fun ambrille et les mauvaises ondes

2 Avr 2017

habitat et bénédiction du riz

Cette année, pour donner à votre habitat plus de sérénité que l’ourlet d’une robe de bonze, on ne parle plus de feng-shui. La tendance actuelle est à la bénédiction de votre espace à vivre.

Ah, voilà un défi intéressant. Je viens de passer un apéritif chez un couple d’amis très tentures-africaines-pigments-naturels- table-basse-teck-de-récupération-matières-nobles-et-pas-d’acariens-sous-le-tatami. Je ne me moque pas, j’aime bien les gens qui font des choix. Et celui-ci me paraît plus stimulant qu’un autre, parce qu’il y a là-dessous un souci réel, au-delà de la tendance ethnique actuelle qui me fait un peu vriller les nerfs.

Deux verres de vin plus tard (bio et fin de la grappe, je dois dire), j’aborde le sujet de mes insomnies récurrentes (c’est assez pénible de dormir d’un sommeil de pétoncle pendant 76 minutes et de se réveiller, hagarde, à l’heure où les pochards s’écroulent, et d’avoir du coup la même tête qu’un pochard sans en connaître l’ivresse !). Camille, d’un geste définitif, sort d’un recoin de l’espace un grimoire impénétrable et me le fourgue entre les mains (j’en ai trois : une pour le verre, une pour les apéricubes et une pour le grimoire) en tonitruant : “Tu dois faire la bénédiction du riz ! Il y a de mauvaises ondes dans ton appartement. Ton habitat n’est pas sain, il faut que tu les fasses partir. Tiens, regarde, c’est tout expliqué là, je te prête le livre”.

Donc, là, à l’heure où un être normalement constitué fait la cuisine, regarde la télé, joue avec ses enfants, répare une horloge comtoise, écoute les commentaires de Nelson Montfort ou se brosse les dents, je prépare la bénédiction du riz, parce que “le riz est un symbole de bénédiction” (dixit l’ouvrage, mais c’est vrai qu’en y réfléchissant bien, quand on balance 3 tonnes d’Oncle Ben’s sur la tête des mariés, ce n’est pas pour leur souhaiter un avenir à la Dracula). Or, je lis qu’il me faut au moins 2 kg de riz cru.

L’idée de répandre 2 kg de petits grains dans un studio de la taille d’un emballage de barre chocolatée me fait un peu frémir, mais soit ! C’est pour la bonne cause et si grâce à ça je dois dormir jusqu’au moment où les tripodes envahiront la planète, je veux bien sacrifier à cette coutume ancestrale.

LE PIRE EST À VENIR

Il faut AUSSI une cuillerée à dessert de poudre de cinabre (il est bien évident que tout un chacun possède dans sa pharmacopée, à l’instant pile poil T, un flacon de poudre de cinabre qui fait «ppppsssssshhhhiiiii» quand on le débouche). ET une bouteille d’alcool pur, achetée pour la circonstance, non ouverte (lorsque j’achète une bouteille d’alcool pur, ce n’est pas pour la bénédiction du riz, mais pour un usage un rien plus pratique, comme nettoyer une plaie purulente ou déboucher un tuyau… Je me demande si je peux utiliser une vieille bouteille de béthadine).

Bon. Au point où j’en suis, je me dis que balancer, çà et là, de petits grains de riz en les aspergeant de «Château Les Amoureuses cuvée 2003» et d’un zest de curry (pourvu que je croie que c’est du cinabre) donnera peu ou prou un résultat identique. Je me dis aussi que si je n’avais pas eu de riz, j’aurais pu tout aussi bien le remplacer par de la polente ou des lentilles, je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas. J’ai donc tous les accessoires nécessaires.

HORS, il faut aussi exécuter une MUDRA pour que ça fonctionne. Une mudra est une figure réalisée avec les doigts d’une main (compte tenu de la complexité de la chose, je m’étonne qu’il ne faille pas l’exécuter avec les pieds. Du coup, je trouve ça un peu trop facile, voire suspect), destinée à renforcer l’action (je m’excuse, mais projeter 3 sacs de riz à l’intérieur d’une boîte à pilules n’est déjà pas chose facile, alors s’il faut en plus le faire en traçant des formules sacrées dans les airs, ça ne va pas être possible). Donc, sachez que si on vous fait un doigt d’honneur, ce n’est pas un doigt d’honneur, mais une mudra, selon l’hémisphère.

BON, EN FIN DE COMPTE…

Or donc voilà comment je vois les choses. Je vais faire cuire le riz et le manger, je vais boire la bouteille de béthadine, je vais exécuter une mudra en appuyant sur la télécommande tout en enlevant une chaussette, et je vais prendre un xanax avant de bouler au futon.

Pascale Godin

Pascale Godin

Journaliste
SURNOM: Ficelle ou Momotte. PERSONNAGE DE FICTION: les frères Bogdanov. OBJET FETICHE: mon premier stylo plume. ADAGE: le temps passe et les œufs durs. JE GARDE: mes cicatrices. J'ECHANGE: échange fesses concaves contre fesses convexes. DANS 20 ANS? Déambuler à Honolulu. Ou Honolulu en déambulateur.

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