light republic, l’éclairage par le recyclage

7 Avr 2017

brut de recyclage

Béton, acier, aluminium… Dans la république des lumières de Frédéric Saintpierre, toutes les matières naissent libres et égales en droit, surtout si on peut les récupérer. Et les éclairer. Lights Republic, c’est le manifeste de l’éclairage par le recyclage.

Frédéric Saintpierre a le sens du teasing. Pour nous faire découvrir ses lampes, il ne s’est pas contenté d’un communiqué. Il n’a pas non plus opté pour un long exposé. Non, il a choisi une de ses créations, a frappé à la porte de la rédaction, et l’a déposée, sans un mot, sans une explication. Il n’en fallait pas plus pour piquer notre curiosité, nous donner l’envie d’aller le débusquer, au fin fond de la campagne annécienne, dans un corps de ferme rénové en appart-atelier.

Dès l’entrée, le ton est donné, car c’est là que trône, l’originale, la version alpha : un abat- jour demi-lune en acier, posé sur un pied en béton d’où affleurent, comme des entrailles, des bandes métalliques. Brute, animale, sincère, c’est la première lampe réussie après avoir “raté, recommencé, démoulé trop tôt, puis trop tard, et avoir trouvé le bon équilibre entre l’axe et la densité du béton…”

ALLUME MIGNONNE

Tout a commencé il y deux ans. Décorateur d’intérieur de formation, Frédéric a ensuite eu plusieurs vies : identité visuelle d’une grande chaîne de magasins, agencement des rayons et des vitrines d’une emblématique enseigne britannique, ou encore comm’ et pub pour des concept-stores. Mais en 2015, il est revenu à ses premières amours et travaille à la décoration d’un restaurant lyonnais pour lequel il ne trouve pas de luminaires adéquats. Quand le propriétaire lui lance, comme une boutade, de les fabriquer lui-même, il s’électrise et part à la recherche de matériaux. Le courant passe, mais dans sa tête, c’est du fil d’aluminium, déchets de fabrication de poêles, qui fait office de filament. Agglomérées en « nids », ces bandes larges de moins d’un centimètre, traitées thermiquement, sont mates d’un côté, brillantes de l’autre, et flexibles. Il les tisse autour d’une structure métallique pour en faire de petits abat-jours laissant filtrer une lumière striée, comme griffée. Il les coule également dans des blocs de béton fibré (sans caillou), à l’allure veloutée, et les fait ressortir avant que l’ensemble n’ait séché. Il assortit le tout d’abat-jours en acier, qui s’oxydent légèrement “au contact de la peau, du gras des doigts ; j’aime l’idée que leurs acquéreurs pourront les customiser, se les approprier,” s’illumine-t-il. Lights Republic est née.

GUIDE DE LUMIÈRE

Ses amis, pourtant sans complaisance, le poussent alors à prendre un stand sur ID d’Art, à Annecy, puis à Lyon. “J’étais comme un ado, montrer son travail pour la première fois est une vraie prise de risque.” Mais le risque paie. “C’était de la folie ! Les gens voulaient acheter alors que je n’avais que des modèles de démonstration à disposition, je n’avais même pas la possibilité de faire de bons de commande ! Il fallait que je prenne le temps d’expliquer ma démarche, je me suis donc improvisé «guide». Certains ouvriers des usines où je m’approvisionne sont d’ailleurs venus me voir. A la base, ils ne comprenaient pas du tout ce que j’allais faire de leurs chutes, puis devant le produit fini, la matière anoblie, ils les ont considérées différemment.”

Je ne suis pas spécialement écolo, mais aujourd’hui, ça me paraît dingue de ne pas réutiliser de la matière déjà existante… j’aime le principe du matériau commun détourné. J’aime aussi les associations de malfaiteurs comme l’alliance du bois et l’acier.

ET LA LUMIÈRE SUT…

Sans rechercher un matériau en particulier, ce chineur éclairé, collectionneur de vieilles bécanes, motorisés ou non, attend donc LA rencontre : “ce sont les matériaux qui vont dicter ma démarche créative.” Il a une autre illumination devant des chambres à air de tracteur, en caoutchouc, qu’il fait piquer façon sellier pour des abat-jours opaques, ou tombe en amour pour de longues tiges bicolores de bois compressé, tendance mélaminé, dont on se demande bien d’où elles peuvent provenir… “Ce sont des chutes de panneaux séparateurs de vestiaires de piscine,” ses yeux pétillent d’espièglerie derrière de larges lunettes. “Je ne suis pas spécialement écolo, mais aujourd’hui, ça me paraît dingue de ne pas réutiliser de la matière déjà existante. C’est brut de décoffrage, j’ai l’impression de sortir d’un chantier, mes mains sont abîmées, mais j’aime le principe du matériau commun détourné. J’aime aussi les associations de malfaiteurs comme l’alliance du bois et l’acier : d’un côté la nature, les bûches que j’ai détaillées moi-même, agencées dans une structure métallique, industrielle, le rond/carré, chaud/froid, la matière qui absorbe la lumière contre celle qui la reflète…”

LIGHT IS ALL THAT MATTERS

S’il s’éclate comme un ado dans la création de luminaires, à 54 ans, Frédéric Saintpierre sait exactement où il en est : “je ne suis pas un génie, mais un travailleur. A ce stade de la vie, il faut savoir où on est bon, où on est mauvais, savoir ce qu’on veut.” Il tient donc à ce que ses lampes restent à la portée de ceux qui recherchent des objets différents sans avoir à débourser une fortune, privilégie un contact direct avec ses clients, ne cherche pas particulièrement à être édité, fuit le snobisme du monde du design et préfére tout à l’indifférence : “Je veux qu’on m’aime ou qu’on me déteste.”

+ d’infos : https://wtp124.wixsite.com/fred

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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