quand est-ce qu’obaise ?
Alors qu’un adulte sur deux est en surpoids en France, obésité ne rime pourtant jamais avec sexualité, hormis dans la catégorie fétichiste de certains sites pornos. Un sujet tabou qui nourrit toutes les hypocrisies. On ne dit plus «bedonnant, grosse, bourrelets», mais «dadbod, pulpeuse, formes». Et si les hommes disent apprécier les rondeurs, dans un lit ou dans leurs fantasmes, ils semblent bien peu nombreux à afficher socialement cette attirance. Alors quoi, faut être mince pour coucher ?
Une enquête de l’Ifop (de juin 2018) affirme d’ailleurs que 23 % des hommes et 17% des femmes ont déjà envisagé de ne pas aller plus loin avec quelqu’un qui leur plaît en raison de sa corpulence. N’y a-t-il donc que Pierre Bachelet pour déclarer son amour des «corps ronds» ?
BIDE SEXUEL
Pour un tas de raisons en effet, un adulte replet a toutes les chances de passer du pèse-personne au baise-personne, du héros de la Grèce antique au Eros de la graisse sans trique. Moqueries, stigmatisations diverses, un fat shaming qui affecte l’estime de soi, surtout pour les femmes, entraînant à terme des troubles du désir et un évitement des rapports sexuels. Dès lors, comment oser se mettre nu(e) devant l’autre si on n’aime pas son corps ? Qu’ils sont loin les attributs appétissants des femmes du XIXème siècle qui enthousiasmaient Maupassant ou Brillat-Savarin ! Ces fesses rebondies, ces plis charnus, ces doigts boudinés comme des saucisses, ces hanches de violoncelles qui faisaient rêver les archets masculins…
Aujourd’hui, les femmes obèses auraient 30% de chances en moins que les autres de rencontrer un partenaire sexuel. En fait, comme l’écrit l’ancienne bloggeuse et actuelle secrétaire d’Etat Marlène Schiappa, dans «Osez… l’amour des rondes» (2010), ces dernières sont “exclues du marché de la bonne meuf”. Une situation pourtant totalement schizophrène car, dans le même temps, perçues comme épicuriennes, gourmandes et amoureuses des plaisirs de l’existence, elles attirent beaucoup d’hommes, et finissent rarement seules sous leur couette. A une condition cependant : assumer ! Ses formes, son désir, ses fantasmes.
FAT AND FURIOUS
Car si certaines vivent avec bonheur leur 46 – c’était la taille de Marilyn Monroe – d’autres préfèrent cacher leur corps voluptueux sous un affreux tee-shirt informe, ou pire, orné d’un personnage de Disney. En réalité, la clef réside dans l’acceptation de soi. Vous priver de mousse au chocolat ne vous donnera pas plus de partenaires. Au contraire ! Au lieu de calculer votre Indice de Masse Corporelle, comme le suggèrent obsessionnellement certains magazines féminins, exprimez plutôt votre Impressionnante Motivation pour le Cul. Piochez judicieusement dans le Kâma-Sûtra les positions adéquates, en évitant si besoin les plus acrobatiques. La levrette est plébiscitée, car elle met en valeur des fesses généreuses. Mais tout ou presque reste possible. Amazone, cuillère, missionnaire… Pas besoin de tuto sur YouTube. Mettez tous vos atouts dans la balance.
Comme l’explique l’historienne américaine Hanne Blank, dans son livre «Big Big Love», “il y a plus de textures, de superficie de peau et plus de nerfs sensoriels chez les personnes grosses. Tout ce que vous avez sur un corps mince, vous l’avez de la même façon, mais en plus, sur un corps gros”. Bref, de l’amour XXL ! Alors «go fat» ! Fuyez la tyrannie du 38 et prenez le large, la bedaine, c’est le plaisir à la chaîne !
© dzimin