l’agriculture urbaine : bonne pioche !

8 Avr 2017

Silence, ça pousse !

Fermes verticales, serres, potagers sur les toits, jardins partagés… L’agriculture est à la mode dans les villes. Fruits et légumes poussent désormais entre béton et bitume. Chambéry, Grenoble ou encore Annecy ont emboîté le pas d’un phénomène planétaire. La cité lacustre consacre même sa semaine du développement durable en avril à cette activité. Lubie de bobos capricieux, attaché-case dans une main et râteau dans l’autre ? Gadget pour verdir des programmes politiques ? Ou vraie perspective de développement durable ?

De Detroit à Tokyo, en passant par Jakarta ou Paris, cette pratique se diffuse désormais dans le monde entier. Friches industrielles mises en culture, toits exploités, jardins partagés, une véritable déferlante verte s’abat sur nos métropoles. Pas moyen d’y échapper ! Même le toit des Galeries Lafayette à Paris est devenu un jardin bio de 1000 m2… Et ce n’est pas pour amuser la galerie ! 400 kg de fraises ont été récoltés en 2015. Le vieux tube d’Elli Medeiros «Toi, toi mon toit» se serait-il transformé en «toit, toit mon toit» d’Elle y met des roses ??

Phénomène longtemps marginal, l’agriculture urbaine creuse son sillon depuis quelques années déjà. Mais sa renommée s’est accrue avec le succès du film «Demain», de Cyril Dion et Mélanie Laurent.

Quelques citadins las des crises alimentaires (vache folle, grippe aviaire), ou autres adeptes de Pierre Rabhi, le vieux sage ardéchois, ont fondé des associations pour mettre en culture les villes et leurs alentours. Les «Amap» ou encore les Colibris et leurs «incroyables comestibles» ont fleuri un peu partout pour faire de nos espaces urbains un immense jardin partagé, et de leurs habitants des jardiniers-citoyens. Biner et labourer devient aujourd’hui quasiment un acte politique. Sarcler les mauvaises herbes, c’est changer le monde. Faire la greffe générale c’est préparer la révolution. “Tu en as marre de voter ? Plante des carottes !”. Une autre manière de faire une «campagne» électorale finalement. Marx, Lénine !!! Réveillez- vous, il y a des rosiers à tailler !

LE BONHEUR N’EST PLUS DANS LE PRÉ

Les jardins potagers urbains remportent donc un succès inattendu. On ne compte plus leurs adeptes. L’idée germe tellement facilement ! Chacun se dit “puisque mon pote y va, tous ses potirons !” Marie-Antoinette se prenait autrefois pour une bergère, eh bien vous, vous pourrez jouer à Nicolas le jardinier (bon, pas trop longtemps quand même !) avec vos enfants dans un jardin partagé, planter vos salades ou arroser votre basilic sur le toit de votre immeuble en compagnie des autres copropriétaires. Bref, faire la fête des voisins autour d’un sac de compost et d’une brouette, en épluchant le dernier catalogue Botanic, c’est quand même autre chose que siroter une mauvaise sangria avec la voisine revêche du rez-de-chaussée, non ?!

A Annecy, ce rêve est désormais à portée de gants. La Venise des Alpes a mis à la disposition de jardiniers amateurs 146 parcelles, réparties sur 6 sites. L’un d’eux, le «jardin de Vignières», compte, depuis son ouverture en 2014, 50 parcelles, exploitées par des particuliers mais aussi deux associations. Règlement intérieur commun, barbecue collectif mensuel, tout est fait pour assurer une convivialité maximale. Love is in the air, tout le monde sème ! Précisons tout de même au passage que «jardinage à-mateur» ne signifie nullement que vous aurez la possibilité de reluquer à votre aise votre voisine pendant qu’elle plante ses radis. Vous risqueriez de prendre un râteau et de vous couper toute envie de labourer. Prenez-en de la graine !

TÊTE BÊCHE

En fait, si les jardins urbains poussent comme des champignons, c’est parce qu’ils répondent parfaitement aux nouvelles exigences économiques, écologiques et sociales de notre époque. Privilégier les circuits courts pour s’alimenter, bâtir un cadre de vie plus agréable, créer des emplois, tisser des liens entre les habitants, par-delà leur appartenance sociale ou générationnelle, autant de perspectives prometteuses offertes par cette activité en plein essor. Sans oublier la fonction pédagogique, éducative, et même thérapeutique, puisque le jardinage, ne l’oublions pas, permet de stimuler efficacement les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Une espèce de labourage de crâne finalement… Le projet de Fermaculture, prévu en périphérie d’Annecy, et soutenu par de multiples acteurs, bénévoles, associations, pouvoirs publics, s’inscrit exactement dans cette logique de développement durable. En effet, la future ferme urbaine aura bien sûr un objectif agricole et environnemental, mais sera aussi, cerise sur le gâteau, créatrice d’emplois et de lien social.

QUI DORT BINE

Mais on entend d’ici les critiques des empêcheurs de biner en rond ! “L’agriculture urbaine n’a rien d’une nouveauté !“, “Elle est incapable de nourrir une ville !“. Historiquement en effet, les champs, les vignes, l’élevage, ont toujours existé au sein des villes. Donc rien de neuf sous la tonnelle ! Et c’est encore le cas aujourd’hui dans bien des villes de pays en développement. Par ailleurs, il est clair qu’une ville autosuffisante relève de l’utopie. Au Moyen-Age, comme aujourd’hui, les légumes qui poussent en ville nourrissent davantage les histoires et les conversations qu’ils ne remplissent les estomacs. De plus, les obstacles sont nombreux. Contraintes techniques ou juridiques pour cultiver un toit, ou un sol pollué par exemple. Sans parler de la pression foncière qui menace l’activité. Que faut-il privilégier ? L’espace agricole ou le logement ? Au lieu de jardiner, vous pourriez vite vous retrouver à maçonner ! A Chambéry, les jardins de la Cassine ont ainsi bien du mal à cohabiter avec les projets d’aménagement de l’agglomération.

Pourtant, dans un monde de plus en plus urbanisé, l’agriculture en ville n’est-elle pas une piste qui mériterait d’être labourée ? Même Voltaire l’écrivait : « Il faut cultiver notre jardin » ! Et au pire, si vous êtes vraiment trop bêcheur et que les conversations de jardiniers vous saoulent, filez chez Ikea. L’enseigne suédoise propose en effet aux citadins de construire chez eux leur propre jardin bio intérieur ! Impossible de se planter !

© julie, Groupe Galeries Lafayette Paris, Pierre Mathieu de Fossey / Ville d’Annecy, David Pereiras

Emmanuel Allait

Emmanuel Allait

Chroniqueur SURNOM : Manu. Mais je préfère qu'on m'appelle Emmanuel. Un peu long, mais plus c'est long, plus c'est bon, non? PERSONNAGE DE FICTION : bob l'éponge. J'ai passé 40 ans à faire la vaisselle et ce n'est pas fini ! Je suis un spécialiste. OBJET FETICHE : un stylo plume. Beaucoup plus classe qu'un ordinateur. Ou une montre, automatique bien sûr. Regarder le temps qui passe pour en profiter au maximum. ADAGE : mon cerveau est mon second organe préféré (woody allen). JE GARDE : joker. JE JETTE : mes pieds. DANS 20 ANS ? je serai sur une scène, guitare à la main, pour jouer Europa de Carlos Santana. presse@activmag.fr

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