marlo & isaure

7 Avr 2017

exp’ éditeurs

Dans le design, on peut grandir ensemble. Marlo & Isaure en sont la preuve, qui se sont rencontrés à l’école, enfin l’Ecal, ont ensuite fait un label de leur prénom, pour, aujourd’hui, devenir éditeurs d’autres designers depuis la Marsa, en Tunisie, où ils se sont installés.

Quand Isaure Bouyssonie quitte les bancs de l’Ecole Cantonale d’Art de Lausanne, en 2012, elle a 22 ans. Marlo Kara, de deux ans son cadet, y est encore étudiant. Mais ensemble, ils conçoivent une première mini-collection : un tapis, deux tables basses et une série de miroirs, qui sera présentée au Design Days de Genève. Dès le départ, leurs talents convergent : “Nous sommes tous les deux designers, donc on dessine vraiment ensemble, tous les objets sont validés par nous deux”, précise Isaure. “Moi, je fais beaucoup de plans, lui aime dessiner à la main… On ne pratique pas de la même manière, mais on est raccord pour les goûts et les idées. Travailler avec quelqu’un n’est pas forcément facile, mais c’est nécessaire.” Sur le tas, ils apprennent ensuite la gestion, la logistique, la photo, deviennent multitâches… avec un certain succès : en 2014, ils enregistrent leurs premières commandes sur le salon Maison & Objets à Paris, puis leurs tables basses Circus sont sélectionnées par le Hay Talent Award au Danemark et plusieurs de leurs créations sont éditées par les galeries suisses Nov ou Mobilab, qui suivent de près les jeunes pousses locales.

INVITATION AU VOYAGE

“Mais on savait dès le début qu’on ne serait pas QUE designers. En plus, on connaissait déjà des artisans ici, on avait un réseau.” Et pas uniquement un réseau de production. Isaure a grandi en Tunisie. Sa famille, française, y est implantée depuis six générations, sa mère a créé une ligne de design et d’artisanat à Tunis, qu’elle gère avec une autre de ses filles, et la 3ème y est architecte. L’évidence s’impose. Lassés de faire des aller-retour au-dessus de la Méditerranée, le couple de créateurs charge donc sa voiture et décide de s’y installer, avec l’idée de faire le lien entre les savoir-faire locaux, traditionnels, et un design européen extrêmement moderne. Ils y invitent même d’autres designers, principalement des anciens de l’ECAL, à qui ils font rencontrer une technique ou un matériau. “Nous l’avons fait pour donner naissance à l’identité de la marque, mais finalement, créer selon les spécificités du pays les a beaucoup inspirés.” Pour Nicolas Lemoigne, cette collaboration donnera le miroir Sun, inspiré du martelage traditionnel du cuivre. Pour Julie Richoz, elle prend la forme d’un service de table en grès, « Water Lily ». Quant aux dessins des tatoueurs lausannois Happy Pets, transformés en broderie, ils viennent encanailler une série de coussins. Quel que soit la matière ou le procédé, l’influence méditerranéenne finit toujours par transpirer, même si elle n’était pas évidente sous le crayon. Comme pour ce set d’accessoires muraux, créé par Marlo & Isaure, qui n’avait rien d’oriental à l’origine, mais dont les couleurs et la céramique évoquent immédiatement la Turquie. “Ce n’est pas de la grosse industrie. On aime sentir la trace de la main sur l’objet, c’est le défaut qui lui donne du charme, qui parle plus qu’une série produite en Chine.”

CORRESPONDANCES

Récemment, Marlo et Isaure ont déniché un « beau lieu », à la Marsa, pour implanter un concept store dans lequel ils espèrent commercialiser leurs produits et mettre en valeur la scène locale tunisienne. “Tout ce qu’on a fait, on aurait pas pu le faire en Suisse ou en France, car il nous aurait fallu beaucoup de moyens. Ici, la capacité de production est plus abordable, à la fois dans les prix et dans la faisabilité.” Et pour l’inspiration ? “Quand je revenais en Tunisie épisodiquement, il suffisait d’une odeur, d’une couleur pour m’inspirer. Maintenant, c’est quand je retourne en Europe. Le changement stimule la créativité.”

+ d’infos : www.marloisaure.com

© Marlo & Isaure

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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