christophe stramba-badiali en iran

2 Juin 2017

l’œil du cœur

Plus qu’un appareil photo, c’est un regard chargé d’humanité que le savoyard christophe stramba-badiali pose sur le monde. Voyageur et homme engagé, le photographe indépendant de 42 ans quête des images- témoignages entre périples isolés et zones de conflits. En iran, il a marché sur les traces du peuple kurde…

Christophe Stramba-Badiali

Activmag : Un zoom sur votre vie d’avant ?
Christophe Stramba-Badiali :
Je suis né en région parisienne où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 20 ans. J’étais alors un étudiant en commerce, rêveur… J’ai tout quitté pour venir aux Arcs. J’ai commencé comme saisonnier, puis suis devenu snowboarder professionnel, et me suis installé dans un chalet perdu dans la montagne. J’aime la solitude, particulièrement en voyage…

Quels sont vos objectifs lorsque vous partez ?
Voyager avec quelqu’un me dérange, ne m’intéresse pas. J’aime perdre mes repères, être en totale immersion, avoir la liberté de rencontrer des gens, d’aller chez eux, de partager leur quotidien. J’ai le voyage dans les gênes. C’est un besoin, si je ne voyage pas, il me manque quelque chose, j’ai besoin de me nourrir de ça. C’est aussi un moyen de me faire ma propre opinion du monde, de comprendre par moi-même comment il fonctionne. Je suis en quête d’authenticité. Comme dans l’ensemble de ma vie, je marche au feeling. Lorsque je me sens attiré par un endroit, j’y vais.

Comment avez-vous développé vos passions ?
J’ai commencé à voyager à 20 ans, principalement en Asie. Je suis venu à la photo quand ma mère et ma sœur m’ont offert un appareil dont j’ai appris à me servir en autodidacte. Je me suis particulièrement orienté vers le portrait lors de l’année que j’ai passée dans l’Himalaya indien. J’y ai rencontré des gens avec des regards incroyables que j’ai eu envie de capturer. J’aime capter ce qu’est la personne à un instant T. Il se passe toujours quelque chose entre le photographe et le modèle. La personne photographiée vous donne à comprendre ce qu’elle ressent. On peut cerner la vie de quelqu’un juste par son regard.

portrait d’un homme kurde aux yeux bleus du village de Palangan, Iran

Qu’est-ce qui vous a donné de la profondeur de champ ?
Au début, je ne faisais que voyager. Et j’ai fini par me dire que je n’étais finalement rien de plus qu’un spectateur. En 2009, je me suis engagé dans l’humanitaire, en tant que logisticien pour Médecins Sans Frontières (ma compagne y travaille en tant qu’anthropologue). Je suis allé au Niger, en Haïti, au Tchad, en République du Congo. Ça m’a donné un autre regard sur le monde. Et ça m’a éprouvé… J’ai arrêté en 2011 et suis devenu photographe indépendant. Mais je continue l’engagement sur des sujets qui me tiennent à cœur, qui m’émeuvent. Je garde cette base du voyage pour comprendre, témoigner, dénoncer. J’aime les zones réputées un peu compliquées parce qu’on ne parle pas assez des gens qui y sont.

Taha est l’un des rares Kurdes à être bodybuildeur professionnel. Il tient cette petite salle depuis quelques années. Il s’entraîne 1 à 2 heures tous les jours.

Quels sont ceux qui vous font particulièrement flasher ?
J’ai eu un coup de foudre pour les Syriens, un peuple d’une grande culture et richesse intérieure. Et j’ai décidé de travailler sur les réfugiés. J’ai suivi quatre Syriens âgés de 25 à 32 ans dans leur périple entre Istanbul et l’Allemagne, entre 2014 et 2016. Autant de moments pour comprendre leur vécu, leurs désirs, ce à quoi ils sont exposés. En 2015, j’ai passé 40 jours en Méditerranée sur un bateau MSF. Dans le cadre de ce reportage, l’organisation m’avait mandaté pour collecter les histoires des gens et comprendre les raisons de la migration. Ce fût vraiment très éprouvant. J’ai tellement entendu d’histoires horribles : tortures, viols, etc… Je n’étais pas préparé à une réalité si dure et j’y ai perdu un peu de ma foi en l’humanité. Nous sommes en 2017 et j’ai honte de voir la souffrance de ces personnes, la façon dont on les a déshumanisées, dont on les condamne.

Pourquoi mettre en lumière le Kurdistan iranien ?
J’ai toujours rêvé de la Perse mythique. J’ai beaucoup lu sur le Kurdistan qui s’étend à la fois en Turquie, Syrie, Irak, Iran et j’ai voulu voir directement la réalité de cette «nation sans état». Les Kurdes sont une minorité ethnique qui est brimée partout. Ils constituent un même peuple, mais avec quatre histoires. J’ai envie d’observer et de raconter ces différences.

Paysage montagneux de la vallée de Howraman située dans le Kurdistan iranien près de la frontière avec l’Irak.

Vous nous plantez le décor ?
En 2013, j’ai fait 28 heures de bus pour traverser toute la Turquie jusqu’à Dogubayazıt, une zone kurde à 35 km de la frontière. J’ai ensuite pris un taxi pour aller à Maku, en Iran. Située à près de 1500 m d’altitude, cette ville offre une ambiance très différente par rapport à la Turquie. C’est un endroit calme où on ressent de l’ordre, où les femmes sont voilées comme il est de rigueur en Iran. J’ai poursuivi jusqu’à Sanandaj, la capitale de la province iranienne du Kurdistan, une cité très urbanisée où j’ai rencontré par hasard Djabar. Je suis parti avec lui pendant un mois à la découverte de son pays. J’ai reçu un accueil fantastique chez toutes les familles rencontrées sur le chemin.

Un focus sur un lieu là-bas ?
La vallée de Howraman, une région montagneuse qui a souffert de la guerre Iran-Irak dans les années 80. J’y ai découvert des hommes incroyables, aux yeux très bleus, enturbannés et en habits traditionnels. Par leur assurance, ils m’ont rappelé les hommes de l’Himalaya. On les sent stables, ancrés dans la terre. Ils sont très différents des habitants de la capitale. Dans leurs villages à flanc de montagne, le toit de la maison est la terrasse de celle du dessus, ce qui favorise leur vie sociale. C’est aussi une zone hyper tendue pour les trafics en tous genres entre l’Iran et l’Irak. Lors d’une marche en pleine montagne, on a vécu un contrôle de police musclé. Ils m’avaient pris pour un espion irakien !

Panorama sur Palangan.
Maisons traditionnelles du village kurde de Palangan en Iran. Les toits des maisons servent de cour à celles situées au-dessus.

Vos projections pour l’avenir ?
Je continue à m’intéresser au peuple kurde et je vais retourner en Bulgarie poursuivre mes reportages sur la communauté Rom, la plus stigmatisée d’Europe. J’ai aussi le projet de m’installer six mois au Liban, où ma compagne travaille, pour couvrir la crise des réfugiés alentour. Et puis, je crois que je vais me tourner vers mon pays, il y a plein de choses à en dire. On peut partir à l’autre bout du monde et finalement se rendre compte qu’on ne connaît pas ses voisins…

+ d’infos : www.christophestramba-badiali.com

© Christophe Stramba-Badiali

Béatrice Meynier

Béatrice Meynier

Journaliste SURNOM: du classique Béa au moins conventionnel Chounie. PERSONNAGE DE FICTION: une héroïne qui se baladerait de roman en roman, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre... Sinon l’inventeur de la machine à miniaturisation de voiture pour la mettre dans mon sac à main au lieu de la garer (un vieux fantasme !) OBJET FETICHE: la bague offerte par mes parents pour mes 20 ans. ADAGE: positive attitude. JE GARDE: Raiponce: mes cheveux ! Et 2 ou 3 autres bricoles... JE JETTE: en combien de lignes ? DANS 20 ANS? tout est possible... presse@activmag.fr

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