tassinari et chatel : l’étoffe des héros

17 Fév 2017

Profession de soie

How schoking ! La très classique manufacture Tassinari et Chatel se paie une nouvelle bobine, entre liaisons dangereuses et miami vice. Une nouvelle toile tissée. Appelée à régner, évidemment !

La maison a de l’étoffe. Fondée en 1680, Tassinari et Chatel est la manufacture la plus ancienne de Lyon. Fil rouge et or des demeures aristocratiques et des grandes architectures, elle est aussi l’une des plus prestigieuses. Louis XIV s’en amourache ? Elle berce de soieries le sommeil d’un Roi Soleil couchant. Et Napoléon la choisit pour redonner du lustre aux palais français dévastés par la révolution. Entre autres. Tassinari et Chatel, le tissu de l’Histoire. Un fond d’archives de 15 000 dessins et de plus de 100 000 documents, des commandes prestigieuses aux 4 coins de la planète. Et relocalisé dans son écrin d’origine, au cœur de la Croix Rousse, l’atelier à bras continue de tisser sa route à soie. On file ?

DU TEMPS POUR SOIE

Le claquement des métiers remplit l’espace, l’odeur du bois est omniprésente. Attentives, Maryvonne et Virginie actionnent à tour de bras de vastes machines aux allures d’orgues de barbarie. Qui intègrent parfois 1700 bobines différentes. Les 2 canuses sont les héritières de la tradition lyonnaise, elles tissent au fil du jour les brochés et les velours d’un palais, d’un yacht ou de l’intérieur d’un carrosse. 5 à 7 cm de production quotidienne. Un travail de patience. Physique, aussi. Il faut jouer des bras, des jambes et du corps, avoir du rythme : “Ce côté manuel est agréable, c’est passionnant de travailler sur d’anciens métiers, même si certaines journées sont plus difficiles que d’autres. Les gestes sont fatigants”, sourit Virginie Poulard. Un coup de son- nette signale le changement de couleur, pas question de se tromper. Le mètre de tissu vaut parfois plus de 5000 euros, il faut suivre le fil. Coûte que coûte.

Nous sommes à l’aise hors des sentiers battus !

Tassinari et Chatel reflète un art de vivre à la française. Une sorte d’image d’Epinal chatoyante, délicate et raffinée. Parfois clinquante aussi, les Grands peuvent avoir le lustre ampoulé. Qu’importe, la manufacture exporte. Un esprit que Carole Damour, responsable historique de la manufacture, décrit avec enthousiasme : “De Louis XIV à aujourd’hui, en passant par la création du style Empire et par les chantiers patrimoniaux historiques définis par la loi Malraux (1962), Tassinari et Chatel n’a jamais trahi l’exceptionnelle qualité de sa production. Nous sommes dans la haute couture du tissu d’ameublement !”. Cette personnalité unique vaut à l’atelier de la Croix Rousse les commandes les plus prestigieuses. Versailles, Fontainebleau, Chantilly, les palais royaux de Lisbonne et de Madrid, le Metropolitan de New-York, la signature s’immisce jusque dans les salons de la Maison Blanche et répond aux appels de sirènes extravagantes : “Une cliente a commandé un sac-bijou chez un joaillier de la place Vendôme – poursuit Carole Damour – Nous avons réalisé un petit motif de soierie pour en garnir l’intérieur. Nous pouvons répondre aux demandes les plus atypiques, comme pour cet avion dont nous avons habillé les sièges d’une aquarelle réinterprétée en soie ! Nous sommes à l’aise hors des sentiers battus”.

WARHOL AU 18ÈME SIÈCLE

Les apparences sont souvent trompeuses. Malgré son classicisme incontestable, la manufacture est avant-gardiste. Le style Empire, inventé pour elle par le dessinateur Percier, fut un tournant radical. Et les motifs créés pour les couturiers Worth, Lacroix ou Gaultier furent tout aussi détonants. C’est ainsi, Tassinari et Chatel brode sa tradition autour d’un paradoxe. La maison s’offre aussi la collaboration de l’orfèvre-joailler Jean Boggio. Enfant terrible, rêveur fantasque, le créateur en découd avec la tradition pour coudre un univers baroque et fantasmagorique : “Tassinari et Chatel, pour moi, c’était Versailles ! Ils sont venus me chercher pour marier le classique à ma fantaisie et nous nous sommes parfaitement accordés. Vous savez, la création ressemble à un rapport amoureux !” dit-il en éclatant de rire. “J’ai travaillé le figuratif en bicolore, tissu devant derrière, dans un principe à la Warhol. Mais qui pourrait dater du 18ème siècle !”. Jean Boggio remet 100 fois sur les métiers son ouvrage et tisse, avec les canuts de l’atelier, une atmosphère à la Pierre Loti parfumée à l’opium Saint Laurent. Et la maison éclabousse aujourd’hui d’un orient soyeux les murs d’un prestigieux hôtel de Miami. En étoffe rose schoking.

+ d’infos : www.tassinari-chatel.com

Pascale Godin

Pascale Godin

Journaliste
SURNOM: Ficelle ou Momotte. PERSONNAGE DE FICTION: les frères Bogdanov. OBJET FETICHE: mon premier stylo plume. ADAGE: le temps passe et les œufs durs. JE GARDE: mes cicatrices. J'ECHANGE: échange fesses concaves contre fesses convexes. DANS 20 ANS? Déambuler à Honolulu. Ou Honolulu en déambulateur.

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