Notre monde semble se recroqueviller dans des tendances protectionnistes ? L’art de l’habit, lui, revendique plus que jamais le sans frontière style. En faisant appel à notre vraie culture mode. Celle qui reste quand on a tout oublié des discriminations.
Athleisure is the new couture
Les décalages sportwear, sweat et jogging street, évidemment on connaît. Oui mais, cette saison nous lance un nouveau défi : passer du second au 3ème degré du détournement. Unir – vraiment – équipement athlétique et allure couture. Les initiés parlent « d’athleisure ».
EN PRATIQUE, ON OSE QUOI ?
Passer directement de la séance training à la ville.
DETAILS & MATIERES TECHNIQUES
Tissus stretch brillants, effets de maille filet, bandes et couleurs de compétition… Plus on mise sur les signes de la performance, plus notre look gagne en tenue. A condition d’être au top en termes de coupe et d’associations ! Le pantalon de survêt se pense smoking fluide, porté avec chemise impeccablement rentrée, voire boutonnée collet monté. La capuche loose se glisse sous les vestes urbaines structurées. Les robes et combinaisons seconde peau adoptent la ligne de fourreaux classieux.
MIX AND MATCHE SPORTY/GIRLY/FUNNY
L’idée : garder coupes et matières, mais jouer avec des imprimés « hors jeu ».
Le sweat ? A fleurs. La jupe lycra ? Avec grosses rayures bariolées bayadère. Le legging ? Porteur de gimmicks BD… A contrario, on peut également adoucir sa mise sportive en la déclinant dans des tons pastel, rose pâle, amande… Encore une fois, question d’entraînement décalages !
PIECES MUSCLEES
Coupe-vent, parkas et vestes « outdoor » se prennent pour des trenchs et blousons fort urbains. Brassières, débardeurs et bodies de training se portent en tops chics. Fuseaux de ski et leggings de gym s’affirment en basiques. Et même pas peur du syndrome aérobic façon « Véronique et Davina»! On maîtrise la tonicité des contrastes. K-Wayf lashy sur robe de dentelle blanche ou bohême fleurie. Bas lycra avec chemise oversize asymétrique. Tee-shirt logotypé label sportif mythique enserrédans une jupe crayon…
LE SIGNE QUI NE TROMPE PAS
Les « collabs » entre créateurs sport et couture se multiplient : Stella McCartney et Adidas, Louis Vuitton et l’enseigne skate Supreme… Dans la même mouvance, le sportwear surenchérit de collections capsules initiées avec les it girls du moment : Rihanna et Puma, Gigi Hadid et Tommy Hilfiger…
70’s, 80’s, 90’s en total mix
Depuis le temps que l’on regarde dans le rétro, on maîtrise à fond les éternels retours de nos décennies fétiches. Oui mais, en les déclinant une par une, selon la tendance de la saison. Et bien, sachez qu’il s’agit désormais d’associer toutes nos réminiscences et de les réunir dans un même courant. C’est risqué ? Pire, c’est une vraie audace qui peut nous faire avancer les idées style.
EN PRATIQUE, ON OSE QUOI ?
Tout, à partir du « too much » de tout.
FUNK 70’S FOLKLORISE
Pensez David Bowie époque Ziggy Stardust. Jean flare, cols pointus, impressions psychédéliques, sequins disco, boots à talons carrés, jupes-culottes, robes très longues et très imprimées/brodées… A « contretempériser » sans vergogne. Pantalon flare avec pull oversize 90’s, impressions « papier peint » sur blazer caréné 80’s, jupon bohême discipliné par une ceinture-corset 90’s, talons carrés sous 7/8 taille haute 80’s…
EXCENTRIQUE 80’S EXAGERE
Pensez « working girls », Cindi Lauper et « girls want to have fun ». Vestes hyper épaulées, pantalons taille très haute, cascades de volants, boucles d’oreilles immenses… De nouveau à « contretempériser » sans vergogne. Pour les hauts, avec caleçons 90’s (on ne disait pas encore « legging » !) et jupes gipsy 70’s. Pour les bas, avec pull sans manche 70’s et perfectos 90’s.
ROCK 90’S RALLUME
Pensez Mylène Farmer, Vanessa Paradis, Gainsbourg et Lenny Kravitz. Superpositions, hauts XXL, vêtements de travail, inspiration army rock, croquenots et résilles, jean lacéré et customisé, tee-shirts à messages, dessous portés dessus, collants résilles… Encore et toujours à « contretempériser » sans vergogne. Nuisette réchauffée d’un grand trench épaulé 80’s. Santiags pimentant une robe à fleurs 70’s. Perfecto version romantique, porté avec chemise à volants 80’s. Veste jean à pin’s, délurant un pantalon flare 70’s…
LE SIGNE QUI NE TROMPE PAS
Les jeanners cultes proposent toutes les influences de jeans, toutes décennies confondues : flare, mom, boyfriend, bootcut, slim, brut, used, effiloché, customisé…
Kitschissime chicissime
Ce n’est pas la première fois que l’on nous fait le coup des mélanges d’imprimés et de la force des tonalités. Ce qui bouge ? La tendance à abolir, les notions de bon et de mauvais goûts. Au moins, on est sûre que notre personnalité, elle, ne fera pas tapisserie !
EN PRATIQUE, ON OSE QUOI ?
Tout effet d’optique, certain de ne pas passer inaperçu.
COULEURS «M’AS-TU VU»
On a toujours eu horreur de faire dans la guimauve « baby doll » ou dans le coloris qui tranche avec le « bon ton » ? Il est temps que l’on revoit notre palette du savoir-s’habiller. Or donc la déferlante de rose sur tous les tons, on y va à fond, quitte à en faire rougir notre snobisme anti-poupée Barbie®. Le vert gazon, on le cultive sans crainte de virer teint olive. Le jaune, on se l’ensoleille jusqu’à faire de l’ombre à nos idées pastel reçues. Et, évidemment, total look de color blocks recommandé !
ASSOCIATIONS DOUTEUSES D’IMPRESSIONS
On ne réinvente pas nos bases à couper le basique. Fleurs, rayures, carreaux, bestiaire… Simplement (enfin, si l’on peut dire…), on les sur-joue, on les sur-dimensionne et on y introduit, en plus, les forts décriés motifs « psyché-géométriques-tapisserie » 70’s. Plus libératoire encore, on se réapproprie la vulgarité bling des gros logos de griffes pour les tourner en dérision. On mélange les motifs, et surtout sans essayer d’harmoniser les coloris. Calmer le jeu par une introduction d’uni ? Permis… s’il est flashy (surtout pas noir ni gris, trop faciles).
ALLIANCES DE MATIERES A COUCHER DEHORS
Certes, associer tissus sophistiqués et rustiques est presque devenue notre seconde nature mode. Alors, elle est où la nouveauté saison? Le flirt assumé avec le « moche » (dont on ne sait décidément plus où est la limite). Oui,les satins lingerie et pyjamas confirment leur sortie, surtout avec le cuir de boots et/ou blouson hard rock. Oui, le sportwear affirme son urbanité, surtout quand le molleton de compétition s’acoquinent avec aériennes dentelles et/ou résilles aguicheuses. Oui, le stretch de training se sophistique, surtout lorsqu’il accompagne le tomber de trench et tuniques en popeline.
LE SIGNE QUI NE TROMPE PAS
Le soi-disant « laid » devient le nouveau « beau » couture. La preuve ? L’outrance et le détournement de logos proposés par les créateurs eux-mêmes. Bref, si l’époque nous coince le ventre, la mode, à tous les sens du terme, dans la mixture de nos habits comme dans le moulinage de nos neurones, nous invite à l’éclate. La plus «mine de rien » des rebellions, non ?
