olivier robert au japon

10 Juin 2017

au-delà du réel

Calme, sérénité, temps qui passe… Entre l’esquisse et la poésie, les photos d’Olivier Robert, architecte paysagiste basé à Messery, renvoient l’image pure, minimaliste, d’un Japon intemporel, en noir et blanc, dont il connaît les endroits les plus secrets.

Olivier Robert

Olivier Robert a littéralement grandi dans une chambre noire, auprès de son père photographe, artiste peintre, et de son fidèle Hasseblad, boîtier mythique des années 60. “J’ai donc une vision de mon enfance au format carré, 6×6, en noir et blanc”. Mais c’est sa mère qui lui offre son premier appareil à 15 ans, au moment exact où il s’imprègne, s’enivre, de culture asiatique. Arts martiaux, littérature, philosophie, en découvrant la Chine, il glisse inexorablement vers le lointain Japon, tout en photographiant les paysages plus proches qui l’entourent. Il se rêve reporter, mais la raison maternelle le ramène vers un diplôme moins «risqué» : il sera architecte paysagiste. Sans pour autant renoncer à aucune de ses passions.

ART DU DÉTAIL

Ce n’est que dans les années 90 qu’il foule enfin la terre de l’archipel aux 8650 îles, confronte ses fantasmes à la réalité. “Je m’attendais à être déçu, mais j’ai été 100% séduit, le pays correspondait absolument à l’image que je m’en faisais. Il a deux visages, une facette traditionnelle, culturelle et une autre moderne, avant-gardiste, dans un mélange très harmonieux. Et même si les Japonais tentent de minimiser l’impact de ce passé qu’ils considèrent comme un peu poussiéreux, néanmoins conscients que les étrangers viennent à Kyoto pour voir des temples traditionnels, ils entretiennent donc leurs lieux historiques avec beaucoup de moyens humains et financiers. C’est aussi un pays qui ne supporte pas l’imprévu, tout y est domestiqué, ce qui n’est pas maîtrisé ou assuré est une erreur, du coup, l’artisanat, l’architecture, la gastronomie, tout est léché, jusque dans le moindre détail. Ce qui est un peu perturbant par contre, c’est qu’ils sont concernés uniquement par le paysage immédiat. Dans les temples, par exemple, si on lève la tête, on est entouré de câbles électriques, d’immeubles, qui vous détournent du recueillement que l’on vient chercher. Je reste perplexe… Eux, si soucieux du détail, je me demande pourquoi ils ne se sont pas préoccupés de ça.”

J’ai réalisé que ce qui me marquait, c’était l’action de l’homme sur le paysage.

COUCHE SENSIBLE

Imprévu prévisible, son amour pour la culture nippone finit un jour par prendre forme humaine: il rencontre là-bas celle qui deviendra sa femme, Hisayo. Ensemble, ils parcourent le pays, immortalisent ses contrastes : Hokkaido dont les paysages évoquent la campagne anglaise, avec soudain, une incursion alpine, d’où l’on devine, par beau temps, les côtes russes ; San-In, les montagnes de l’ombre, région sinistrée pendant longtemps, dans un pays où tout ce qui est à l’ombre le matin est dénigré, et qui, du coup, reste très préservée aujourd’hui ; ou encore l’Ile de Kyushu, et la région de Nagasaki, culturellement foisonnante. Ils se passionnent particulièrement pour les lacs et continuent un travail entamé en Europe, sur les bords du Léman notamment.

“J’ai réalisé que ce qui me marquait, c’était l’action de l’homme sur le paysage. Alors que l’humain est absent de mes photos, que je ne l’ai jamais photographié, il est présent par son empreinte sur le paysage. Car finalement, quand on construit des éléments, comme des ponts de bois par exemple, et qu’ils tombent en désuétude avec le temps, on ne les démonte pas, on les laisse s’abîmer, et ça représente une vraie richesse esthétique.” L’univers d’Olivier Robert s’articule donc autour d’un concept que les Japonais ont élevé au rang d’art de vivre: wabi sabi. “Une esthétique par l’usure du temps, que l’homme n’a pas voulue”, un mélange de simplicité, de mélancolie, de patine naturelle des objets, célébrant la beauté des choses imparfaites.

TEMPS DE PAUSE

A force de sillonner l’archipel, Olivier Robert franchit de nombreuses montagnes, découvre des endroits sacrés et son regard finit par s’attarder sur la statuaire bouddhique. Dans ces lieux reculés, souvent atteints après plusieurs heures de marche, sur des voies de pèlerinage comme celle de Shikoku et ses 88 temples, il obtient petit à petit la confiance des moines. “Beaucoup demandent à ce qu’on ne photographie pas l’intérieur des temples. Non pas parce qu’ils imaginent qu’on veut voler une image, mais ils préfèrent garder la mainmise sur celle véhiculée de leur culte.” Recueillement, dépouillement, rapport distendu au temps et hyper-sensibilité paysagère, plus qu’une simple manière de regarder les choses, le minimalisme de ses photos reflète une philosophie. A l’image des artistes peintres du mouvement Sumi-e, le lavis japonais à l’encre de Chine que ses clichés évoquent au premier regard, c’est comme s’il méditait, maîtrisait ses émotions avant de les rendre sur pellicule. “J’utilise la technique de la pose longue. Du coup, les éléments en mouvement s’animent, ou arrivent à disparaître, mais les éléments statiques, comme l’eau, se figent, ce qui leur donne un aspect très cotonneux, comme une sorte de brouillard. Ce qui est intéressant avec cette technique, c’est la temporalité, car au- delà d’une certaine vitesse, on est dans une image que l’œil ne peut pas voir : on est au- delà du réel.”

+ d’infos : www.olivierrobert.net

photos : Olivier Robert

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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