vins du beaujolais- domaine de la grand’cour –

5 Oct 2019

dans la cour des grands

NE CHERCHEZ PLUS, ON L’A TROUVÉ… IL PARAÎTRAIT QUE C’EST LÀ QU’IL BAT, LE CŒUR DU BEAUJOLAIS : DANS CETTE GRAND’COUR SOUS LES TILLEULS, EN CONTREBAS DU VILLAGE DE FLEURIE, JOYEUX ET GÉNÉREUX, TRINQUANT AVEC JEAN-LOUIS DUTRAIVE AUX BEAUX JOURS DU GAMAY.

Une bouteille de blanc -du Beaujolais, mais dans sa version Chardonnay, pour changer du Gamay-, une miche de pain et du bon fromage. En cette veille de vendanges, autour de l’imposante pierre brute qui fait office de table, la famille déjà élargie du domaine de la Grand’Cour prend la pause autour de Jean-Louis Dutraive. Avec son sourire jovial et sa mine de bon vivant, le maître des lieux porte sur lui toute la convivialité du Beaujolais. Sa discrétion aussi. Au lieu de s’étaler sur sa vie – son œuvre, il préfère s’éclipser régulièrement pour décharger des cagettes, continuer à ranger le chai ou vérifier la pintade dont il ne veut pas rater la cuisson.
Aujourd’hui, c’est lui qui régale à midi, mais dans quelques jours, ils seront quatre fois plus nombreux à nourrir, alors avec l’équipe cuisine, on parle marmites et organisation : “on ne fait pas de menu spécial vegan ou végétarien, mais un sans-carotte pour Jean-Louis !” rit Emilie, une amie restauratrice qui sera responsable de la popotte pendant la quinzaine à venir. “Tous les restos du Beaujolais et de Paris savent qu’il n’aime pas les carottes.” Car celui qu’on appelle ici «le Pape» ou «le Président» a porté jusqu’à la capitale les valeurs de son terroir, ne délaissant pas pour autant, même quand ses vins ont commencé à s’exporter, les bouchons lyonnais qui l’avaient suivi dès ses premières cuvées.

NE GAMAY DIRE GAMAY

“Il est très fédérateur, poursuit Emilie, et garde l’esprit du Beaujolais : l’entraide, la générosité, le sens de l’accueil”. Résultat, à chaque repas, en plus des 25 coupeurs et de tout le personnel, s’attablent les invités : le Maire de Fleurie, un collègue vigneron ou le vendeur de quenelles… et jusqu’à l’année dernière, M. Dutraive senior, «le Père Jean», siégeant en bout de table comme un empereur romain. Une figure locale, qui, selon la légende, mangeait 5 cochons par an et qui, le jour de son anniversaire en pleines vendanges, apportait le Crémant. L’homme achète la Grand’Cour en 1969 et fait passer ce domaine, un des plus vieux de Fleurie, de la polyculture à la culture exclusive de la vigne. Parce que chez les Dutraive, on fait du vin depuis 5 générations déjà. 8 ans plus tard, son fils Jean-Louis n’aura donc pas tellement d’autre choix que de devenir le 6e vigneron du nom, même s’il adore le foot et se serait bien vu journa- liste sportif. Mais il est le seul garçon de la famille et doit prendre la relève.

DU NOUVEAU DANS LE BIO-JOLAIS

C’est petit le Beaujolais. Les villages se touchent, les vignerons se connaissent tous et au début des années 80, Marcel Lapierre, dans le bourg voisin de Villié-Morgon, fait souffler sur les vignes un vent dénué d’intrants, de levures industrielles ou de soufre. Jean-Louis Dutraive est l’un des premiers à suivre son modèle. “Il a un peu tiré tout le monde, se souvient-il. Petit à petit, on a utilisé moins de produits et on s’est remis à labourer avec l’outillage et les équipements d’antan. Mon père ne comprenait pas, il me disait : «si tu savais comme on en a bavé…» Alors c’est vrai, on s’est pris des coups derrière la tête, on a perdu beaucoup de plans, il a fallu gérer l’herbe, le mildiou… Mais sans être décriés pour autant : je me considère comme privilégié, je suis un enfant du pays, je connais tous les vignerons, et je ne me suis jamais fâché avec mes potes, même si on travaillait différemment.” En 2000, il n’utilise plus aucun produit de synthèse, hormis du cuivre et très peu de soufre, si nécessaire, à la mise en bouteille ; en 2009, le domaine obtient la certification agriculture biologique.

CUVÉES HAUT-DE-GAM…AY

Dans les lignes, Jean-Louis Dutraive passe de la benne à la cagette, “pour peu d’écrasement des grappes”. Le raisin est ensuite stocké dans des cuves en chambre froide, à 6-7°C, pour une fermentation dite carbonique, qui, avec l’aide d’un souffle de CO2, commence tout doucement. Cette macération “de feignant, parce qu’on n’intervient pas”, permet de bien conserver des fruits qui ne seront pressés qu’au bout de 3 ou 4 semaines. “On n’est pas loin des vinifications qui se faisaient au milieu du 20e siècle, sourit-il, en ayant un peu plus de recul quand même.” Un travail au plus près du terroir et des vins natures, en Fleurie ou Brouilly, dont la pureté séduit vite les bistrots lyonnais avant d’être encensée par la presse spécialisée. En 2016, c’est la consécration : la Grand’Cour est le premier Beaujolais à entrer dans le cercle très fermé -et jusque-là exclusivement bourguignon- des vins sélectionnés pour «la Paulée» de San Francisco, un événement créé par le sommelier américain superstar Daniel Johnnes, sur le modèle de la grande fête de fin de vendanges de Meursault*. Mais ça évidemment, ce n’est pas Jean-Louis qui nous l’aurait dit…

QUAND JEAN-LOUIS VEND DU(T)RAIVE

S’il n’a pas vraiment choisi sa voie, le vigneron de la Grand’Cour semble l’avoir trouvée. Mais à ses enfants, il n’a rien voulu imposer. Après s’être essayé à l’archéologie, avoir roulé leur bosse en Australie, aux Etats-Unis, ou avant de partir en Amérique du Sud, tous les trois sont pourtant à ses côtés aujourd’hui pour vendanger. Et tous les trois ont fait du vin leur métier. Jean-Louis Dutraive pose un œil bienveillant sur cette nouvelle génération de vignerons qu’il accompagne, bien au-delà de son cercle familial, et à qui il distille, toujours avec humilité, ses précieux conseils : “Il faut qu’ils prennent conscience qu’ils doivent travailler proprement, qu’ils fassent de la vente directe et des vins personnalisés.” Pour continuer à porter haut les couleurs du Gamay et faire battre le cœur du Beaujolais.

*en Bourgogne, la paulée est le repas traditionnel de fin de vendanges qui réunit le vigneron, ses ouvriers et des amis. Celle de Meursault est devenue l’une des «Trois Glorieuses» : une fête bachique sans égale, chaque 3e week-end de novembre, qui s’ouvre avec le chapitre du Clos Vougeot le samedi, enchaîne le dimanche sur la vente aux enchères des Hospices de Beaune et se termine avec la Paulée de Meursault le lundi.

 

+ d’infos : http://www.domainedelagrandcour.fr/

Fleurie I 69

 

Le Mot de THOMAS LORIVAL

Ce sont des vins que j’apprécie beaucoup, même si je les ai découverts plus récemment. Les quantités sont minimes, car il a souffert de pénuries climatiques ces dernières années, ses vins sont donc un peu plus compliqués à trouver. Ils portent de très belles expressions de Fleurie. Son terroir sur le lieu-dit Champagne allie finesse et concentration, quand le Clos de la Grand’Cour affiche plus de gourmandise et de jutosité. Mais il a toujours un toucher très fin, très délicat, des expressions aromatiques nettes et précises. Le personnage est très humble et j’aime ce caractère par rapport à la grandeur des vins qu’il peut faire.

photos : Floartphotography

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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