ronron et plus si affinités
Si le ronron du chat manifeste son état de bonheur, il aurait aussi une véritable fonction réparatrice. Sur nous aussi. La zoothérapie a prouvé qu’elle pouvait procurer un bien-être psychologique et physiologique dans nombre de cas.
La thérapie assistée par l’animal, ou zoothérapie, définit une intervention, individuelle ou en groupe, au cours de laquelle un animal, répondant à des critères spécifiques et introduit par un intervenant qualifié, fait partie intégrante du processus thérapeutique. Le but étant d’améliorer le fonctionnement cognitif, physique, émotionnel ou social d’une personne.
PANSEMENT À PATTES
La première utilisation volontaire d’animaux date du XIème siècle en Belgique où des patients convalescents s’occupaient d’oiseaux*. Par la suite, et à travers le monde, les animaux vont être utilisés à différentes fins. En 1792, William Tuke en Angleterre enseigne aux «malades mentaux» à prendre soin de petits animaux, avec pour objectif de leur redonner confiance en eux. En 1942, les chiens contribuent à améliorer le moral des pilotes de l’US Air Force à l’hôpital de l’Armée de l’air de Pawling. Boris Levinson, psychologue de l’Université de Yeshiva aux US, démontre en 1950 que l’animal peut servir de co-thérapeute dans la relation praticien-patient, sa présence semblant accélérer le processus. En 1970, les psychiatres Samuel et Elisabeth Corson constatent une diminution de la prise de médicaments psychotropes suite à l’introduction d’un animal de compagnie, chez des patients réfractaires aux thérapies conventionnelles.
Vous ne serez jamais, et dans aucune circonstance, tout à fait malheureux si vous êtes bon envers les animaux.
victor hugo
LE RONRON ANXIOLYTIQUE
A l’heure actuelle, s’il n’existe pas de consensus démontrant les effets bénéfiques de la zoothérapie, des auteurs ont souligné l’importance du contact tactile avec l’animal comme facteur anxiolytique, l’animal permettant à la personne de détourner son attention d’un stimulus générateur d’angoisse. Ce «détournement attentionnel», s’il est répété, favorise alors une diminution de l’anxiété. Plusieurs études récentes montrent que ceux qui vivent avec un chat jouissent d’une meilleure santé psychologique que ceux qui vivent sans. Jean-Yves Gauchet, vétérinaire à Toulouse et inventeur de la «ronron thérapie», a découvert, en 2002, une étude de l’association Animal Voice qui avait repéré qu’après des lésions ou des fractures, les chats ont cinq fois moins de séquelles que les chiens, et retrouvent la forme trois fois plus vite. Jean-Yves Gauchet en tira l’hypothèse que le ronronnement du chat aurait une véritable fonction réparatrice : “en émettant ce son, les chats résistent mieux aux situations dangereuses. Car s’ils vibrent de bonheur en s’endormant, ils le font aussi quand ils souffrent et sont plongés dans des situations de stress intenses.”**
Dans son livre « Guérir», le psychiatre David Servan-Schreiber indiquait que bien souvent, au lieu de prescrire des antidépresseurs à des patients âgés déprimés qui avaient eu un pontage ou une fracture du col du fémur, il conseillait qu’ils “se procurent un chien (…). Si le patient soutient que ce sera trop de travail, un chat fera l’affaire (…). Si cela lui semble toujours trop, un oiseau ou un poisson !” Au Québec, l’Institut Douglas fait office de pionnier en ayant créé, il y a 30 ans, le premier service de zoothérapie dans un établissement de santé. Et les résultats sont plus que positifs : un lapin, par son côté doux et passif, peut aider à calmer les gens très stressés ; un chat peut apporter un sentiment de bien-être à des personnes souffrant d’Alzheimer ; un chien énergique redonne de la motivation et de la joie à une personne dépressive ; les animaux aident les enfants autistes à se désensibiliser pour atténuer leur trop-plein sensoriel.
+ d’infos : * Etude de M. Maurer *, F. Delfour, J.-L. Adrien Wolff, Laboratoire de psychopathologie et de neuropsychologie cliniques, Uni. Paris-Descartes
** interview par Isabelle Taubes in Psychologies Magazine, 2010
– La ronronthérapie de Véronique Aïache – Ed. Courrier du Livre
Illustration : Sophie Caquineau