cher père noël… on se la refait !

10 Déc 2017

changement de programme !

Je vois déjà ton soupir blasé et tes sourcils haussés de concert… Tu te demandes ce que je vais encore pouvoir te sortir… Pourtant, cette année, je n’essaierai pas de débaucher madame ou de te faire remplir mon caddie, non, crois-moi, pour une fois, je suis animée des meilleures intentions qui soient…

Voilà : tu as dû recevoir la trilogie de lettres de ma triplette, enfin, leurs annuaires – je sais, l’affranchissement m’a coûté l’œil gauche… Le droit n’avait plus suffisamment de valeur-. Parce que chaque année, c’est la même chose : pupilles dilatées, langues pendantes, elles se jettent, comme une meute de lectrices addictes à la sortie d’Activmag, sur le catalogue JoujouClub – que le facteur, avisé, pose en trois exemplaires dans notre boîtes aux lettres – et perdent tout sens de la mesure – on dirait leur mère dans un magasin de chaussures -.

Et là, c’est open bar ! Et que je te découpe frénétiquement des pages entières de poupons, et que je te choisis, parce que “la pub à la télé elle est trop bien”, des jeux à la c.., et que je te complète le village des Playmo, celui des Lego® et la collection de Super Héros… Frénésiques, boulimiques, hystériques, elles ne sont plus qu’envie ! Quand enfin elles lâchent leurs ciseaux, rassasiées, il ne reste qu’une fine dentelle de leurs brochures glacées.

LES YEUX PLUS GROS QUE L’ANTRE

Tout ça, évidemment, pour remplir leurs coffres et placards de boîtes qu’elles n’ouvriront pas plus d’une fois, de jeux dont elles se lasseront en moins d’un mois, de poupées qui ne garderont pas longtemps leurs deux bras. Je t’épargne les heures que je passe ensuite, en cachette, à écrémer pour jeter, brocanter ou redistribuer. Bref, elles n’ont vraiment pas besoin de tout ça… Tiens, au moment où je t’écris, N°3 vit sa vie de chenille : enroulée comme un nem dans une couverture, elle avance en se tortillant à plat ventre sur le parquet ; hier, elle avait jeté son dévolu sur un seau, coincé sa tête dedans comme une autruche l’aurait fait dans un trou et traversait le salon les fesses en l’air… Je ne sais pas encore qui est avec elle dans sa tête, mais trouve-lui un joli carton, elle chérira ton nom !

RÉGIME SEC

Ce que j’essaie de te dire, c’est que, pour notre bien à tous les deux, rien ne sert de perdre ton temps à éplucher leurs listes. Va à l’essentiel : ferme les yeux, pose ton doigt au hasard sur la 1ère page et envoie tes lutins préparer le seul et unique cadeau qui aura la chance de se trouver dessous. Oui, un seul… C’est dur, mais c’est comme ça. Et tant pis si c’est un porte-clés, ça leur apprendra à sélectionner, parce que, tu le sais comme moi, trop de choix tue le choix. Comprends-moi bien, je ne cherche pas à te désœuvrer, à dévaloriser ton image ou ton activité, bien au contraire ! L’année prochaine, elles se poseront, vraiment, réfléchiront, débattront, soupèseront et sélectionneront, puis attendront, piétineront, s’impatienteront avant de déballer enfin, le cœur au bord de l’implosion. Et tu seras celui qui aura remis des étoiles dans leurs yeux…

APPEL D’AIR

Du coup, comme je t’aurais libéré du temps et de l’espace, j’aimerais, pour ma part, une paire de bottines Patricia Blanchet Aquagirl rouges, tu sais celles avec l’étoile dorée dessus ; l’intégrale des films de Fassbender, attention, pas Rainer Werner, pas Fassbinder avec un I comme Intello, non, non, Michael Fassbender avec un E comme Eh-ben-j’en-ferai-bien-mon-4h ; deux places VIP pour le concert de Beth Ditto – Elle va kiffer mes bottines ! – ; une machine à cappuccino, une fontaine à choco, et un vélo – électrique, suis pas maso. Parce que ce serait dommage de te faire te déplacer pour une hotte à moitié vide, non?…

Illustration : Sophie Caquineau

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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