mort aux trousses
C’EST LA RENTRÉE, LA DÉCHÉANCE SE LIT SUR LE VISAGE DES PARENTS QUI PRÉFÈRENT MILLE FOIS AFFICHER BONNE MINE À COURIR LE CRITÉRIUM DU COIN, QUE LE MARATHON DES RAYONS. FINIR RUINÉS ET AU BOUT DU ROULEAU, C’EST UN COUP À RESTER SUR LE CARREAU… ENCORE FAUT-IL SAVOIR LEQUEL.
Je suis prête. Adam rentre en 6e, le cap est raide, la liste cotée en bourse, mais quand faut y aller, faut y aller! Parés à partir, Alice, ma CE1, me rappelle à l’ordre, regard de chien battu en prime.
– Et moi Maman?
– Quoi, toi mon poussin ?
– Ben z’ai une liste moi aussi, dans mon cahier bleu…
– Quoiiii ????
– Attends, ze reviens.
Elle plonge la tête la première dans son cartable pour en sortir son Graal, si j’avais pu jeter l’encre en Chine, je serais déjà à Pékin.
CAHIER DÉCLASSE
A peine arrivés, leurs yeux s’éclairent comme un matin de Noël, je les mets à l’équerre d’emblée. On prend ce qui est écrit et c’est tout. On commence par la petite : des feutres à tableau, des chaussons, 4 stylos et trois bricoles, un agenda avec un chiot trop mignon maman hein ? On fait ça dans les règles, en 10 minutes, c’est plié. Mais pour Adam, c’est la guerre. 15 cahiers 24×32 à grands carreaux 48 pages, sauf pour les maths 21×29,7, 96 pages à petits carreaux sans spirale, mais avec pour la techno, petit format et sans marge, faut se mettre à la page.
JETÉ DE TABLIER
Un porte-vues pour le théâtre -facile- des feuilles simples, doubles, à dessin, millimétrées, blanches à faible ou fort grammage, ça dépend si c’est du brouillon ou pas, forcément, ça change tout : même pas décalquée la mère. J’ai le compas dans l’œil, je prends tout ce que je trouve, je récupère mon retard du rayon cahier, mais c’était sans compter sur l’arrivée des pochettes… Surprise !! Là, je jette mon tablier. Perforée, à rabat, en plastique ou cartonnée, avec ou sans élastique, molle, souple, dure ou extra rigide, je me suis emmêlée les pinceaux complet. Si je me plante, je risque de prendre une cartouche, et me faire voler dans les plumes, non merci. J’arrive tant bien que mal au bout du bout et rentre dans le dur. Au tour des petites fournitures…
LA SPIRALE INFERNALE
L’art plastique entre en matière. La liste dit : «Pinceaux : nombre et taille au choix : par exemple, un pinceau souple n°8 et 10, brosses n°12, 6 et 4.» C’est pas au choix, en fait ? Autrement pourquoi donner des numéros ! Résultat, tous les parents prennent les pas au choix, sauf moi, y’en a plus. J’ai pas le choix, quoi. Migraine, c’est sacrément tordu. Il faut des crayons 2H et HB, mais attention surtout pas 2HB ou c’est le coup de grisou ! Des feutres que par 12, sinon c’est trop, mais comme pour l’histoire, il en faut 6 maxi, on peut peut-être prendre les mêmes ou c’est grave ? Quel suspens ! Un taille-crayon, un compas de compet’, un dico, des étiquettes, une clé USB multi-matière -merci Mon Dieu- je respire de nouveau quand vient le tour des fluos : un jaune pour la physique, un vert et orange pour la SVT, 3 pour la géo dont un bleu, c’est par pack de trois, bingo vous avez tiré le gros lot !
J’ai finalement terminé dépressive à contempler la double graduation du rapporteur SURTOUT PAS METALLIQUE en sniffant la colle par paquet de 12 au rayon sans solvant. J’ai revu les tables d’additions et de multiplications avec mes enfants en «checkant». J’ai été raisonnable, j’ai mis la gomme et laissé une belle ardoise.