à livre ouvert

7 Mar 2019

à la bibliothèque

Hier, je suis allée travailler à la bibliothèque, c’est épuisant. Lorsque vous êtes habituée à travailler chez vous, vous prenez des habitudes acoustiques assez vagues. Et surtout, vous perdez l’habitude de la vie en communauté. C’est un fait déplorable, mais c’est la loi.

Nonobstant, si vous devez consulter un ouvrage de 1955 écrit par Paul Guichonnet (comment ? vous ne savez pas qui est Paul Guichonnet ? Votre manque de culture m’afflige), il faudra bien vous y résoudre. Mais une bibliothèque est un lieu pieux. Lorsqu’une mouche pète à Hong Kong, provoquant ainsi une légère brise sur l’incunable que vous êtes en train de consulter, le bibliothécaire prend l’avion, et se fait un devoir d’aller lui arracher les ailes à la pince de forgeron. Ensuite, il revient, et toute son attitude exprime la satisfaction du devoir accompli. Ainsi qu’une certaine cruauté.

Alors vas-y, essaie d’allumer ton ordinateur sans baisser le son, tu vas voir un peu le sort qui t’est réservé, charogne.

VOUS AVEZ SOUDAIN RÉVEILLÉ PAR MÉGARDE UN TROUPEAU DE VÉLOCIRAPTORS

Vous perdez tout votre sang-froid. Vous appuyez à la vitesse du son sur 117 touches différentes, dans l’espoir que l’une d’entre elles soit en liaison directe avec Gérard Majax. Mieux, vous tentez d’entrer en contact avec Gérard Majax. Mais il est ailleurs, occupé à faire disparaître un as de trèfle quelque part entre Biarritz et le bassin d’Arcachon. Vous venez d’interrompre la lecture d’un poème de Ronsard avec votre insupportable machine, sois maudite, tu périras en enfer.

Un concert de «sshhhhh» indignés s’élève, et vous essuyez une marée de regards pleins de petits clous rouillés. D’équinoxe, la marée. Si vous ne clouez pas le bec de votre ordinateur dans la seconde, le bibliothécaire lâche sur vous le titan plein de dents jaunes et pointues enchaîné à son siège. C’est en général ce moment que choisit l’appareil pour éructer une demi-tonne d’e-mails, à grand renfort de sons iconoclastes et totalement déplacés.

Une fois que vous avez coupé le sifflet de votre ordinateur, essayez d’utiliser votre clavier en silence.

UN BON TRUC

Introduisez de petits morceaux de mouchoir en papier entre les touches, afin d’éviter le ploc ploc ploc répétitif qui va vous valoir une nouvelle volée de bois vert (autant qu’ils servent à quelque chose, ces mouchoirs. Sachez-le, vous n’êtes pas autorisé à vous moucher. Si vous avez le nez qui coule, essuyez-le sur votre manche. Ne reniflez pas non plus, c’est tabou. Et très mal élevé. ET SURTOUT, NE TOUSSEZ PAS. (A moins que vous n’aimiez le danger). Ne regardez pas votre adversaire droit dans les yeux. Continuez de travailler tête baissée, soyez humble. D’autant que votre téléphone portable, celui que vous avez oublié d’éteindre, va sonner dans 2 minutes, et vous donner l’occasion d’observer l’effet produit par une sonnerie de ferry sur un auditoire catatonique. Pour vous donner une idée, c’est un peu comme si Louis Armstrong venait trompeter «hello Dolly» à l’oreille d’un lama en méditation.

Votre téléphone s’agite en pure perte au fin fond de la doublure de votre sac de marin, dans un recoin dont vous ignoriez jusqu’alors l’existence.

PLUSIEURS SOLUTIONS S’OFFRENT À VOUS

  1. Vous abandonnez tout, en l’état, et vous partez sur l’heure en Micronésie.
  2. Vous jetez votre sac au visage du bibliothécaire.
  3. Vous restez de marbre, et vous affrontez avec une certaine suffisance l’ensemble des lecteurs. Restez digne. Dans moins d’une seconde, vous allez vous faire aplatir l’arrière du crâne par la bible de Gustave Doré.
  4. Vous plantez votre regard à l’intérieur de celui de votre voisin (ainsi qu’une poutrelle dans l’œil du titan), et vous tentez de l’hypnotiser. Et de lui faire croire que c’est son portable qui dérange tout le monde.

Sachez-le, aucune de ces possibilités ne fonctionne. Soyez fair-play, payez un coup à boire à tout le monde, jouez sur la grande solidarité humaine, parlez du réchauffement climatique, et sortez votre masse d’arme.

Une fois que vous aurez fait place nette, n’oubliez pas de rafler les portefeuilles… Ainsi que les clefs des appartements.

Pascale Godin

Pascale Godin

Journaliste
SURNOM: Ficelle ou Momotte. PERSONNAGE DE FICTION: les frères Bogdanov. OBJET FETICHE: mon premier stylo plume. ADAGE: le temps passe et les œufs durs. JE GARDE: mes cicatrices. J'ECHANGE: échange fesses concaves contre fesses convexes. DANS 20 ANS? Déambuler à Honolulu. Ou Honolulu en déambulateur.

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