body medical center
ELLE EST ARRIVÉE À HEURE PILE, CHAUSSURES PLATES ET TENUE TOUT TERRAIN, ET FAIT BIEN : LE NÔTRE EST MINÉ, POUR PARLER POSITION. REGARDS CROISÉS, ŒIL QUI FRISE,
LES POSITIONS, ÇA NOUS CONNAÎT ! ÇA SENT LA RÉCRÉ ! UN CLAQUEMENT DE DOIGT ET DEUX « HOP HOP HOP » EN GUISE DE RASSEMBLEMENT, NOUS VOILÀ RÉUNIES, SAGES ET ENCORE DISCIPLINÉES, PRÊTES POUR UN COURS MAGISTRAL AUX ALLURES DE FESTIVAL !
Faut avouer, les formations organisées par la médecine du travail, sur le papier, c’est pas funky music! Partition bien huilée, ça va vite glisser: la doc, Eliane, remonte ses manches, soupire et récite son monocorde, comme si on avait le QI congelé: petite piqûre de rappel, clap 92ème sur les principes de base d’la bonne posture. On connaît le refrain par cœur, un “OK m’dame” en vocalise et le tour est joué! Mais là, surpraïiise… Elle nous annonce un plan détaillé en deux parties, la théorie et maintenant LA PRATIQUE! Panique dans l’open space, c’est mythique, deux clics, ça pique!
CHORÉ D’ESPRIT
En rang d’oignons, figées comme à l’école, on n’a pas l’habitude !!! On ressemble plus à un cats band surexcité, qu’à des bureaucats en col Claudine et derbys cirés. Talons de rigueur bien perchés, bat- tements d’air manucurés et paillettes au coin des yeux, on se la joue pestes fashion Corpo’, un air de caméra café décalé, question conneries, on assure ! D’ailleurs, on aurait peut-être dû la prévenir qu’elle entrait dans la jungle, Eliane…
SUR… EXPOSÉE
Hip hip, c’est parti!! Bien penser à écarter les jambes, à adapter sa cambrure en fonction de l’inclinaison, à garder la tête bien droite pour éviter tout dégât oculaire et ça passe tout seul! Ça a bien changé la médecine du travail, dites… C’est chaud ou c’est moi? Les filles se mordent les lèvres. Imperturbable, Eliane résiste, ne pipe mot et passe au QCM de vérification… “Moi, Moiiiii!!!”, crie Sam, émoustillée, mais quelle fayote, celle-là!!! La doc, trop contente d’en voir au moins une qui suit VRAIMENT, nous jette un œil assassin et termine. Après avoir compris qu’on se tenait ENCORE comme des manches et que la lumière bleue pouvait nous rendre plus dégé- nérées qu’on ne l’était déjà, le pire est arrivé.
ET CHAUFFE MAN’ !
“Savez-vous qu’il faut s’échauffer pour éviter le Job Trauma?” Quoiii??? Regards et bouches cristallisés, c’est une vraie question ou un lifting gratos? Nous on s’échauffe volontiers la langue et les zygomatiques au café, pour la récap’ des potins, mais du sport??? Vous voulez notre mort??? Coup de sifflet et placement de jambes, visiblement, oui. On transforme le bureau en club de gym volontaire, je proteste, je sors de chez le kiné, mon corps ne supportera pas la charge, désolée. Ma chef crie en silence “t’abuuuuses, espèce de lâche”, j’entends un doux “connasse” venir d’ailleurs, je fais le dos rond et ne plie pas! Ahah.
BODY TOUCH !
On dirait une vieille séquence de Véronique et Davina sortie de boîte décrépite au petit matin. Entre une violacée, deux essoufflées, des jambes en crabe tétanisées, et Sam, toujours au top : des spice girls sur le retour qui s’déboîtent! Mais la doc insiste, plus ça chauffe, mieux ça vaut. On remet le couvert! C’est là que Paloma, coincée en position d’étoile a mis tout le monde d’accord: les bras en l’air et à l’équerre, hyper fière de sa pose parfaite, tout son corps s’est étiré d’un coup, son body, aussi, a lâché l’affaire! Echancrure à l’air et fou rire général, il n’a pas résisté à la pression! Question étirements des tissus, c’est collector: dépitée, docteur git… va… go !