Baban, l’a encore des Dadettes à la vadille ?

2 Mai 2018

mots mêlés

J’ai certainement tort : j’ai toujours beaucoup de mal à corriger mes filles quand elles écorchent les mots. Plus elles déforment, plus je me bidonne. Mais elles ont un maître à penser. En matière d’approximation lexicale, je commence donc à croire au facteur hérédité, car force est de constater que la génétique ne les a pas épargnées.

“Baban, l’a encore des Dadettes à la vadille ?” En plus de son approche poétique de la syntaxe et de la grammaire française, N°2 souffre, du 21 décembre et au 20 mars, d’une rhinite chronique, qui lui rend la prononciation difficile. Dentales et bilabiales s’emmêlent dans sa bouche et je suis encore en train d’essayer de les convertir mentalement quand l’Homme coupe court :

“Il faut vraiment qu’on l’emmène chez l’orhino.

On dit pas le rhinologue ? s’interroge N°1, qui connaît la propension de son géniteur au néologisme.

Ah, je croyais que c’était un Déologue celui qui soidye le Dez”, intervient N°2, bon sens affûté, mais sinus encombrés.

Fort à propos, et avec une élocution d’une précision qui fait d’elle un ovni au sein de cette famille, N°3 s’enquiert :

“Mais Maman, qui c’est qui nous a dit comment dire les mots, Maman ?” Au cas où j’aurais manqué la première, la deuxième interpellation nominale me rattrape par le colbac : c’est bien à moi de répondre à cette épineuse et philosophique question.

“Finis d’abord ton assiette”, lui réponds-je avec mauvaise foi, sachant que détourner son attention sur son coup de fourchette est le seul moyen de lui clouer le bec, et qu’en plus, nous en sommes tous, depuis longtemps, au dessert.

“Mais Maman, j’aime pas les carottes chaudes, Maman. Et puis le poisson et les patates non plus… Maman.”

Je négocie trois bouchées, qu’elle picore du bout des lèvres, avant de lui concéder une carotte crue et une tartine de beurre, éléments principaux de son alimentation.

ECHANGES PARANOR-MOTS

“Vous saviez que le prochain meilleur ami de l’Homme, c’est le cochon ?” tente N°1, qui a le don pour passer du coq à l’âne, mais à mon grand étonnement, lance un sujet qui n’a aucun rapport ni avec les fringues, ni avec ses copains. “C’est une fille qui racontait ça hier en études. Tu verrais comment elle s’habille – Je me disais aussi… -. Elle est en 6ème et on dirait qu’elle est en 3ème, et puis elle gratte l’amitié des pions, c’est malaisant.” Malaisant, du verbe malaiser ?…

“Oh, on joue au jeu des adibaux ?” à l’évocation du cochon, les yeux de N°2 s’écarquillent de bonheur, elle qui ne rêve pas de vivre dans une porcherie, mais dans un zoo.

“Ok, mais avec les lettres, pour faire travailler tes méninges, comme l’a dit l’orthophoniste.”

“Or-tho-pho-niste, ben voilà, c’est ça !” s’exclame l’Homme, “donc tu lui as pris rendez-vous chez l’orthophoniste ? Et alors, ça vient d’où son nez bouché ?”

“Oh le ficha !” s’esclaffe notre ado narquoise.

“Le quoi ???”

“Ben le ficha, le fichier, le dossier, quoi ! Papa ne sait même pas ce que c’est qu’un orthophoniste…”

“On ne devait pas jouer aux animaux ? Allez Bibou, on cherche des noms d’animaux avec O.”

“Chameau !” s’exclame N°3, en brandissant sa carotte.

“Mais non, il faut que ça commence par O”, corrige N°1, l’air de ne pas y jouer.

“Orange-mouton, alors ?”

“Ordithorynque !” jubile N°2. Cette enfant est pleine de surprise…

“Orthophoniste”, bougonne l’Homme en quittant la table. Un peu plus tard dans la soirée, alors que la triplette est couchée et que je termine de débarrasser, il s’avance vers moi Larousse en main et l’air inquiet: “Tu crois vraiment qu’on va régler les problèmes de rhume de N°2 en l’emmenant voir un spécialiste des troubles du langage?…”.

+ d’infos :
mavraieviedemaf.wordpress
.com

Illustration Sophie Caquineau

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

pis paul : saut dans le temps… X

J’AI BEAU GDANOV, JE N’EN MÈNE PAS BIEN LARGE !

Suivez nous !

et ça, t’as vu ?

MONTREUX JAzz

L'INCONTOURNABLE - S’il y eut réellement, un jour, le feu au lac, c’est bien à Montreux, en 1971 au Casino, et l’événement inspira à Deep Purple son mythique Smoke on the water. Tout à Montreux est donc légende, des affiches aux jam-sessions surprises, en passant par...

pis paul : saut dans le temps… X

J’AI BEAU GDANOV, JE N’EN MÈNE PAS BIEN LARGE !

Quelles clés pour fermer sa société ?

ET 1, ET 2, ET 3… POUR REPARTIR À ZÉRO

PSYCHO : FINIR SUR UN SOURIRE

Un adieu peut-il être joyeux ?

basta cosi !

Basta Cosi, c'est toute la cuisine traditionnelle italienne avec une pointe de modernité, une carte élaborée à partir des meilleurs produits venus directement d'Italie, pâtes fraîches artisanales, charcuterie italienne DOP et IGP, viandes et poissons frais. La pâte à...

DESSERT CRAQUANT

Chic, c’est l’été !

pIS pAUL, bEST OF

STARS AU COMPTOIR

RECETTE D’ÉTÉ

Pour changer des salades…

Pin It on Pinterest

Share This