airbnb & effet perv’air !

28 Fév 2018

airbnb nous pompe l’air !

Vivre comme un New-Yorkais à New York, comme un Genevois à Genève, un Annécien à Annecy… Vous en rêviez, airbnb l’a fait ! Du Puy-de-Dôme au Mont Blanc, il est désormais possible de réserver un logement dans plus de 2600 villes et villages de la région. Mais la start-up californienne, victime de son succès, est aujourd’hui dans le collimateur des hôteliers et des pouvoirs publics. Jugeant les pratiques d’airbnb «gonflées», ces derniers n’hésitent plus à légiférer. Le «soufflé» pourrait-il retomber ?

«C’est une maison bleuuuuuuue, accrochéééee à la colline… ceux qui vivent là ont jeté la clef». Maxime le Forestier, père spirituel d’Airbnb ? Car c’est là, à San Francisco, au cœur de la Sillicon Valley, aux côtés des Google, Apple, eBay et autre Facebook, qu’Airbnb est née, en 2008. Quelle success-story ! La petite start-up a grandi, pour devenir un véritable Frankenstein de l’économie numérique, un monstre incontournable qui écrase tous ses concurrents, Wimdu ou Abritel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 3 millions de logements, 34 000 villes, 192 pays.

LA BULLE AIRBNB

Le phénomène est avant tout urbain. 1000 logements proposés à Genève ou Annecy, 570 à Lausanne. En quelques clics sur une interface numérique simplissime, loueurs (ou hôtes dans le jargon), et voyageurs sont mis en relation. Tout le monde y trouve son compte. Le propriétaire, d’abord, qui, en louant son canapé, son appart ou sa maison, met du beurre dans ses épinards. Et en l’occurrence, ce serait plutôt de la truffe dans la tartiflette. Un hôte Airbnb en Auvergne-Rhône-Alpes complèterait ainsi ses revenus de près de 1 700€ par an en moyenne. Peanuts à côté de certains, à la tête de petits empires locatifs, comme la vaudoise Jasmina Salihovic, «la reine d’Airbnb», avec ses 105 adresses référencées, soit 496 lits ! Airbnb ou «Abus-nb» ?

Cerise sur le gâteau, le loueur peut choisir son client, comme sur Adoptunmec. Exit le type chelou, avec de mauvais commentaires ou une sale tête. En revanche, welcome la jolie Suédoise, qui pourrait même bénéficier d’une promotion (sur le) canapé si elle a un profil avenant. Love is in the «air-baby» !

ETRE DANS LE VENT AVEC AIRBNB

Si l’on en croit le slogan de la firme californienne, les voyageurs, pourront, eux, «vivre comme des locaux» à des tarifs plus abordables que les hôtels. Et comme on dit à la Sncf, vivre comme des «locaux motive»… Finies les nuits dans un miteux hôtel de périphérie. Place à la vie de bobo ! La force de la start-up est d’avoir su capter ces touristes qui ne veulent surtout pas avoir l’air d’en être. Car l’airbnbiste n’est plus un touriste. C’est un local. Il ne part pas en vacances, il vit une «expérience». A l’instar du Genevois ou de l’Annécien, il parcourt les rues sur son vélo, porteur bien sûr, avec l’inévitable cagette en bois sanglée sur le porte-bagages, remplie de légumes bio achetés au marché, s’arrête boire un macchiato dans un coffee-shop avec wi-fi (car notre voyageur est évidemment connecté au monde) ou siroter un jus centrifugé-bon-pour-la-santé, avant de, pourquoi pas, finir par une séance de yoga au bord du lac.

Airbnb est l’épicentre de cette «République bobo», férocement décrite par les journalistes Laure Watrin et Thomas Legrand. Le réflexe de tout voyageur. Le summum de la coolitude. Faites le test dans votre entourage ! “On part à Lisbonne en mai” “Ah oui, tu loues avec Airbnb ?”. “Oui, on a trouvé un appart super bien situé, dans l’Alfama, avec vue sur le Tage, c’est spleeeeeendide !”. Avouons-le, c’est quand même autrement plus classe que le combo marcel-pantacourt-chaussettes-sandales des bidochons en goguette dans un camping languedocien.

Pour les villes concernées, l’impact économique de ces cohortes de visiteurs semble évident. Airbnb l’évalue à près de 500 millions d’euros pour la région Auvergne-Rhône-Alpes sur la dernière année. Avec donc des emplois induits dans la restauration, le transport ou la culture.

EFFET PERV’«AIR»

«Alors, il est où l’problème, il est où ???» pourrait chanter Christophe Maé. Car les critiques fusent. «Se sentir partout chez soi», belle idée ! Mais du coup, tous les appartements finissent par se ressembler. Partout le même mobilier vintage et la même déco pseudo industrielle. Sans parler des nuisances sonores occasionnées par le va et vient incessant des touristes qui se succèdent dans les locations, au grand dam des voisins. Bruits, alcool, concerts de valises à roulettes ! Samsonite aigüe garantie ! Plus grave, la confiscation du parc locatif local au profit du tourisme. Avec des conséquences multiples : pénurie de logements pour les locaux, muséification des centres-villes dont les habitants sont chassés au profit de locations de tourisme plus rentables. Airbnb, c’est bienvenue dans le monde merveilleux d’Amélie Poulain !

A la pointe du combat contre le Goliath californien, les hôteliers, déstabilisés par ce nouveau modèle économique. Ils réclament un meilleur encadrement des pratiques locatives, qui pour l’heure, bénéficient d’un flou juridique.

AIRBNB, PAS «D’ACCOR» !

Marc Léonard, propriétaire du Splendid à Annecy, et président départemental des hôteliers pour la FAGIHT (fédéra tion autonome générale de l’industrie hôtelière touristique), dénonce la concurrence déloyale de ces «barbares du Net» et prévoit, à terme, la mort de l’hôtellerie traditionnelle si rien n’est fait. L’enjeu financier est énorme. Selon ses estimations, Airbnb réalise sur l’agglomération annécienne un chiffre d’affaires compris entre «15 à 20 millions d’euros» et un bénéfice net évalué à «2,5, voire 3 millions d’euros». Mais la menace ne serait-elle pas un peu exagérée ? Sur les 2600 communes où Airbnb est présent en région Auvergne-Rhône-Alpes, 2/3 sont dépourvues d’hébergement hôtelier. Donc sans Airbnb, pas de vacances possibles à Triffouillis-les-Oies. Mais la violence des attaques amène les pouvoirs publics à réagir. New York ou Berlin ont déjà pris des mesures pour restreindre l’usage de la plate-forme locative. La Yaute suit le mouvement. Annecy a ainsi décidé d’imposer le paiement de la taxe de séjour à Airbnb. Genève traque la sous-location sauvage des appartements, Chamonix impose une durée minimale de séjour. Une réglementation indispensable pour un traitement équitable, estiment les hôteliers.

L’orage gronde et les nuages s’amoncellent au-dessus d’Airbnb. Trou d’air en perspective. La Savoie et la Suisse seraient-elles le début de son chemin de «croix» ?

© Bashkatov © benjamin fontaine

Emmanuel Allait

Emmanuel Allait

Chroniqueur SURNOM : Manu. Mais je préfère qu'on m'appelle Emmanuel. Un peu long, mais plus c'est long, plus c'est bon, non? PERSONNAGE DE FICTION : bob l'éponge. J'ai passé 40 ans à faire la vaisselle et ce n'est pas fini ! Je suis un spécialiste. OBJET FETICHE : un stylo plume. Beaucoup plus classe qu'un ordinateur. Ou une montre, automatique bien sûr. Regarder le temps qui passe pour en profiter au maximum. ADAGE : mon cerveau est mon second organe préféré (woody allen). JE GARDE : joker. JE JETTE : mes pieds. DANS 20 ANS ? je serai sur une scène, guitare à la main, pour jouer Europa de Carlos Santana. presse@activmag.fr

pis paul : saut dans le temps… X

J’AI BEAU GDANOV, JE N’EN MÈNE PAS BIEN LARGE !

Suivez nous !

et ça, t’as vu ?

MONTREUX JAzz

L'INCONTOURNABLE - S’il y eut réellement, un jour, le feu au lac, c’est bien à Montreux, en 1971 au Casino, et l’événement inspira à Deep Purple son mythique Smoke on the water. Tout à Montreux est donc légende, des affiches aux jam-sessions surprises, en passant par...

pis paul : saut dans le temps… X

J’AI BEAU GDANOV, JE N’EN MÈNE PAS BIEN LARGE !

Quelles clés pour fermer sa société ?

ET 1, ET 2, ET 3… POUR REPARTIR À ZÉRO

PSYCHO : FINIR SUR UN SOURIRE

Un adieu peut-il être joyeux ?

basta cosi !

Basta Cosi, c'est toute la cuisine traditionnelle italienne avec une pointe de modernité, une carte élaborée à partir des meilleurs produits venus directement d'Italie, pâtes fraîches artisanales, charcuterie italienne DOP et IGP, viandes et poissons frais. La pâte à...

DESSERT CRAQUANT

Chic, c’est l’été !

pIS pAUL, bEST OF

STARS AU COMPTOIR

RECETTE D’ÉTÉ

Pour changer des salades…

Pin It on Pinterest

Share This