capoeira… capot
Ou kaput, c’est au choix. Pour sûr, ma dernière expérience sportive m’aura laissée sur le carreau, les quatre fers en l’air et la tête à l’envers. Revers de médaille ou de coup de pied retourné… Veni, vidi, perdidi…
Voilà une branche de l’activité sportive que j’avais jusque-là scrupuleusement évitée. N’aimant ni jouer des coudes ni courber l’échine, les sports de combat, très peu pour moi. Les sports en général ? Oui, aussi… mais ceux-là encore plus. Dans la gamme, il en est pourtant un qui m’est apparu moins belliqueux – que nenni -, j’ai donc pris mon courage en bandoulière, il s’était encore fait la malle le malin. Cap sur la capoeira !
GINGA JINGLE
Oubliés mes fantasmes de micro-bikini sur la page de Copacabana, c’est dans une petite école de Seynod que je retrouve les membres de l’Escola Cultural Uniao Vamos Vadiar, section débutant.
Tous en rond, de flan, c’est au son du berimbau et en chanson que la séance débute. Je n’ai ni la maîtrise des paroles – inconditionnels du yaourt, je vous salue – ni les notes au diapason et encore moins le rythme dans les claquements de main. Mais si c’est ça l’échauffement, je prends ! Les courbatures de mâchoire, je devrais pourvoir gérer. Et question immersion : pas mieux ! J’en esquisserais presque deux pas chaloupés de samba. Opération séduction réussie, mais évidemment, je ne vais pas passer la prochaine heure et demi à faire des vocalises. Ce serait trop beau.
C’est parti pour le mouvement de base, la Ginga ou jeu de jambes, celui que l’on fait par défaut, la Capoeira se définissant avant tout par le mouvement perpétuel. Jusque-là RAS. Puis déferlent tout un tas de mouvements, déplacements, esquives, rotations, coups de pied directs et rotatifs… dont les noms et la composition m’échappent. Et tout va très vite. Parmi les arts martiaux, la capoeira est sans doute celui qui semble le plus fluide, mais cela n’en reste pas moins un sport de combat. Bas les pattes !
Entre garder l’équilibre, coordonner les mouvements et en retenir l’enchaînement, ma tête perd pied et mes pieds jouent les têtes de linotte. Lorsqu’il s’agit de tenter une figure acrobatique, apparemment simple, je tourne au violacé et avoue penaude ne même pas savoir faire une roue… Flash back, cours d’EPS de 6ème D, je fais 1,45m et 32kg toute mouillée. Mais pourquoiiiiiiii ?
LA RONDA DEL SOL
Force est de reconnaître que l’exercice est élégant, mon exemple mis à part, bien entendu. On sent dans cet art afro-brésilien à la fois la force combative des esclaves réduits à la clandestinité et l’esthétisme corporel des rites de danse des populations tribales. J’en oublierais presque à quel point mon style se rapproche de celui d’une grenouille grabataire dont les pattes arrières resteraient clouées au sol pour cause de lumbago foudroyant.
Quand la séance se termine par la Ronda durant laquelle les capoeiristes se mesurent deux à deux au centre d’un cercle de «jeux» formé par les participants, je bave, de crapaud, devant la facilité apparente avec laquelle tous improvisent. Vient mon tour. Je rentre dans le cercle fébrile et tente tant bien que mal d’enchaîner deux ou trois mouvements, ou plutôt d’esquiver ceux de mon binôme. C’est sans appel : mon avenir de combattante est scellé, en avais-je encore douté… Mais une fois chez moi, je gratifie mon punching-ball maison – chéri que ferais-je sans toi ? – d’une démonstration home made : le coup de pied, talon dans ta face. Oups, celui-ci atterrit bien trop bas… (Ceinture ce soir !) Je ne le maîtrise pas encore celui-là, mais je vais m’entraîner.
+ d’infos :
capoeiraannecy-vamosvadiar.com
© Gorodenkoff