non mais à l’eau quoi !
C’est vendredi. Premier jour d’automne, l’époque des réguls, des impôts et chaleureuses embrassades avec mon trésor. Si partout, les comptes sont dans le rouge, la température elle, est sévèrement en baisse. 8h40, moral assorti à l’éphéméride, je pars nager en eaux troubles, pourvu que je ne boive pas la tasse !
Faut pas se mettre la rate au court bouillon, question froid et indécence bancaire, ça peut toujours être pire… c’est bientôt Noël !
Pleine d’espoir, je dévale les marches d’étage en étage. Concentrée à regarder droit devant pour ne pas en rater une, je distingue la petite note discrète format A3, caractères gras et surlignée à l’excès, collée en plein milieu du hall de la copro’. J’avais délibérément eu la flemme de la lire ces jours-ci, trop familier peut-être : « relevé des compteurs d’eau chaude, vendredi 22 septembre, passage entre 10h ET 14h, PRESENCE OBLIGATOIRE. »
Hummm, il est 8H45, un peu d’ordre, de fermeté et de discipline, je sens que mon patron va adorer. Je suis un peu entre deux eaux, mais si je n’ai pas envie de passer l’hiver à sucer des glaçons, je n’ai pas vraiment le choix que de rester à attendre. Je sors ma plus belle plume et j’me jette à l’eau : “Monsieur, dans l’attente de me faire relever le compteur, je suis assignée à résidence par le service des eaux. Consciente de ma demande -injonctive- quelque peu hors délai, je vous autorise à me décompter un jour de congé sans solde. A lot of love and happy day ! M.B des RH”.
Ça coule de source, avec un peu d’humour, il va trouver ça drôle, c’est sûr. Peut-être même qu’il va m’en faire cadeau ?! Retour de mail instantané, ne jamais dire fontaine… : “Madame M.B. des RH – très drôle le jeu de mots soit dit en passant – je vous remercie pour votre message. Attendu que sans vous, le service se noie dans un verre vide et que l’eau va toujours à la rivière, il est 8h51, j’accepte votre autorisation de congé sans solde, à titre de catastrophe naturelle. Dans l’attente de vous faire relever le compteur comme vous dites, pensez à lire le petit astérisque au bas de l’avis de passage, ça m’évitera de penser que vous me menez en bateau. A lundi, et happy day bien sûr ! J.D., DRH, régie des eaux.”
Ah pour avoir de l’humour, il en a un peu trop peut-être! Heureusement, le ridicule ne tue pas. Voilà l’astérisque : “En cas d’absence, merci de bien vouloir confier vos clés à un voisin et lui indiquer, le cas échéant, l’emplacement de votre compteur préalablement désencombré et facile d’accès pour un relevé optimal.”
Grillée. Il y a des jours où je n’ai vraiment pas inventé l’eau chaude !