XXe siècle projet centr’halles
LE CŒUR BATTANT D’UN CENTRE- VILLE, CE SONT SES COMMERCES. ILS RYTHMENT LES FLUX, DONNENT LA PULSATION. A CHAMBÉRY, LA VIE – ET SURVIE – DES HALLES EST DONC UN ENJEU MAJEUR DANS SON DÉVELOPPEMENT.
En 1936, les halles métalliques, inspirées des halles parisiennes de Victor Baltard, s’avèrent trop petites. Elles ont été construites, comme l’Hôtel de Ville, au lendemain de l’Annexion de la Savoie par la France. Mais après une chute démographique due à la fin de la Première Guerre Mondiale, Chambéry se repeuple, et malgré la crise économique, gagne 10 000 habitants entre 1920 et 1939. La ville s’étend au-delà de ses limites traditionnelles et fait sortir de terre de nouveaux types de bâtiments, immeubles haussmanniens et pavillons. Elle change d’échelle, les halles doivent suivre.
HALLES ATTAQUE !
On propose donc de doubler leur surface et d’y ajouter un gymnase, dans un projet mené par les frères Raymond et Pierre Bourdeix -dont le nom sera notamment associé, après-guerre, au barrage de Génissiat-, qui implique la destruction des anciennes prisons, sur la place adjacente, et fait la part belle au béton armé. Ce n’est pas le premier bâtiment du genre à Chambéry, puisque l’armature du Grand Magasin des Dames de France, construit 12 ans plus tôt, utilise déjà ce procédé. Mais s’il constitue, pour l’époque, une prouesse technique, c’est notamment pour la réalisation de ses larges auvents, sans piliers, une première sur un ouvrage de cette taille. Son modernisme s’exprime aussi par le refus de tout ornement superflu et la mise en exergue des piliers supportant les poutres.
Mais l’ensemble ne vieillit pas très bien. Dans les années soixante-dix, les équipements sportifs sont obsolètes et les halles ouvertes une seule matinée par semaine… La Municipalité entame donc une réflexion sur l’avenir du bâtiment. On parle parking, rajeunissement, pour finalement opter, en 1981, en faveur d’un lifting a minima. Ce n’est finalement qu’en 2009 qu’un véritable projet de rénovation est lancé : tout en conservant une partie du bâti ancien, les cloisons internes sont abattues pour accueillir de nombreux commerces, des franchises, un multiplexe… La presse locale parle alors du chantier de la décennie, qui modifiera considérablement la vie du centre-ville.
Avec la collaboration de Sylvie Tomasena, guide-conférencière du service Ville d’art et d’histoire de Chambéry / © G. Garofolin