benjamin rousse la vie designée

24 Fév 2017

Le vide à plein temps

Benjamin rousse cultive le plein et le vide. En se jouant des volumes, le lauréat du Lyon City Design libère sa tête pour remplir l’espace. Et vice versa. Ses créations oscillent entre l’art et la fonction, elles véhiculent une matière à réflexion modulable et ludique. On pense, donc, on suit !

Benjamin Rousse pose sur la table un petit bouquin souple. Noir et blanc, couverture minimaliste, « Culture du plein et du [vide] » est son mémoire de fin d’étude. Lao-Tseu, Galilée, Henri Moore et Giacometti y disputent le vide à Lars Von Triers, John Cage et Le Corbusier. Références multiples. Le jeune designer se faufile aujourd’hui hors les mailles tissées à l’école de Condé lyonnaise et aux Beaux-arts de St-Etienne. En fils de l’Art et de l’Utile, il sème ses projets colorés sur tout plein d’horizons. Et la récolte est prometteuse.

« LE DESIGN PEUT ÊTRE DE L’ART. PAS L’INVERSE »

Il se souvient clairement de l’origine de sa vocation. Une anecdote qui tire à Benjamin un sourire presque malicieux. Il a 5 ans. Assis à l’arrière de la voiture familiale, il se chamaille avec sa sœur. Elle a sur les genoux une petite boîte de maquillage, il s’empare du rouge à lèvres et esquisse une girafe sur le dossier du siège : “Je crois que ma passion pour le dessin vient de là. Je n’ai plus arrêté de crayonner depuis !” confie-t-il. La suite est classique, l’art fait désormais partie de sa vie. Mais il voit rapidement des limites aux 2 dimensions du trait : “Je suis passé de l’art au design parce que je voulais travailler des matériaux, en faire quelque chose d’utile et de fonctionnel. Le design peut être de l’art, mais pas l’inverse. Interpeler par l’intermédiaire d’un objet qui véhicule certaines valeurs est un défi passionnant. J’appartiens à un courant où le design est, aussi, un outil de réflexion”.

VIDER SON SAC…

On l’aura compris, Benjamin réfléchit beaucoup. Sur tout. Mais l’objet doit conserver son humour et sa poésie. Autour des notions de plein et de vide, il remplit les espaces, les dépouille. Comme une respiration. Le module de rangement « Trop Plein » en est emblématique. Conçu pour les vêtements, il se gonfle petit à petit : “C’est un objet rigolo, mais son langage est sous-jacent. Souvent, on entasse et on finit par étouffer. Trop Plein évolue avec la quantité qu’on lui impose et sa forme change. Au bout d’un moment, il est temps de vider son sac ! ”. Simple et évident. Aussi évident que « casser » une assiette, entamer son bord et lui donner un angle plat pour gagner de la place sur les tables de bistrot trop petites “parce qu’en fin de compte, tout le monde déplace toujours son verre”. Des réflexions du quotidien que Benjamin développe, qui lui suggèrent la simplicité dont il aime dessiner les contours, pour “arriver à un juste milieu, qui ne soit pas trop pauvre, qui transmette quand même une émotion.” Et c’est le plus dur.

Le design peut être de l’art, mais pas l’inverse.

…ET JOUER LA MÉLODIE DE LA VIE

Vaisselle, textile, petit mobilier privé ou urbain… Benjamin n’est pas cloisonné dans un domaine particulier, il se laisse guider par la matière. Des rouleaux de gazon synthétiques pour des tabourets de bar, du plâtre qui se désagrège avec le temps pour une urne funéraire, du bois… Avec l’espace en pivot central, il s’amuse à moduler les volumes, à l’image des masses évidées et légères de son « Etag’aire » ou de sa console « Partition ». “Nous n’avons ni les mêmes besoins, ni les mêmes désirs, ni les mêmes rythmes aux différents moments de notre évolution et « Partition » suit ce mouvement. Elle reflète notre personnalité.” Comme le fait également le miroir « Perception », inspiré des tâches d’encre du psychodiagnostic : “je voulais une forme qui fasse réfléchir au positionnement de l’homme par rapport à son image, cet aspect psy m’a mené droit au test de Rorschach, j’ai donc pris une tâche de peinture travaillée en symétrie. L’intérêt, c’est qu’on peut l’agencer comme on veut, vis-à-vis ou dos-à-dos, et lorsqu’on rapproche totalement les deux miroirs, on met le vide en évidence…”

MAIN BASSE SUR LA VILLE

En 2012, lauréat du Lyon City Design, le Lyonnais colle son empreinte sur la cité qui l’a vu naître. Il apporte sa touche au paysage urbain, avec notamment, la création d’un banc-îlot, pensé comme un havre rêveur et décliné aujourd’hui, pour le particulier, en un îlot de trois cailloux : “C’est un espace d’évasion dont la forme galet s’intègre à la nature. Avec sa petite niche dans laquelle on peut venir déposer un objet, une lettre ou un livre, il devient lieu d’échange et de partage, d’exposition personnelle et universelle”. Simplicité, humour, poésie, en jouant sur nos émotions, Benjamin Rousse fait carton ple in. Evidemment.

+ d’infos : www.benjaminrousse.com

© Aline Perier

Pascale Godin

Pascale Godin

Journaliste
SURNOM: Ficelle ou Momotte. PERSONNAGE DE FICTION: les frères Bogdanov. OBJET FETICHE: mon premier stylo plume. ADAGE: le temps passe et les œufs durs. JE GARDE: mes cicatrices. J'ECHANGE: échange fesses concaves contre fesses convexes. DANS 20 ANS? Déambuler à Honolulu. Ou Honolulu en déambulateur.

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