendeur passée, il commence une chasse au trésor : “J’ai fait des copies de ces cartes postales et je les ai données aux antiquaires et aux commissaires priseurs de la région. Chaque fois qu’un meuble apparaissait, ils m’appelaient !” Jean-Pierre Potet veut récréer Villersexel à l’identique. Lui rendre son lustre et son histoire, quand il accueillait le marquis de La Fayette, le frère du tsar Nicolas II ou le maréchal Foch. Et quand son projet de réinsertion capote, il n’abandonne pas le bâtiment. Il trouve une autre solution, ouvre ses chambres d’hôtes pour poursuivre sa quête aux morceaux d’âme du château.

Il possède quelques terrains autour de la capitale, collectionne les belles voitures, roule en Rolls Royce. Et peu à peu, il revend tout pour le meubler et l’entretenir. 4 décennies de traque, de pistage, de course à l’authentique. Il éclate de rire : “J’aurais peut-être mieux fait d’acheter de la moutarde !”. Une moutarde qui lui monte parfois au nez quand on l’assimile à un riche châtelain en villégiature : “Une vieille tradition française considère que le fait de posséder un château signifie la fortune. Rien n’est moins vrai. Nous n’avons plus d’argent ! L’hiver dernier, nous avons brûlé 120 stères de bois ! Rajoutez les assurances, les impôts, l’entretien du parc et des bâtiments…”

ROCK AU CHATEAU

Jean-Pierre Potet n’a jamais regretté son achat. Mais il se fixe aujourd’hui un ultimatum : “J’ai fait un marché avec Basin-Jules, mon fils, qui s’occupe du château depuis janvier. Si les comptes sont équilibrés en décembre, nous restons. Sinon, je prendrai mes livres et j’irai au bord de la mer. Mais ça ne sera pas un choix. Vous savez, c’est une bonne maison. Et je crois qu’elle m’est reconnaissante de ce que j’ai fait, qu’elle considérerait mon départ comme une trahison. D’autant que les chambres d’hôtes me donnent beaucoup de plaisir. Communiquer avec ces gens de tous horizons me ravit, c’est ma consolation dans cette solitude !”

A 23 ans, Basin-Jules n’a pas l’intention de jeter l’éponge : “Papa a faire revivre le château, moi je veux le faire vivre. Lui rendre sa vocation. Ce n’est pas un boulet, c’est un outil en or !”. Outre les chambres d’hôtes, il invite l’horreur au château pour la nuit d’Halloween. Les propriétaires attendent une vingtaine de personnes, il en vient 150. Toute la famille se prête au jeu, la maman de Basin-Jules se fait égorger sur son lit d’aristocrate, on mange des yeux dans les cuisines. A Pâques, la chasse aux œufs draine 2000 visiteurs. Jean-Pierre Potet se lie avec Francis Décamps, leader du groupe Ange, pour créer « Rock au château ». Le festival de rock progressif attire 3000 spectateurs chevelus, maquillés, alternatifs. Un choc des cultures flamboyant. Etroitement mêlé à celui de son châtelain, le roman du château de Villersexel réserve encore bien des chapitres.

+ d’infos :
www.villersexel.com
A partir de 150 euros la nuit

© Jean-Jacques Zumkeller

Pascale Godin

Pascale Godin

Journaliste
SURNOM: Ficelle ou Momotte. PERSONNAGE DE FICTION: les frères Bogdanov. OBJET FETICHE: mon premier stylo plume. ADAGE: le temps passe et les œufs durs. JE GARDE: mes cicatrices. J'ECHANGE: échange fesses concaves contre fesses convexes. DANS 20 ANS? Déambuler à Honolulu. Ou Honolulu en déambulateur.

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