rocky n’roll
Aux Houches, à un jet de pierres du toit de l’Europe et du luxe des établissements qui fleurissent à ses pieds, le Rocky Pop fait le pari d’une hôtellerie de montagne économique sans être cheap, festive, acidulée, décontractée et décomplexée.
Du fun, du fun, et encore du fun. Il faut vraiment avoir les yeux dans les chaussettes pour passer à côté du message «We will Rocky Pop You», en franchissant l’entrée ampoulée comme une façade de cinéma américain.
Mais si c’était le cas, dans le rôle des lobby boys, C-3PO et R2-D2 sont là pour le rappeler : on est ici pour s’amuser. “Quand on vient passer des vacances ici, il FAUT que ce soit fun”, insiste Romain Trollet, Directeur Général du Groupe Assas Hotels, à l’origine du projet, “mais on est sur des plaisirs simples, dans l’esprit d’une partie de pétanque autour d’une bouteille de rosé dans le Sud de la France. Nous avons donc choisi de ne pas proposer de spa, mais plutôt de grandes zones communes, conviviales et des espaces de jeux”. Dans le patio Est, donc, boulodrome, baby-foot et lampions ; côté Ouest, table de ping-pong et écran géant… le Côtes de Provence, lui, est au frais.
ROCK THE PRICE
Ancien élève de l’EHL, actuel dirigeant du 4*** l’Héliopic, à 37 ans, Romain Trollet veut insuffler pep’s et festivité à l’hôtellerie chamoniarde. “Depuis une dizaine d’années, on assiste à une montée en gamme généralisée, constate-t-il, et les prix s’envolent, indexés sur ceux de l’immobilier dans la vallée, or le pouvoir d’achat n’a pas suivi. On a une clientèle diverse, de la caravane au 5 étoiles, des gens qui viennent voir le Mont-Blanc et faire de l’alpinisme. Il y a donc un décalage entre l’offre et la demande, mais on ne s’en rend compte que plusieurs années après, car les gens ne le disent pas, simplement ils ne reviennent pas. Fort de ce constat, nous avons donc essayé de faire une hôtellerie plus économique, et sympathique aussi.”
Cap sur Les Houches, donc, à quelques kilomètres du centre névralgique et du pied des pistes, pour trouver un terrain à portée d’investissements et faire sortir de terre un bâtiment tout neuf. En décembre 2016, entre les guirlandes et les illuminations de Noël, l’enseigne du Rocky Pop clignote.
ROCK THE STYLE
Dans les chambres, du bois, mais scandinave. Des imprimés, mais pas de poyas. Pas l’ombre d’un cœur non plus, mais du rouge par touche, ce rouge des pulls moniteurs, des éditions chamoniardes Guérin, des cordes d’escalade… un rouge qui se fait fil conducteur d’une pièce à l’autre, auquel sont suspendus les luminaires, qui sécurise les escaliers, qui se «tartanise» en moquette… Bref, on est à la montagne, mais on n’y est pas.
Non, on est dans un univers plutôt graphique, sobre, dans lequel lampes, téléphones, éléments de déco pop, ludiques – et souvent rouges eux aussi -, se détachent comme autant d’appels au jeu. Car les codes sont ceux d’une chambre d’enfants, et c’est flagrant dans les mezzanines : petits espaces, peu de hauteur sous plafond, échelles et esprit cabane. Idem dans les salles de bain, avec leur carrelage blanc ou damier et leur ambiance rubik’s cubique.
Et parce qu’on vient rarement s’amuser seul, parce que le jeu appelle la tribu, deux «penthouses» encouragent l’esprit d’équipe et accueillent les petits collectifs, familiaux ou amicaux. Des lits superposés, un salon pour se retrouver et un petit coin cuisine aménagé, la convivialité d’un refuge, le design et le confort en plus. Et toujours ce rouge, sur les tabourets ou les arêtes du canapé.
ROCK THE QUADRA
“On a voulu jouer la carte du décalage”, explique Leslie Gauthier, qui a signé la décoration intérieure, “pour proposer un ensemble ludique mais cosy, avec une signalétique néon dans les couloirs noirs par exemple, sur une moquette réhaussée par les Space Invaders rouges ou avec, également, le labyrinthe Pacman en fil électrique au-dessus du réfectoire.”
Toi qui est né à la fin des années 70, ton cerveau tilte comme un bon vieux jeu d’arcade à la lecture de ces noms familiers exhumés du passé. Et ça tombe bien, quadra nostalgique, car c’est bien toi qui est visé et voilà ta madeleine de Proust servie sur un plateau, sans pour autant te gaver de Casimir ou Dorothée ! Et vu la taille du bar, on a apparemment compris que tes plaisirs avaient évolué depuis que tu avais atteint le mojit… la mojat… la majorité, quoi.
+ d’infos :
rockypop-chamonix.com
Photos : Fabrice Rambert