mathieu girel, sobriété, efficacité !

7 Avr 2017

ex machina

Matthieu Girel adule la machine, toutes les machines, les machines du passé, les machines du futur… Mais d’où vient ce goût étrange pour les standards industriels ?

« C’est après m’être engagé tant il aime la création « à la Suisse » : dans mes études d’art que j’ai appris que mon grand- père était ferronnier d’art, il travaillait le métal. Il a réalisé des pièces pour le Lido, a travaillé sur la coupole en fer forgé du Printemps parisien”. Dans la famille, on ne manque pas de fer !
A 18 ans, l’Orléanais immigre en Suisse où le design est plus pragmatique. Il ne renie pas la France, mais quand même… “En France, on a tendance à favoriser les belles lignes et la forme. On imagine des objets en 3D qui, au final, ne sont pas toujours réalisables. C’est l’objet qui doit s’adapter à la machine et non le contraire ”. Installé à Renens depuis la fin de ses études à l’ECAL lausannoise, il ne regrette pas son choix, “Ici, on travaille à partir de maquettes, c’est beaucoup plus concret”. L’esthétique industrielle, plus élémentaire, le botte et le pousse à construire des objets avec des géométries simples pour un résultat sobre et efficace.

DES FORMES SANS FIORITURES

“Il y a de la poésie dans la géométrie élémentaire, dans les formes épurées”, reconnaît celui qui rechignait autrefois à entrer en cours de maths. Sa première création, un banc intérieur en noyer, illustre parfaitement son goût pour cette géométrie simpliste : un banc rectangulaire, à angle cassé pour venir y reposer ses épaules, réalisé grâce à un usinage de précision en 3 dimensions, comparable à la sculpture numérique. Vous me suivez toujours ?

La série de plateau « Saga » est, quant à elle, née de son obsession pour les lignes concentriques. Les plateaux décoratifs circulaires sont réalisés par le céramiste Peter Fink ; de son côté, Matthieu conçoit l’outil qui créera les rainures du plat à partir d’un procédé qui valorise la technique artisanale du tournage.

Et l’obsession du cercle continue : son porte-manteau « Walt » en utilise toutes les variantes ; l’anneau sur lequel se repose la veste, le cylindre qui supporte la structure, le disque qui accueille les chaussures, des sphères qui servent de bras à la construction.

L’UNION FAIT LA FORCE

Son atelier, installé dans une ancienne usine, il le partage en open space avec d’autres créateurs. Un environnement sans cloisons, stimulant. “Ça apporte une vrai synergie”. Son projet à moyen terme : trouver son alter ego professionnel. Pour le moment, il se contente de collaborations régulières avec des artistes dans des domaines variés.

C’est comme ça qu’il a conçu des chaises de bureau et une étagère à base de tubes en inox pour un ensemble de bureau réalisé en équipe et sélectionné au Swiss Design Award. Ce projet personnel qui avait initialement pour but de meubler leur espace de travail sans le clôturer donne un mobilier modulable grâce à des pièces de connexion. Le rendu, très sobre, pourrait sembler impersonnel mais, pour Matthieu qui rechigne à créer en couleur, “c’est au propriétaire de se l’approprier et de l’habiller comme bon lui semble”. Il n’impose pas ses goûts et se voudrait plutôt universel. “Les couleurs sont liées aux tendances. En optant pour le noir et blanc, je choisis de rendre mes créations intemporelles”. Pour traverser le temps et l’espace ?

RETOUR VERS LE FUTUR

Même s’il ne veut pas se l’avouer, son goût pour les films de science-fiction influence plus d’une de ses créations. « Spettro », son porte-trombone en forme d’OVNI, aspire les trombones à l’aide d’un aimant. L’univers des galeries lui permet aussi d’expérimenter des projets futuristes purement esthétiques comme le masque « Anonymat » conçu en collaboration avec Joëlle Ashleman, spécialiste en technologies numériques. Ce projet répondait à la thématique « Je rêve de luxe» lancée par la Galerie Neuve à Genève. “Le luxe, dans notre société actuelle où nous sommes dépossédés de notre image et de nos données personnelles, c’est l’anonymat !”. Il conçoit, avec sa partenaire de jeu, un masque en plastique transparent qui permet de voir sans être vu, en y intégrant même un transformateur de voix.

Malgré un avant-gardisme certain, Matthieu reste nostalgique des objets du passé et d’un savoir-faire qu’il remet au goût du jour. La lampe « Ego » conçue sur le modèle des anciennes ampoules est un hommage à l’ampoule à incandescence coiffée d’une calotte argentée qu’il transforme en remplaçant l’ancien modèle à filament avec une ampoule Led. Un clin d’œil à l’industrie et aux techniques de production de l’époque.

« Alibi », ses mobiles en carton suspendus, sont inspirés par la structure des trous noirs et la distorsion spatio-temporelle, ça vous parle ? “Après avoir vu le film Interstellar, je me suis passionné pour les trous noirs et leur forme.” Les trois pièces réalisées en papier Canson se déplacent séparément, changeant constamment la forme globale.

Matthieu s’imagine, dans une dimension parallèle, créer des accessoires et plus seulement du mobilier ; comme des lunettes, qui peut-être permettront de lire l’avenir…

+ d’infos : www.matthieugirel.com

© Design Studio Renen

Sophie Parmantier

Sophie Parmantier

Journaliste
SURNOM: Léa. PERSONNAGE DE FICTION: Lois Lane. OBJET FETICHE: un Mala. ADAGE: everything happens for a reason. JE GARDE: mes oreilles recollées à 15 ans. JE JETTE: mon eczema. DANS 20 ANS? plus sage, moins lisse.

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