en bourgogne : les cabanes des grands lacs

29 Oct 2016

des cabanes pour débrancher

Les cabanes des grands lacs boostent la franche-comté. En titillant nos rêves d’enfants perchés, Gaspard de Moustier développe l’économie locale et étend son modèle à d’autres régions.

La mienne s’appelle Murmures. Elle résonne de bruissements d’ailes, des chutes infimes de gouttes de pluie, d’un pas d’oiseau sur le toit.

Elle craque, aussi. Enroulée autour d’un chêne, à 7 mètres du sol, Murmures abrite la magie des grands arbres. En immersion végétale, sans eau, sans électricité. Sur les lacs, des maisons de hobbits rondouillardes flottent comme de petits bouchons. Le pari de Gaspard de Moustier n’était pas gagné, mais aujourd’hui, il dépasse toutes ses espérances. Silence, ça pousse.

OPTIMISER LE DOMAINE FAMILIAL

Gaspard de Moustier n’est pas un doux rêveur. Malgré son allure juvénile, son grand sourire éclatant, ses boucles brunes et sa barbe de hipster à la cool, il sait parfaitement ce qu’il veut. Et où il va. En 2008, il étudie la finance à Paris. Tout en réfléchissant à un projet pour les 150 hectares que sa famille possède en Franche-Comté : “L’ensemble du domaine était un grand parc doté de 5 lacs, sur lequel les gens pouvaient se balader. Mon père avait créé un camping sur 20 hectares et mon oncle gérait une base de loisirs qu’il ne voulait pas vraiment développer. C’est un philosophe jardinier, mon oncle !”, ajoute-t-il en riant. L’étudiant ne philosophe pas, il veut optimiser le domaine. Le faire vivre autrement sans le dénaturer. A l’époque, un tourisme alternatif germe un peu partout, un tourisme de nuits insolites, expérientielles, à base de yourtes et de cabanes. Et quand il découvre celles de l’entreprise « La Cabane en l’Air », Gaspard sait qu’il tient son projet.

LA FRANCHE-COMTÉ, C’EST OÙ ?

Pas facile de faire passer l’idée. Autour de lui, l’étudiant rencontre un scepticisme amusé. Au mieux. Au pire ? Un dédain condescendant : “On me disait : des cabanes en Franche-Comté ? Sérieux ? Mais on ne sait même pas où c’est!” Justement. Le jeune entrepreneur ne cherche pas seulement à optimiser un domaine, il veut aussi sortir la Franche-Comté de son anonymat : “Si l’on développe ce type d’hébergement, nous attirons les touristes. Et c’est forcément bon pour l’économie locale”. Le projet séduit la région, le département et le FEDER (fonds européens). Les Cabanes des Grands Lacs reçoivent 400 000 euros pour construire 8 premiers hébergements dans les arbres. Sur le papier, tout paraît facile. Mais il faut malgré tout se battre pour que le projet vive. Prouver que les cabanes n’auront pas d’impact négatif sur l’environnement : “Les élus voulaient que ça se fasse, le projet cochait toutes les cases d’un point de vue économie locale. Nous pouvions créer des emplois tout en respectant la nature. Mais à l’époque, les services de l’état ne savaient pas comment traiter le dossier, c’était compliqué. Nous nous sommes battus.” Sans vis, sans clous, sans eau ni électricité, tous équipés de toilettes sèches, les nids perchés séduisent. Et Gaspard crée son premier emploi. Un poste à tout faire, multi-tâche, un couteau suisse capable de gérer l’accueil, la gestion, capable de bricoler et de nettoyer, pendant qu’il se partage entre ses études et son projet. Marie Mesnier devient son bras droit.

J’étais à Paris, devant mon planning vide. J’ai reçu un coup de fil me demandant si j’avais de la place. A l’intérieur, j’étais comme fou ! J’avais enfin une case rouge au milieu d’une page verte !

UN PROJET BIEN PERCHÉ…

Gaspard n’a pas l’intention de plaquer la finance. Il veut juste s’accorder 2 ou 3 ans pour mener le projet à terme. Il a 22 ans, l’esprit qui va avec : “J’étais à Paris les jeudis, vendredis et samedis et le reste du temps aux cabanes. On n’avait pas d’eau dans la cuisine, on allait chercher des bidons pour préparer le café, c’était vraiment rudimentaire ! Nous étions partout. Débroussaillage, défrichage, nettoyage des cabanes, on bossait comme des fous furieux !”

Sa première réservation, il s’en souvient encore : “J’étais à Paris, devant mon planning vide. J’ai reçu un coup de fil me demandant si j’avais de la place. A l’intérieur, j’étais comme fou ! J’avais enfin une case rouge au milieu d’une page verte !” D’autres réservations suivent, la presse locale relaie. Et dès la seconde année d’exploitation, la saison d’été affiche complet. En 2011, Gaspard et Marie développent leurs premiers prototypes de cabanes flottantes. Et le duo pérennise des partenariats avec les producteurs locaux : “Nous nous appuyons sur eux pour créer un éco système, ce sont de petites graines importantes pour la région”, précise-t-il.

… ET UN ENTREPRENEUR BRANCHÉ

Aujourd’hui, Gaspard ne pense plus à la finance. Il a dupliqué son modèle dans l’Oise, sur le territoire de Belfort et dans le sud de la France. Il emploie 26 personnes, probablement une quarantaine d’ici l’année prochaine. Et reste surpris du succès fulgurant de ses cabanes : “si nous avions su quelle ampleur cela prendrait, je pense que nous ne l’aurions pas fait ! Mais aujourd’hui, on pourrait me proposer n’importe quel job, à n’importe quel salaire, je ne le prendrais pour rien au monde !” Avec son projet perché, Gaspard de Moustier est devenu un entrepreneur branché..

+ d’infos :
www.cabanesdesgrandslacs.com
A partir de 140 euros la nuit

Pascale Godin

Pascale Godin

Journaliste
SURNOM: Ficelle ou Momotte. PERSONNAGE DE FICTION: les frères Bogdanov. OBJET FETICHE: mon premier stylo plume. ADAGE: le temps passe et les œufs durs. JE GARDE: mes cicatrices. J'ECHANGE: échange fesses concaves contre fesses convexes. DANS 20 ANS? Déambuler à Honolulu. Ou Honolulu en déambulateur.

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