carnet de voyages – mongolie

17 Juil 2019

nomade no maître…

Passer 6 mois en Mongolie dans 5 familles différentes, seul,
 sans caméra ni interprète… Serait-ce le pitch de la énième saison de « voyage en terre inconnue »? Eh bien non. Lui s’appelle Patrick Dolbeau et son but était de vivre le quotidien des mongols
 en immersion totale, 24 heures par jour! Décalé, non? Frédéric Lopez va en faire un urticaire géant…

Patrick Dolbeau

Imaginez-vous débarquant à Bayamkhongor, dans le désert de Gobi au sud de la Mongolie, saluant votre hôte et sa femme qui vont partager avec vous leur yourte de 10m2 durant un mois. Patrick l’a fait, muni de son sac de couchage et de quelques mots d’usage, sans connaître ni les codes ni les coutumes, il doit s’habituer à tout : la nourriture, le logement, la chaleur et le travail. Les journées sont passionnantes, mais harassantes : “Je suis arrivé au moment de la tonte des chameaux. Et je ne voulais pas passer pour un con!” 

Alors il apprend à les attraper au lasso, à les faire tomber, leur attacher les pattes, puis couper, presque ras la peau, leur poil très fin avec des ciseaux chinois de mauvaise qualité aux anses trop larges qui blessent les doigts. Le challenge est de taille. C’est le plus gros troupeau de la région : 1500 chameaux et 1000 moutons! Patrick se retrouve même un jour à leur tête en plein désert pour changer de pâture – il a appris à monter à cheval en 3 jours, des ampoules plein les fesses et les pieds touchant presque le sol – avec une seule consigne : tu vas dans cette direction… “C’était extraordinaire! Pas de points de repères, l’impression de mener l’Arche de Noé”.

Leçons de vie à la dure…

C’est aussi une belle expérience humaine. Son hôte est un homme très simple, bien que riche, généreux, fournissant nourriture et vodka aux hommes, payant l’école pour les enfants, sans rien demander en retour. Il finance également des canaux d’irrigation et une ferme de production de légumes afin que d’autres familles puissent mieux vivre.“J’ai découvert l’importance de la famille en voyant ses filles prendre un mois de vacances pour participer à la tonte, bien que l’une soit directrice de banque et l’autre pharmacienne à la capitale.” Et ses souvenirs de remonter à la surface en pagaille: après un gros orage, la végétation se met à pousser quasiment à l’œil nu et le paysage aride devient vert en quelques heures, ou cette fois où, en pleine nuit, 2 roues du 4X4 crèvent et qu’ils les réparent en glissant un morceau de bouteille de Coca entre le pneu et la chambre à air, puis regonflent le tout à l’aide d’une pompe à vélo! “C’est leur quotidien, ils réfléchissent et trouvent toujours une solution”.

Ils sont surtout très loin des contingences de la modernité: “Eux vivent pour vivre, pour assurer leurs besoins fondamentaux.” Le reste… “Ils ne savent pas où est l’Europe. D’ailleurs, ils pensaient que les Français habitent dans des yourtes. J’avais honte, car eux sont à 6 dans 10m2, un poêle au milieu, on dort par terre, juste un coin cuisine, c’est la préhistoire…

Que diable est-il venu faire dans cette galère ? 

Pourtant, c’est bien ça qu’il cherche, Patrick : “La vie moderne va trop vite. Je voulais tester une existence comme à l’origine ! J’ai vu que la Mongolie était un des pays où l’on vivait le plus en retard”. Mais alors, c’est quoi le déclencheur ?

Sa vie bascule à 38 ans avec la maladie, une hépatite C, gros problème au foie. “Il te reste 3 mois”. Lui, cadre hyperactif chez un grand du luxe, jonglant avec les 5 continents, doit se soigner. “La vie, c’est comme un train, ça roule à 200 à l’heure, sauf que, quand tu es malade, tu tombes du train et tout le monde t’oublie”. 3 ans de traitement, puis il arrête de travailler en 2006. Passe 3 ans à Lyon, s’y ennuie et décide de venir habiter à Saint-Gervais, dans le chalet du grand-père. “Soit je faisais du social et du sport, soit je regardais les Feux de l’Amour et comme je n’avais pas vu les 5000 premiers épisodes, j’ai choisi de bouger!”.

C’est en rencontrant Charles Hedrich, l’aventurier local aux fabuleux exploits sportifs, que le déclic se fait: “Si lui y arrive, je dois pouvoir, moi aussi”. En 2015, il le suit pour une traversée du Désert d’Atacama, en totale autonomie, 1300 km dans le désert le plus haut et plus aride du monde! “C’est une question de volonté, de mental. Moi, je ne le fais pas pour la performance, mais pour rencontrer les gens et me prouver que je n’ai peur de rien”. Il y prend goût et enchaîne, entre autres, la Rivière gelée du Zanskar et la traversée du Groenland d’Ouest en Est. Et puis ces fameux 6 mois en Mongolie entre juin et novembre : “C’est une vie inimaginable pour nous, ça remet les idées en place. Dans notre société d’abondance, on se plaint en permanence. Là-bas, ils ne possèdent pas grand-chose et pourtant leur existence a un sens!

La petite yourte au fond de la prairie

Patrick va ainsi changer de famille tous les mois, parcourant ce pays 3 fois grand comme la France pour 3 millions d’habitants, dont la moitié vit dans la capitale. Les expériences seront toutes différentes. Ainsi, dans le nord, chez des éleveurs de rennes et de yacks, il apprend à faire du fromage et aide son hôtesse pour les tâches ménagères, ce qui n’est pas le genre de la maison! 

La femme, là-bas, est une esclave : elle est la première levée à cinq heures, elle allume le feu, sort vérifier que le troupeau va bien, prépare les 2 repas : le thé au beurre salé le matin et la viande bouillie pour le soir. Ensuite elle va trimer toute la journée, traire les bêtes, gérer les enfants, travailler le cuir de mouton ou couper le foin. Elle n’a pas le droit de s’éloigner de la yourte.” 

Alors que l’homme, lui, vaque à ses occupations, va voir ses voisins pour discuter et pratiquer le sport ou fléau national, se saouler à la vodka : “Les hommes y passent leur temps et leur argent, c’est facilement 2 litres par jour et ça fait 75°!

Dans chaque famille, il fait tout comme eux : marcher 10 km pour ramener 2 bidons de 20 litres d’eau trouble -“Impropre à la consommation, pourtant je n’ai jamais été malade” – ramasser chaque jour, pour le poêle, 2 grands sacs de bouses sèches, 1 pour la journée, et 1 stocké pour l’hiver aux températures allant jusqu’à -50°, égorger un animal, couper l’herbe de 10 cm avec une serpette – “il faut être patient pour faire une botte” – emmener pâturer le troupeau de 500 moutons : “les enfants le font tout seul à partir de 5 ans”. Il se lave toutes les 3 semaines – “avec l’eau sale de la rivière”, apprend à démonter et remonter la yourte en 3 heures : “il faut implanter les meubles avant, et chacun sait ce qu’il a à faire”.

Il partage aussi les fêtes rituelles, assiste aux tournois de lutte – “drôle quand ils sont bourrés” – à une séance de soins par un chaman en transes : “très impressionnant”, et le summum : il emmène sur son poing un aigle pour chasser – “fascinant, tu sens battre son cœur, tu le caresses, le bruit des ailes est majestueux, puis il fond sur sa proie! Inoubliable!

Ces gens vivent en autarcie complète, pas d’électricité, pas de téléphone, ils n’ont rien, pas de médecin, pas de commerces, ils font du troc, leurs moutons, leurs chameaux ou leurs rennes sont leurs seules richesses : “Si on a besoin de viande? On tue une bête, on mange tout, sauf les yeux. Au début, j’étais un peu difficile sur les morceaux, mais après, quand t’as faim…”.

Des moments pas si faciles pour lui : se nourrir d’un bol par jour d’eau, de farine et de mouton bouilli : “J’ai perdu 18 kg, mais le corps s’habitue et rentrer aurait été un échec et puis je n’allais pas me plaindre!”. La rudesse de leurs journées fait qu’ils sont usés, et à 50 ans, ils en paraissent 90. “En Mongolie, quand tu meurs la famille dépose ton corps à même le sol à 200 m de la yourte, aux bons soins des animaux qui le dévorent.

Au final, qu’est-il venu chercher? “Un monde plus sensé, plus pensé, ils ne courent pas après le temps. Ce qui se passe dans leur pays ? Ils l’apprennent par le bouche-à-oreille, par l’étranger à qui on offre un bol de thé au lait, leur hospitalité est incroyable. On se sourit et chacun repart. Et en stop, la première voiture s’arrête.”

Fin de séjour où Patrick tourne Kazak

Séquence émotion le jour de son départ, son hôtesse Kazak, qui appréciait son aide et sa présence, se jette dans ses bras en pleurant : “Elle m’a dit qu’en 1 mois, je lui avais dit plus de fois merci qu’elle n’en avait entendu en 40 ans.”

Puis il faut penser au retour, et rouler quelques jours dans le Transsibérien va lui permettre de se reconnecter avec le monde moderne : “avec regret, ces gens sont authentiques et vrais, leur cœur est si grand ! J’ai mûri !”. Retour à la civilisation.

Il lui faudra 3 semaines pour redormir dans son lit et 2 mois pour manger « normalement ». Le plaisir de retrouver les siens, et une nouvelle philosophie : “Je réfléchis avant d’acheter, je sais qu’il y a une solution à tout problème, que de l’autre côté de la montagne, il y a des choses à découvrir et surtout qu’il faut aller au bout de ses projets…” Et dans sa tête le chant magique et envoûtant du vent de la steppe!

+ d’infos : www.secret-planet.com
l’agence qui a aidé à la préparation de ce voyage

Frédéric Charpentier

Frédéric Charpentier

Chroniqueur
SURNOM: Fred. PERSONNAGE DE FICTION: le professeur Keating du «Cercle des poètes disparus». OBJET FETICHE: ma paire de running. ADAGE: Carpe Diem. JE GARDE: les yeux, les mains, la bouche. JE JETTE: quasi tout le reste. DANS 20 ANS? un esprit dans le vent.

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