adrien berlioz connait la musique !

8 Oct 2017

vivier(s) de talents

Berlioz. Porter un patronyme prestigieux impose-t-il de faire de grandes choses ? Hector, Adrien, ils ont en commun la recherche de l’accord parfait. Au compositeur du 19ème siècle, les octaves, les portées, le sens de la mélodie ; au vigneron du 21ème, les cépages, les cuvées et le sens de l’harmonie. Avec les éléments.

Adrien Berlioz

« 35 ans, c’est l’âge de l’équilibre pour une vigne, car son système racinaire est bien développé, c’est un peu comme pour nous”. Adrien Berlioz, lui, vient tout juste de passer ce cap, et ses racines, profondément implantées dans la terre du Viviers – son hameau de Chignin -, lui donnent l’allure solide du cep à maturité.

S’il est encore jeune dans la profession, “ça fait 10 ans, et j’ai encore du mal à me dire que je fais ce métier”, on sent pourtant une pointe de nostalgie dans la manière dont il vit le vin. Un attachement lié à l’enfance, aux batailles de grappes entre les rangs avec ses deux frères aînés, aux senteurs de jus de raisin, au cliquetis du vieux pressoir manuel, aux week-ends de vendanges pleins de copains.“Il y avait du monde dans les rues, dans les caves et j’en ai gardé des souvenirs de soirées mémorables. Ici, c’est encore particulièrement festif ! Depuis toujours, on se retrouve pour la fête de la St-Vincent, mais toutes les excuses sont bonnes : on se voit pour le nettoyage du bassin, on fait un repas l’été, un l’hiver, il y a un club féminin de dégustation, et pendant que les femmes se voient, les hommes jouent au tarot… et dégustent aussi !” Adrien aurait donc peut-être pu suivre une autre voie, changer de boulot, mais il n’aurait certainement pas quitté son hameau.

CONTRE VENTES ET AÎNÉS

C’est par le commerce qu’il aborde le monde viticole. Bac, puis BTS à Beaune, mais il réalise vite qu’il n’a pas la fibre. Trop direct, trop droit, pas enjôleur. S’il vend du vin, ce sera le sien. Mais Adrien n’est pas fils de vigneron, son père à lui dessinait des maisons. Il avait bien quelques hectares, qu’il exploitait en double activité, travaillant d’arrache-pied pour donner toute sa production au négoce. “Il ne lâchait rien, d’ailleurs c’est grâce à lui que je me suis installé, car trouver une vigne n’est pas si simple et au moment où j’allais baisser les bras, il m’a accompagné”.

Tous deux s’accrochent donc, négocient sec, bataillent dur et finissent, en 2006, par acquérir de quoi compléter la parcelle paternelle. De très vieilles jacquères que le jeune vigneron arrache et replante, avec un vieux cépage endémique, le persan, “pour tenter quelque chose que personne ne faisait. Les anciens m’ont dit : tu fais la connerie de ta vie, le Persan, c’est dur, il faut trier, c’est fragile, ça craint tout, c’est très faible en rendement… Ils avaient raison. Mais dès la première année, j’ai été coup de coeur du Guide Hachette, c’est important pour se faire connaître.” Et convaincre ses pairs.

PETIT VIGNERON DEVIENDRA GRAND

Celui qu’il n’a pas eu à convaincre, c’est son cousin et voisin Gilles Berlioz. Installé une vingtaine d’années plus tôt, il a ouvert la voie et se réjouit de sentir le picotement de l’émulation, d’avoir à mettre la barre un peu plus haut : “reste une petite exploitation!”, lui conseille-t-il, “il y a de l’avenir pour les choses authentiques”.

Traction animale, buttage à la pioche, rythmes lunaires, en optant rapidement pour le bio, Adrien fait aussi le choix de la qualité sur la quantité, au prix d’une production quatre fois moins importante qu’en conventionnel. “Ce que j’aime dans la vigne, dans l’agriculture de manière plus large, c’est le rapport à la terre, le microclimat, les senteurs. Si j’avais élevé des bêtes, elles auraient été adaptées à cet environnement. Et j’ai fait le choix du bio dans le vin pour cette raison, car n’importe quel produit chimique me paraît être une agression. Je suis incapable de passer un insecticide, ne serait-ce que pour mon gamin que je prends dans mes bras le soir : je ne me verrais pas lui transmettre quoi que ce soit.” Enfin… aucune cochonnerie.

ALÉAS… JACTA EST

Humble devant les éléments, attentif aux signes qu’ils lui envoient, le moment des vendanges est toujours celui qu’il préfère, malgré le stress qu’elles engendrent. “Même si le travail est bien fait en amont, qu’il n’y a pas trop de raisin – juste ce qu’il faut -, que les rangs sont assez clairs et qu’on choisit bien la date de vendange – elle fait 10 % de la qualité du vin -, que je passe le rotofil partout, et qu’on utilise des petites caisses, parce que je veux que ce ne soit vraiment que du plaisir pour les vendangeurs aussi, et pour que, moi le premier, je sois détendu, il y a quand même de plus en plus de stress lié aux aléas climatiques.” Puis la tension retombe. “J’attends que le vin me dise de le mettre en bouteille. La vinification est une technique de fainéant, il faut surtout faire du bon raisin.”

J’attends que le vin me dise de le mettre en bouteille. La vinification est une technique de fainéant, il faut surtout faire du bon raisin.

PROFESSIONNEL ET CONFIDENTIEL

Quand il s’est lancé, Adrien prenait la route tous les week-ends pour vendre le fruit de son travail. Aujourd’hui, en restant pourtant assez confidentielles, ses 17 cuvées se vendent en quelques semaines : une moitié part à l’export, l’autre en restauration gastronomique.

On n’est pas meilleurs, plus malins ou plus intelligents que les autres, mais on a un énorme boulevard. Pendant longtemps, les Savoyards ne se sont pas posé de question, ils avaient la garantie d’écouler leur vin à 2€ le litre en station. Aujourd’hui, le monde entier apprécie nos vins, le marché est ouvert et on est un tout petit vignoble de 2000 hectares. A nous les jeunes de dynamiser tout ça !”

Adrien Berlioz, si vous étiez…

… un cépage ?
Une Roussanne. C’est LE cépage vigoureux, celui qui donne un raisin agréable à relever, j’en ai 5 différentes sur le domaine.

… un grand cru ?
Je ne serais pas. J’ai horreur de donner des qualitatifs de niveau car quand on dit grand cru ou Premier Vin, on perd l’humilité du vin. Tout doit se faire à l’aveugle, on doit rester dans le plaisir, dans l’éveil.

… une autre boisson ?
Un marc de Savoie, parce qu’il a un potentiel énorme, des arômes fins et complexes.

… un plat à base de vin ?
Une fondue.

… un accord parfait met/vin ?
Une Jacquère, la Cuvée des Gueux, une de nos très vieilles parcelles près du château de Chignin, avec des huîtres.

Et si vous n’étiez pas vigneron ?
J’avais un rêve, c’était de m’associer avec des copains pour tenir un resto, un peu isolé dans la montagne. Chacun y proposerait sa cuisine, un soir de la semaine, en prenant les gens en main du début à la fin, du vin au plat.

Le mot de Bruno Bozzer, sommelier

En à peine 10 ans, Adrien a réussi à imposer ses vins à un niveau exceptionnel. L’ensemble de ses cuvées donnent une autre dimension aux Chignin Bergeron, des vins riches, précis, très complexes et de longue garde. Nous sommes fans de sa Cuvée Euphrasie pour sa complexité et son caractère minéral, tout en étant très ample. Coup de coeur aussi pour Rai Poum Pou plus facile dans son jeune âge.

Photos : Guillaume Desmurs

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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