l’emmerdeuse repentie

2 Mai 2017

le cercle des femmes soumises

Alors que les Etats-Unis et le monde entier ont connu la plus grande marche des femmes au lendemain de l’investiture de Trump, la psychologue Laura Doyle prône l’armistice dans la guerre des sexes et se déclare féministe et «emmerdeuse repentie».

Dans un pamphlet satirique, Voltaire met en scène l’abbé de Châteauneuf et la Maréchal de Grancey qui fulmine contre un passage des Epîtres de Saint Paul : «J’ai ouvert par hasard un livre qui traînait dans mon cabinet (…), j’y ai vu ces paroles : «Femmes, soyez soumises à vos maris» ; j’ai jeté le livre (…). L’auteur est très impoli (…), je suis persuadée que votre Saint Paul était un homme très difficile à vivre !».

FEMME EN REDDITION

Si dès le Moyen-Age, des auteurs critiquaient la place accordée aux femmes, l’histoire du féminisme commence vraiment avec les suffragettes, au tout début du 20ème siècle, pour revendiquer le droit au vote des femmes au Royaume-Uni. Un siècle plus tard, bizarrerie américaine ou provocation réactionnaire, Laura Doyle sillonne les Etats-Unis pour animer des cercles de «Femmes soumises» à qui elle transmet un catalogue de recettes pour que leur homme retombe en amour. Son livre «The Surrendered Wife», qu’on pourrait traduire par «la Femme qui se rend», a fait un carton transatlantique. Elle y explique que, pendant des années, elle a critiqué, dévalorisé son mari, tentant de l’aider à s’améliorer (c’était la version officielle), pour, en réalité, essayer de le contrôler. Son mariage en grand danger, Laura Doyle était prête à tout pour sauver son couple, jusqu’à accomplir ses premiers pas vers la soumission.

TRAITEZ-LE COMME UN ADULTE

Avec humour et conseils un rien surannés, Laura Doyle prêche le retour aux valeurs traditionnelles du couple : “toi, Homme, tu décides. Moi, Femme, je dis : comme tu voudras mon amour…”. En quelque sorte, pour garder votre compagnon, dites Amen à tout ! “Faites l’amour au moins une fois par semaine, même si vous n’en avez pas envie.” Ne prenez plus d’initiatives, confiez-lui les finances du ménage, ne lui servez plus de GPS en voiture et laissez-le se tromper. Taisez-vous ! Autant de conseils qui vont à contre-courant du féminisme et qui, en même temps, suscitent une réflexion : l’équilibre tant fragile du couple implique de se questionner sur sa place à tenir. Quand Laura Doyle invite les femmes à “laissez-le choisir ses vêtements”, elle explique qu’elles ont tout à gagner à traiter leur compagnon comme un adulte et un ami. Pas comme un adolescent attardé à qui on ne peut faire confiance. En cessant d’attendre ce qu’il ne deviendra pas, l’homme idéal fantasmé depuis l’enfance. Ces nouvelles postures engagent un retournement bénéfique à la santé de la relation : renoncer au désir de prendre le pouvoir et retrouver l’envie de lui faire plaisir.

UNE CARICATURE RÉTROGRADE

“Si vous lui laissez prendre des responsabilités, vous serez surprise en bien.” Suggérant un handicap au départ, la proposition un rien condescendante de Laura Doyle est de faire confiance à son compagnon et de s’étonner du résultat. L’histoire ne dit pas s’il faut le récompenser…

S’il y a quelque chose à méditer là-dedans, se profile aussi une inquiétante et rétrograde caricature du rôle de la femme.
Plus près de nous, les nouvelles Antigones, un groupement de femmes françaises, toutes jeunes et toutes de blanc vêtues, sont nées en réaction aux Femen. Avec le féminisme en ligne de mire, elles annoncent des idées plutôt conservatrices : la complémentarité de l’homme et de la femme (proches des arguments entendus lors de la Manif pour Tous), «recadrer les filles de petite vertu», «la nature de la femme tournée vers la vie», autrement dit la femme n’a d’autre choix que d’être mère, la technique préjudiciable à l’évolution sociétale (et la chimie de la pilule…). Un programme catho-réac’, peu enclin à dénoncer le port du tablier de cuisine.

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Illustration : Sophie Caquineau

Nolwenn Huyart

Nolwenn Huyart

Chroniqueuse psychologue
SURNOM : Je n’en ai pas… Nolwenn, c’est déjà pas mal… PERSONNAGE DE FICTION : Le Bouddha, mais pas vraiment de fiction OBJET FETICHE : Gwen Ha Du (drapeau breton) et mâlâ (chapelet bouddhiste) ADAGE : «Notre peur la plus profonde n'est pas d'être inadéquats, mais d'être puissants au-delà de toute limite. C'est notre lumière, pas notre part d'ombre, qui nous effraie le plus. Nous nous demandons, qui suis-je pour oser être brillant, magnifique, talentueux, fabuleux? Mais en fait, qui suis-je pour ne pas l'être? » Marianne Williamson JE GARDE : le sourire (intérieur) JE JETTE : l’exigence DANS 20 ANS ? contemplant la Côte de granit rose, inspirant et expirant, moment après moment

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