aude à la vie
Dans un quartier plutôt aseptisé du 5ème arrondissement lyonnais, quelle surprise de découvrir une petite rue de charme et, là, de dénicher une vraie maison de famille de 1929 ! Totalement réinventée par l’architecte Aude Dumont pour y abriter la plus actuelle des tribus : son mari, leurs 4 enfants et 2 bouledogues anglais. Où comment interpréter le charme d’antan avec une inspiration et des aspirations bien de leur temps !
Aude l’avoue, le coup de foudre n’a pas été immédiat. “Même si c’est un copain de Thomas, mon mari, qui nous a mis sur le coup en connaissant bien nos goûts, plein de choses nous gênaient. La maison était divisée en 2 appartements bien distincts, celui des propriétaires, des personnes âgées, et celui de leurs petits-enfants. Avec chacun leur pièce à vivre, cuisine, etc… et pas conçus d’emblée pour ne faire qu’un. Par ailleurs, pas de plain-pied sur le jardin, une demeure assez fermée, un 1er étage ressemblant à un couloir d’orphelinat, un 2ème étage sous les toits mais gâché par un faux-plafond et un morcellement en pièces «utilitaires», chambres de bonnes, atelier de couture, recoin bricolage, grenier. Bref, du charme, du potentiel… Mais de sacrés travaux à faire !”
Alors ? Aude et Thomas, néanmoins décidés à bouger, vendent leur appartement… mais pour acheter un terrain et faire construire ! Il faut que le projet capote et qu’ils reviennent avec «un autre œil» pour vraiment se projeter et faire une offre. Totalement respectueux de l’irruption de soucis familiaux chez les propriétaires, ils acceptent même de différer leur arrivée et les travaux.
Résultat : pour éviter une location relais, un délai de 2 mois et demi seulement pour tout rénover! Oui, mais l’envie et le savoir-faire d’architecte d’Aude sont là. “On a tout commandé, tout coordonné à l’avance et tout fait en même temps. Il y avait 25 ouvriers dans la maison. Un truc de dingue !”.
Un défi fou peut-être, mais que le couple relève sans céder à la tentation de tout casser. En créant un lien subtil entre la vie d’avant et celle qu’il veut construire maintenant.
POUR LE MEILLEUR EN SUBLIMANT LE PIRE
La priorité des priorités architecturales est de casser le côté confiné de la demeure. L’ex façade orange s’enduit de chaux beige. Le rez-de-chaussée s’ouvre à la lumière et aux perspectives d’un vrai dedans-dehors.
Pile dans l’axe portail d’entrée-jardin, les espaces à vivre se suivent : immense salle à manger-cuisine, encore prolongée par la création d’un accès vitré, d’une terrasse, d’une piscine. Par ailleurs, les portes de la cuisine adoptent le verre et si l’ossature «petits panneaux» des fenêtres est préservée, les anciens vitraux colorés font place à la transparence. Le 1er étage aux chambres et couloir «d’orphelinat»? Totalement recloisonné pour accueillir l’intimité des parents et des deux plus petits. L’ex cuisine se fait salle de bains. Un niveau en dessous, Fleur et Felix ont leur nid, une chambre sur jardin. On y trouve aussi un dressing généreux et un bureau, salle de gym et refuge de Mme l’architecte.
Quid du 3ème, sous les toits, mais sous camisole de faux plafonds et répartition de pièces absconse ? Entièrement mis à nu, du plateau à la charpente enfin révélée. Tout pour que jeux de poutres et de volumes dessinent le domaine des aînés, Batiste et Pénélope. Chambres, petit dressing, adorable salle de bain bois à l’ancienne et même vaste chambre d’amis-salon TV-bibliothèque.
Alors, il ne reste rien de la structure d’antan ? Que nenni ! Le coup de charme d’Aude est d’avoir su garder les lignes directrices de la trame de la maison : les perspectives de ses murs porteurs, ses plafonds corniche, son escalier bois en extrémité, ses parquets… Et puis, pas férue de froid contemporain partout, la jeune femme s’est attachée à dessiner des pièces “pas trop grandes où on se sent bien”. Comme ces 2 salons du bas, dont l’un abrite le coin vidéo-ordi des enfants. Et puis, loin de toute prétention «objets d’art et de design», son inspiration déco vibre de bonne humeur, de chaleur… et d’esprit de famille tout simplement.
SO CHIC, LA VIE SANS «CHI-CHI» !
Oui, la déco de la tribu Dumont lui ressemble : toute en spontanéité et complicité. Presque un côté «maison des champs». “On vit avec 4 enfants et 2 chiens, pas dans un musée!”, s’amuse Aude. Alors, place à l’entente joviale entre styles et envies ! Avec beaucoup plus de trouvailles que d’apparat. Oui, dans la cuisine, le lustre à pampilles «antiquaire» («cadeau de mariage !») et la table Louis Philippe font de l’œil au piano cuisine champêtre. Oui, dans la salle à manger/jouer, les chaises d’écolier font penser à une boîte de crayons de couleurs. Oui, dans le petit salon «adulte», cheminée, mur de bardage «noble» et lumière dorée sont décontractés par des fauteuils «peaux de vache».
Oui, ici et là, la contemporanéité des aménagements et des couleurs pimpantes font ménage sans façon avec tableaux de famille, objets fétiches de chacun, meubles chinés, petites commodes désuètes : “On les a toujours emmenées partout avec nous !”
Photos : Frenchie Cristogatin
