les potes aux roses…
Aahh l’amitié ! Cette béquille qui te tient quand tu vacilles, ce coup de fil en pleine nuit quand tu déprimes, cette main que tu mords quand la cire t’épile. C’est précieux, mais y’a des jours, tu passerais bien ton tour.
Enfoncée dans l’matelas comme un plomb dans la vase, j’affiche, dès potron-minet, une tête de déterrée tendance catacombes. Mmmm, ça donne envie… Submergée par l’état de décomposition dont je fais l’objet, poches sous les yeux, poils hirsutes, cambrure tassée, ça fait minimum 4 fois en 15 jours, qu’on me demande si je n’suis pas en cloques. Il faut un bon cocktail de psychotropes et beaucoup de recul pour accepter un tel désastre. C’est souvent là, dans mon extrême onction, qu’un spasme me traverse jusqu’à l’hypophyse et que je pars tête bêche, chercher l’homme pour rassurer ma féminité torride enfouie six pieds sous terre. Là, même pas. Pas envie de m’encombrer. Peur de ton reflet? Préfère la frigidité!
BARBIE TUE RICK…
Pourtant, avec Al, tireur de pointe à tout va (cf chronique du mois dernier), il eût été facile de consommer. Lui qui tente de renouer le dialogue de près avec mon vagin : “Et poulette, j’peux passer visiter ton intérieur?” Quel culot ! De but en blanc comme ça, direct et un peu sec, même Jack qui n’a besoin d’aucun passe-droit, lui, pour un p’tit tour de fond en comble, ne se permet pas telle familiarité. Question conduit, Al m’a déclenché nausée, gastro et remontées. Et hop, direct la bouche d’évacuation, pas de temps à perdre, sos détresse amitié j’arrive!
ANTI PIRE ÉTHIQUE
Après un ravalement d’anthologie, collant gainant, robe vintage et pommettes sculptées à la truelle, je suis partie incognito déjeuner avec Jill, chez mon amie Gwendoline. Gwendo, elle a le cœur sur la main et un rire déployé qui sent la bonne humeur, un caractère de merde et une délicatesse à la hauteur de sa langue de bois. Toujours prête à rendre service, elle m’a dit, un jour de débat sur mon célibat, que j’avais un look femme-enfant qui me rendait aussi froide qu’un congélo en journées portes ouvertes et qui, pour cause, devait sûrement laisser les hommes de glace. J’en ramasse encore mes molaires. Du coup, quand j’y vais, je rectifie le tir, artillerie déployée, avant qu’elle ne dégaine.
ET DOSE LÉTALE…
Mais le pire est à venir. Gwendo était en super forme et courait dans tous les sens, pas le temps pour un check-up complet. Et puis Jill avait besoin de soutien et pour une fois qu’elle se plaint, hors de question de la laisser seule déblatérer ! Elle avait été choisie pour un reportage télé style «confessions intimes» et passée l’excitation, elle voyait arriver à grands pas le tournage de son intimité étalée. Ça va, elle est conseillère municipale, niveau notoriété, c’est peanuts ! – seigneur tout puissant, j’ai mal pour elle -. Maniaque du contrôle, elle avait décidé d’affronter ce petit nec plus ultra en solo. Mais voilà. Verre de vin à la main pour faire passer la pilule, regard de cocker meurtri jusqu’au fond des tripes et bouche tombante, elle ose : “Je voulais me débrouiller toute seule, mais je flippe, tu veux bien m’accompagner ? Il te suffit juste de signer une autorisation de droit à l’image pour 10 ans – vu ma gueule, c’est préméditer un meurtre… -. Tu sais, je pourrais demander à Kate ou Johanna, mais elles sont tellement canons que j’existe pas à côté. Avec toi, c’est pas pareil, je suis moi.” J’ai tellement écarquillé les yeux pour mieux entendre que mes orbites ont jailli de mes globes oculaires! Depuis, je les cherche toujours.
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