pas de pacotille !
Qu’elle travaille le laiton, l’argent ou l’or, quand il s’agit de créer des bijoux, Elsa Bénot n’a qu’un objectif en tête : concevoir et façonner une pièce unique et épurée qu’on ne voudra plus quitter, matériau noble ou pas !
D’abord attirée par le stylisme, Elsa Bénot, créatrice d’origine bretonne, se forme aux Beaux-arts, puis s’en va naviguer en quête de beaux paysages : l’Irlande pendant un an, les Amériques dans la foulée.
CHANGEMENT DE CAP
A son retour en France, elle change de cap pour une remise à flot. Le stylisme offrant peu de débouchés, une reconversion est de mise : la bijouterie. En choisissant l’Afedap, une école à Paris orientée bijou contemporain, elle intègre un champ d’étude proche de la recherche qu’elle affectionne particulièrement. Elle n’a donc pas besoin de ramer.
“A partir de dessins, j’extrais des formes et des volumes que j’envisage sur le corps, puis les transforme en bijoux. Il doit avant tout mettre en valeur la personne, la zone du corps où il sera situé”. Une paire de boucles d’oreilles longues viendra souligner un port de tête, des pierres viendront illuminer un décolleté… “Je crois qu’une boîte à bijoux raconte une vie. Chacun témoignant d’un instant, évoquant un souvenir : un voyage, un héritage, un achat murement réfléchi ou un craquage. C’est pourquoi, qu’il soit en en matériaux nobles ou « de pacotilles », je trouve que le bijou est toujours précieux.”
Fin 2013, Elsa fait à nouveau ses valises pour ouvrir « Le Bal », son atelier-boutique à Lyon, au bas des pentes de la croix rousse, avec Violaine Bruno, sa complice styliste. “On s’apprête, on se pare, on se fait belle pour aller au bal”…
J’utilise les mêmes techniques que les carrossiers : on scie, on soude, on lime, on perce, on fraise, on martèle, puis on met en forme.
SIMPLICITÉ TRAVAILLÉE
Déjà adolescente, le dessin la passionnait. Aujourd’hui, à seulement 33 ans, ses pièces transpirent les années d’expérience qu’elle a accumulées. Les matériaux évoluent ; d’abord le laiton, puis l’argent, enfin l’or. Les pierres semi-précieuses brutes sont désormais taillées et les techniques se diversifient.
En résultent des créations brutes, minimalistes à la ligne simple et épurée. Une simplicité qui transparaît dans sa vie au quotidien. Elsa Bénot ne s’entoure que du nécessaire ; “même ma garde-robe est minimaliste” plaisante-t-elle. “J’aime les lignes qui se lisent simplement, les volumes qui se comprennent assez vite, faire des choses les plus sobres possible pour qu’elles dégagent quelque chose de fort”.
CARROSSIÈRE OU SCULPTEUSE ?
Notre créatrice a deux amours : la fonte à cire perdue et la « construction ». La première, très souple, lui permet la réalisation de formes aléatoires et induit de la sculpture, “des volumes pleins, des arrondis plus doux…”. Pour la « construction » en métal, plus tendue et rigide, elle utilise les mêmes techniques que les carrossiers, explique-t-elle amusée : “On scie, on soude, on lime, on perce, on fraise, on martèle, puis on met en forme”. Avec cette allure si douce, on l’imagine mal carrossière, mais allons bon, l’habit ne fait pas le moine à ce qu’on dit. On la croit donc.
Mais d’où lui viennent donc ces colliers et bracelets de style égyptien ? Elle avoue : “C’est vrai, j’aime bien traîner dans les musées d’archéologie au rayon « métal », regarder ces formes dont je n’ai aucune idées des fonctions, pour les envisager quelque part sur le corps”.
Et la suite ? Elsa aimerait créer des formes qui gardent l’intensité de l’esquisse, du premier jet. “Souvent, quand on cherche ensuite à rendre le bijou accessible – fini, portable ou résistant – on perd en intensité. Ça, je n’y suis pas encore, c’est un travail de longue haleine !”
+ d’infos : www.elsabenot.com