dossier / les tire-fesses passent à confesse : avoriaz

19 Jan 2019

avoriaz fantaskique !

Avoriaz, si vous étiez un signe astrologique ? Quand on voit ma tête, on se dit forcément que j’ai une fibre artistique forte, non ? Ça sent le déconditionnement, la perte de contours précis, la recherche d’un esthétisme inédit, le mystère surtout, et le poisson. Ça sent le poisson aussi.

Si vous étiez une personnalité emblématique ?
Je serais Jacques Labro, l’architecte qui m’a donnée forme, qui a façonné mon identité. Il était tout jeune, et n’avait pas encore dessiné grand’chose avant que le promoteur Gérard Brémont ne lui confie le projet. Mais il a su jouer avec la neige en lui donnant la possibilité de se poser sur les pans inclinés de mes toitures et façades. Ici, on ne chasse pas la neige, on l’utilise pour faire circuler les skieurs et habiller les immeubles.

Si vous étiez un champion ?
Jean Vuarnet, évidemment ! Quand son histoire rencontre la mienne, il n’est alors plus skieur professionnel, mais c’est sa connaissance des autres stations, américaines ou suisses qui l’a fait m’imaginer telle que je suis, sans voiture, skis aux pieds… M’imaginer tout court d’ailleurs !

Si vous étiez un Festival ?
Même si le festival n’a duré que 20 ans, et que la dernière édition remonte à 1993, je reste indissociablement liée au film fantastique et inversement ! (voir focus)

Si vous étiez un film ?
Je serais «Duel» de Steven Spielberg, le 1er film récompensé par le festival en 1973. Aucun rapport avec les relations que je peux entretenir avec Morzine… Bah non…

Si vous étiez un personnage fictif ?
«Elephant Man» de David Lynch, récompensé à Avoriaz en 1981, avec sa physionomie hors norme, il est déstabilisant, incompris, un peu comme je l’ai été dans les premières années.

Si vous étiez un livre
La Rouge et la Noire, je vise plutôt les bons skieurs…

Si vous étiez une chanson
Mon HLM de Renaud ? “Au troisième, dans mon HLM, Y’a l’espèce de connasse, celle qui bosse dans la pub’, l’hiver à Avoriaz, Le mois d’juillet au Club”. Voilà bien l’idée que les gens avaient de moi dans les années 80, une station huppée, snob, pimbêche.

Si vous étiez un événement marquant
Et bien la fin du Festival, en 1993 et, avec elle, le changement d’image de la station.

Si vous étiez un art ?
L’art-chitecture… évidemment, pour laquelle j’ai reçu le label «Grande réalisation du patrimoine du XXème Siècle». Et oui…

Si vous étiez un people ?
Pendant les 20 ans du festival, j’étais the place to be, les people m’adoraient : Johnny et Sylvie, puis David et Estelle, Serge et Jane, Brian (de Palma), David (Lynch), Steven (Spielberg)… Aujourd’hui, seul le couple Kouchner-Ockrent possèderait encore un pied à terre, ici. Mais l’hiver dernier, j’ai croisé Sylvie Tellier, la patronne de Miss France, ou encore Joey Starr et Karine le Marchand.

Si vous étiez une pratique originale ?
Human bowling (à l’occasion du Snowboxxx Festival du 23 au 25 mars).

Si vous étiez une année ?
1967, l’année de mon inauguration officielle.

Si vous étiez un âge ?
La cinquantaine rock et sexy, comme Sharleen Spiteri.

Si vous étiez un alcool ?
Je serais l’Abricotine, du nom de ma piste la plus longue.

Si vous étiez une spécialité culinaire ?
Un gratin de «Crozats» ! Ça, c’est une de mes plus belles pistes noires…

Si vous étiez une devise ?
A vaut pas rien, finalement… Parce qu’à l’origine Avoriaz signifierait «ne vaut rien».

Si vous étiez un sujet tabou ?
Le cash… Il se dit qu’il y en aurait beaucoup qui circule ici…

Si vous étiez un complexe ?
De supériorité peut-être… évidemment, ma situation haut-perchée impose une vision en plongée sur le reste de la vallée… 

Si vous étiez un animal ?
Un Gorille des neiges, M. Shreddie, la mascotte du Stash, mon snowpark écolo.

Si vous étiez une activité hors neige ?
La natation dans la jungle d’Aquariaz.

Si vous étiez un souvenir kitch ?
Un t-shirt «J’ai skié le Mur Suisse et j’ai survécu».

Si vous étiez une blague ?
«La crise ? C’est quoi ?…»

Si vous étiez un accessoire de mode ?
Une cravache, puisqu’on ne circule dans les rues de la station qu’en calèche.

Si vous étiez une légende ?
Brigitte Bardot aurait acheté un chalet ici, mais n’y aurait jamais habité, car son lit ne rentrait pas dans la chambre… ou parce qu’elle serait tombée amoureuse d’un moniteur de Méribel. Et Regine Deforges, l’auteur de la Bicyclette Bleue, aurait tenu la première maison de la presse.

Si vous étiez une caractéristique physique ?
Longiligne, étirée, charpentée…

Si vous étiez une position sexuelle ?
Le traîneau, c’est un peu comme la brouette, mais ça glisse mieux !

FOCUS AVORIAZ

Le Baron Perché

Ala fin du 19ème siècle, le Baron de l’Epée est l’un des premiers à tomber sous le charme d’Avoriaz – Avoreaz à l’époque. Ce personnage fantasque chasse souvent sur les hauteurs du Lac de Montriond, au bord duquel il s’est fait construire un grand chalet. Quand il ne tente pas de colmater le fond du Lac, régulièrement à sec pour cause de fuites, ou quand il ne s’essaie pas à la montgolfière – retenu par des câbles en acier, et au bout des câbles, des Morzinois, on n’est jamais trop prudent – il court le gibier avec ses chiens. Au cours d’une de ses déambulations, il découvre le Plateau, qui devient son territoire de chasse privilégié. Après le Baron, le gibier restera longtemps le motif principal d’expédition vers les pentes des Hauts-Forts, qui surplombent Avoriaz.

Lâchez les rennes

Pour Gérard Brémont, le promoteur d’Avoriaz, il n’y a pas plus évocateur, pour une station sans voiture, qu’un traîneau tiré par des rennes. En 1966, il en fait donc venir de Laponie. Sur le chemin qui les mène du Havre, où ils ont débarqué, aux sommets chablaisiens, les bêtes entament une tournée des grandes villes de France. En véritables teasers vivants et ruminants de ce que va proposer la station, ils finissent même par défiler sur les Champs Elysées. Mais une fois sur place, le mythe devient réalité. La Laponie, c’est plat, pas Avoriaz. Les rennes ne s’y font pas. Les descentes surtout s’avèrent périlleuses, le traîneau rattrapant souvent l’animal censé rester devant. Certains même prennent la poudre d’escampette ! Les Morzinois ont vite fait de les remplacer par des canassons, moins capricieux… Mais malgré sa présence furtive, le renne resta longtemps l’emblème d’Avoriaz, tirant un traîneau sur son logo.

Fantastique Festival

Tous mythiques qu’ils soient, les rennes ne suffisent pas à faire la notoriété d’Avoriaz. Pour qu’on parle d’elle, il faut des strass et des paillettes, du people, de la starlette. Ça tombe bien, Gérard Brémond, passionné de jazz et de cinéma, a un carnet d’adresses long comme le bras. Il ne tarde pas à faire défiler le tout-Paris sur un Plateau encore en chantier. Mais pour que les vedettes reviennent, il en faut plus… En 1973, naît donc le Festival du Film Fantastique. Lionel Chouchan, son complice dans cette aventure, est doué pour trouver les bons réalisateurs et les acteurs en vue; à l’affiche, des films comme Duel ou Soleil Vert font le reste, les médias se bousculent. Les célébrités aussi, pendant 20 ans.

Une période exaltante, mais surtout une grande opération de séduction pour attirer de futurs partenaires, remplir la station à une période creuse et finir évidemment par vendre ses appartements. En 1993, quand le festival s’arrête, on soupçonne d’ailleurs Gérard Brémont de se retirer parce que son offre immobilière est terminée. Il répond que les films sélectionnés baissent en qualité et que la station a finalement du mal à se trouver. Les prestations et commerces ne correspondent pas aux attentes d’une clientèle aisée séduite par son image mondaine, cette même image qui rebute, à l’inverse, une clientèle familiale et sportive. Le Festival d’Avoriaz est mort, vive le Festival !

+ d’infos :
Avoriaz, l’Aventure Fantastique, de Chantal Bourreau, éditions Les Fontaines de Siloé. 2004

Steven Spielberg, Roman Polanski et Sissy Spacek dans le cadre du festival d’Avoriaz, 1976

©oreli.b / LAINE ©oreli.b Si vous étiez un livre ? La Rouge et la Noire, je vise plutôt les bons skieurs… / © DR / © Editions de l’Epure & Gérard Dufresne

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