vins du beaujolais- julie balagny –

9 Oct 2019

au natur’ elle

CONTINUEZ TOUT DROIT ET PRENEZ LA DEUXIÈME À GAUCHE, DIRECTION CHÂTEAU DU MOULIN-À-VENT. FAITES QUELQUES MÈTRES ET GAREZ-
VOUS OÙ VOUS POUVEZ, C’EST LÀ ! JULIE BALAGNY, C’EST UN PEU ÇA, LA DISCUSSION INOPINÉE QUI NE S’ENCOMBRE PAS DE TRALALAS. CONFIDENCES D’UNE FEMME AUSSI NATURE QUE SON VIN, SUR UN COIN DE BANC À LA VOLÉE…

Deux hommes s’affairent à bricoler, Popette aboie à s’en décrocher la mâchoire, y’a pas à dire, y’a de la vie! Au fond de la cour, Julie est en pleine ébullition. Delphine, illustratrice, joue du crayon sur les étiquettes de la dernière récolte. Le brainstorming a des airs d’impro burlesque, mais ne vous méprenez pas, tout est sous contrôle. Tombée amoureuse du Beaujolais il y a une dizaine d’années, la Parisienne est accro à son terroir comme si elle y était née. Tout le monde la connaît et se plaît à passer comme bon lui semble, c’est donc tout naturellement qu’elle me fait une place autour de la table, plus on est de fous, plus on rit.

MÈRE NATURE…

Julie Balagny est un nom qui parle et selon Delphine, il parle fort : “Elle ne vous le dira pas, mais c’est une rock star. Elle est invitée en Californie tous les ans. Là-bas, ils ont l’impression de recevoir Mick Jagger, elle a un gros fan club !”. La vigneronne se cache derrière son humilité et ramène sur terre : “C’est le fait d’avoir une petite exploitation qui a dû les séduire, et surtout d’avoir voulu le rester”. Si Julie aime l’émulation festive, a contrario, les paillettes et les exubérances démesurées, non merci. Elle est puriste, fidèle à ses convictions. Elle fait des tisanes pour ses vignes, travaille à la charrue, presse à la main, et privilégie la débrouille au clinquant, l’échange au gaspillage, elle vit plutôt à l’ancienne et ça lui va bien. Et pourtant, le mode bio Manon des sources ne l’a franchement pas biberonnée dans son berceau.

TOUT AU BIO !

Originaire de Saint-Cloud, dans la famille, tout le monde est médecin ou ingénieur. Rien à voir ! Julie a suivi le mouvement un temps, pour faire comme tout le monde, mais son truc à elle est ailleurs : “J’étais tout le temps à la campagne et je rêvais de faire une école agricole. En 1999, j’ai quitté ma famille et Paris après une prépa en kiné et psychomotricité, j’avais prouvé que j’avais deux trois neurones et direction Perpignan où je suis resté 5 ans”. La jeune femme passe un BTS viti eono, travaille en conventionnel sur un gros domaine, puis découvre la biodynamie dans une toute petite ferme qui ouvre ses yeux sur le monde : “Je me souviens du jour où j’ai mangé une tomate. Je me suis rendu compte qu’en réalité, je n’en avais jamais mangé de ma vie, quel goût incroyable ! A partir de là, tout ce que j’ai appris lors du BTS, du conventionnel et de la biodynamie s’est mis en culture dans ma réflexion, mon cerveau a cousu et décousu, je me suis demandée pourquoi on mettait des levures sur les raisins, qu’est-ce que ça apportait au final ?…” Julie choisit son camp et quitte Perpignan, direction Nîmes pour 5 nouvelles années au compteur. Là-bas, elle vinifie sur un domaine en biodynamie, fait le tour du métier et peaufine ses choix. C’est aussi à cette époque qu’elle est invitée dans le Beaujolais, au célèbre Méchoui du 14 juillet chez Marcel Lapierre, grand précurseur du vin nature. Elle fait la rencontre d’Yvon Métras et s’éprend définitivement de ce fameux cépage, le Gamay… On y va ?

VIN CHEZ MOI

C’est grâce à Yvon Métras, qu’elle trouve, en 2009, ses 3 premiers hectares en Fleurie. Dans les bois, tout en coteaux, c’est raide, mais ce que la nature offre, Julie l’embrasse. Et puis pas de chichis, ça va avec ses convictions de départ, on reste petit, on s’accroche et on n’en démord pas… Quoique… “Jusqu’en 2015, je n’ai vécu qu’avec ça. On peut rester à une petite dimension économique, on n’est pas obligé d’investir ni d’avoir des tracteurs neufs ! On peut ne pas vouloir prendre de risques financiers, et je ne me sentais pas les épaules pour ça d’ailleurs. J’ai un pressoir d’époque et des barriques à l’ancienne, une passion pour le système D, ce qui fait que j’ai toujours résisté au négoce. Quand on n’a pas les moyens, on réfléchit de façon complètement différente, et surtout à la débrouillardise. Alors c’était hors de question de voir plus gros ou autrement. J’ai tenu pendant des années et j’ai finalement pris ma carte de négoce l’an dernier pour aider une jeune vigneronne qui en avait besoin. J’avais participé aux travaux de la parcelle, tout était bio, je ne voulais pas qu’elle perde sa récolte, alors je me suis dit qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis !” Et puis l’entraide chez Julie, c’est un peu la base. Elle reçoit, elle donne, pas besoin de tergiverser. Et suivre son instinct quand on fait du vin, c’est bien, non ?

VINTUITION

C’est peu de le dire ! Julie ne s’en cache pas : parfois, c’est la roulette russe ! Alors bien sûr, il y a la technique, le travail primordial à la vigne, le soin qu’on apporte aux raisins et l’amour qu’on y met : “On check, on goûte, on sent. On sait comment les parcelles réagissent, parfois quelques jours de plus ou de moins avant la récolte peuvent changer la donne”. Et puis il y a le reste… La vigneronne se souvient très bien avoir frôler la correctionnelle avec sa cuvée Simone de 2014. Si elle l’a propulsée au sommet en 2010, elle aurait pu cette année-là, lui faire manger la terre : “Je venais d’acheter ma maison le 2 septembre, je vendangeais le 25 et ma pauvre Simone battait de l’aile. J’ai réussi à sauver deux cuves, j’ai tout mis dans le même panier en croisant les doigts pour que ça prenne, au risque de tout perdre… On a plein de choses à apprendre, il faut savoir s’adapter, demander à la vie un petit coup de main, faire confiance au hasard, marcher à l’envie, au ressenti.” Ouf, Simone est sauvée et hérite d’une étiquette au visage cerné, le bras tatoué, mais victorieux ! Plutôt rock’n’roll ! Docteur Buchaille, la Carioca, Mamouth et j’en passe, à l’exception de Cayenne ou En Rémont -qui signent un lieu-dit et ne changent jamais- les cuvées de Julie portent le nom de l’histoire qu’elles racontent : anecdotes des vinifications, aléas de la vigne ou souvenirs incongrus des vendanges, tout est propice à l’imagination. Depuis ses débuts, elle a repris un hectare de Beaujolais et 80 ares de Mou- lin à Vent, de quoi inspirer un peu plus ses bouteilles olé olé ! Cette année, les étoiles sont à l’honneur, le symbole d’un vin lumineux et éclairé ? Allez savoir… Une chose est sûre, on n’est pas près de lui coller une étiquette !

 

+ d’infos : julie.balagny@orange.fr

Fleury, 69

Le Mot de THOMAS LORIVAL

Julie est une artisane qui fait des vinifications à l’ancienne, toute en grappes entières et la 1re chose qu’elle vous montre, c’est son vieux pressoir. Elle fait des vins très libres, pleins d’énergie, des bouteilles magnifiques qui peuvent vous emmener ailleurs. Quand je tombe sur un millésime réussi, je trouve ces Beaujolais vibrants mais parfois la Nature en a décidé autrement… La Cuvée Chavot est celle que j’aime beaucoup, éclatante et très digeste, avec un fruit radieux, à déguster dans l’immédiat.

photos : Floartphotography

Magali Buy

Magali Buy

SURNOM : Mag... (d'ailleurs activ'mag c'est pour moi, non ?) PERSONNAGE DE FICTION : Xéna la guerrière OBJET FETICHE : mon piano, il m’écoute, me répond et me comprend mieux que personne. ADAGE : « si tout le monde sait où tu vas, tu n’arriveras jamais à ta destination. Laisse-les croire que tu dors.» JE GARDE : mon mauvais caractère, ma langue bien pendue, mon cœur ouvert et mes yeux verts JE JETTE : mon insécurité, ma cellulite et ma paranoïa... DANS 20 ANS : la même en pire, si c'est possible !

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