jean-françois quénard, les raisins du succès

8 Oct 2017

rien n’est tout rouge, rien n’est tout blanc…

A chignin, les Quénard se comptent par grappes, mais aucun ne produit la même cuvée ! Vigneron-oenologue, Jean-François et sa famille cultivent la vigne dans le respect du terroir et avec des méthodes naturelles. Du bio ? Oui, mais pas trop…

En ce matin ensoleillé, ce coin de campagne savoyard tient du petit paradis. Un havre de paix sur des coteaux jalonnés de vignes, avec une vue imprenable sur le massif de Belledonne. Dans le hangar qui jouxte le gîte, Jean-François Quénard travaille avec la troisième de ses quatre filles. Etudiante au sein de la prestigieuse école de viticulture et d’oenologie de Changins en Suisse, Anne-Sophie se destine à perpétuer le domaine familial existant depuis le 17ème siècle. A quelques pas, le bureau où officie Catherine. Cela ne s’invente pas: l’épouse du vigneron est fille de viticulteurs nantais et ces deux-là se sont rencontrés il y a trente ans dans une cave à Sancerre! Nous nous installons en face du chai, dans le caveau de dégustation. Tonneaux et tire-bouchons, un décor parfait pour plonger dans «l’uni-verre» du vin.

CEPS À LA PAGE

Sur cette terre montagneuse, la vigne est là depuis toujours : des cépages savoyards typiques, qu’on peut qualifier d’identitaires, comme la Jacquère, l’Altesse, la Mondeuse ou le plus ancien et plus confidentiel Persan.

“Ici, les gens vivaient en autarcie, entre viticulture et élevage. Cela a changé à la génération de mes parents, dans les années 70. L’arrivée de l’Appellation d’Origine Contrôlée a déclenché une prise de conscience par rapport à la qualité du vin qui jusque-là était vendu en vrac. Le label impliquait la mise en bouteille sur place donc plus d’investissement. L’élevage a été abandonné pour se consacrer à la viticulture. Le développement du tourisme de montagne et les Jeux Olympiques de 1992, qui ont braqué le projecteur sur la Savoie, ont généré une demande à l’extérieur de la région, jusqu’à l’international. Il y a alors eu un important travail de tous les vignerons de Savoie pour améliorer la qualité et obtenir une reconnaissance.” Une réussite collective à laquelle la famille Quénard a largement contribué.

SUIVRE LE GUIDE

En 1987, Jean-François revient au domaine familial, alors géré par son père Jean-Pierre, décédé en mars dernier. Il a obtenu son diplôme d’oenologue à Dijon, effectué plusieurs stages et travaillé dans de réputées régions viticoles en France et aux Etats-Unis. Le vigneron reste particulièrement marqué par son expérience dans le Beaujolais, chez Jules Chauvet, qualifié de «père du mouvement des vins naturels».

C’était le pape des vins non sulfités. C’est lui qui m’a fait toucher du doigt le vin, avec cette philosophie de respect du cépage et moins d’interventions sur la vigne. A l’époque, on désherbait massivement et on travaillait de la même manière les petites et les grandes surfaces. La viticulture avait un côté très industrialisé et lui était à l’encontre de cette tendance.

Dans la lignée de cet homme de l’art, Jean-François Quénard modifie peu à peu les procédés. Loin de la culture de masse, chaque parcelle est vinifiée spécifiquement et on laisse l’herbe croître sur les terrains les plus riches.

Le bio, c’est très bien, mais il faut que ce soit assorti à un raisonnement économique. Et à l’extrême, cela peut être dangereux, générant certaines maladies du végétal tellement importantes qu’elles peuvent neutraliser une récolte.

 »RIEN N’EST TOUT ROUGE,
RIEN N’EST TOUT BLANC… »

Adepte des méthodes naturelles, le vigneron nuance toutefois sa position : “Le bio, c’est très bien, mais il faut que ce soit assorti à un raisonnement économique. Et à l’extrême, cela peut être dangereux. Ce mode de culture peut générer certaines maladies du végétal tellement importantes qu’elles peuvent neutraliser une récolte. Il y a, par exemple, le  »black rot », une maladie à laquelle est très sensible la Jacquère qui représente 50% des cépages savoyards. En bio, rien n’existe pour lutter contre ce truc! Nous travaillons le plus possible avec des méthodes naturelles, mais nous ne sommes pas accrédités bio, car je veux me garder la possibilité de faire un traitement. Je n’arrive pas à accepter l’idée d’une vigne malade. Les vignes, ce sont nos enfants!”.

HIER, AUJOURD’HUI, DEMAIN…

La recette porte manifestement ses fruits. Le domaine, qui comportait cinq hectares à l’arrivée de Jean-François, en compte désormais vingt, et trois salariés complètent l’équipe familiale. Le quinquagénaire mesure l’étendue du chemin parcouru et savoure le succès de son entreprise, mais n’en demeure pas moins humble. “Je n’ai pas l’impression d’être propriétaire, mais plutôt d’être là pour transmettre les terrains reçus de nos ancêtres et notre savoir-faire. Par rapport à avant, on n’a plus, aujourd’hui, à se justifier pour «vendre un goût». On est un peu connus, on a des vins typés, les sommeliers adhèrent et ce sont les gens qui viennent à nous. C’est une récompense incroyable, c’est une belle époque. Il faut encore poursuivre le travail des vingt dernières années. On est à un moment charnière et c’est très motivant. J’aimerais avoir trente ans aujourd’hui, pour continuer et voir l’évolution…”.

+ d’infos :
www.jfquenard.com
Chignin, 73

Jean-Francois et Catherine Quénard

Jean-Francois Quénard, si vous étiez…

… un accord mets et vin ?
Un Bergeron de 3 ans avec un foie gras poêlé, simple et efficace ! Ou une Roussette avec un poisson de lac accompagné d’une sauce légèrement acidulée.

… un cépage ?
Une grappe de Mondeuse. C’est très beau, très géométrique, large en haut avec une pointe très rouge sur un feuillage vert.

… un grand cru ?
Un Bourgogne blanc comme le Bâtard-Montrachet pour son côté minéral et sa richesse.

…un millésime ?
2010, pour sa tension, sa bonne acidité, sa belle maturité. Ce sont des vins fermés au départ qui évoluent bien.

… un arôme ?
Fruité. J’aime bien l’arôme de fruits exotiques qui se dégage quand les fermentations commencent.

… une robe ?
Le côté doré, éclatant d’un vin blanc comme un Bergeron avec 2 ans d’évolution.

Le mot de Bruno Bozzer, sommelier

« Jean-François produit des Chignin et Chignin Bergeron représentant l’archétype de cette appellation : finesse et équilibre des grands Bergeron cuvée «Au pied des Tours» et «Comme Avant». Pensez à déguster aussi son Persan! »

Photos : Guillaume Desmurs

Béatrice Meynier

Béatrice Meynier

Journaliste SURNOM: du classique Béa au moins conventionnel Chounie. PERSONNAGE DE FICTION: une héroïne qui se baladerait de roman en roman, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre... Sinon l’inventeur de la machine à miniaturisation de voiture pour la mettre dans mon sac à main au lieu de la garer (un vieux fantasme !) OBJET FETICHE: la bague offerte par mes parents pour mes 20 ans. ADAGE: positive attitude. JE GARDE: Raiponce: mes cheveux ! Et 2 ou 3 autres bricoles... JE JETTE: en combien de lignes ? DANS 20 ANS? tout est possible... presse@activmag.fr

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