à cou sûr
LA COUTURE, UNE HISTOIRE DE FILLE ? UNE IDÉE À LAQUELLE THOMAS LALIN ET SES NŒUDS PAPILLONS COUSUS MAIN À AIX-LES-BAINS VOUDRAIENT BIEN TORDRE LE COU !
Thomas Lalin l’avoue lui-même : ce ne sont pas ses premiers démêlés, plutôt emmêlés, avec une machine à coudre, il y a quelques années, qui ont révélé sa vocation. Plein de bonnes intentions, mais n’ayant, de patronage, aucune notion, il met alors plus de 30 heures à bâtir une première jupe pour son amoureuse… Qui n’a même pas le temps de craquer pour son ouvrage, le vêtement le fait avant elle. Cou(p) dur pour ce nouveau piqué de la couture. Mais qu’allait-il donc faire dans cette galère, lui qui n’avait a priori aucun talent aiguille ?
MINUTE PAPILLON
Petit, il aimait dessiner, certes, et même fabriquer des maquettes avec ses cartons de céréales, puis il a découvert le foot. C’est donc bien plus tard, devant l’émission «Cousu Main», à la télévision, que le jeune homme, alors commercial dans un magasin d’ameublement, s’entiche de confection. Le terrain est favorable : les vêtements et la mode sont sa passion. Avec une préférence pour le style des années 20, “habillement, culture, c’est là que tout a émergé, dans une réelle synergie créative”, s’enthousiasme-t-il, et un faible pour la dégaine «Peaky Blinders», en référence à la série britannique consacrée à une famille de criminels de Birmingham. Côté look, il le traduit par le port du béret, des bretelles et, évidemment, du nœud papillon. En toutes circonstances. A tel point qu’il ne trouve plus de modèles à son goût et décide de les créer lui-même.
TENTER LE COU…
“J’étais très content du premier, hyper réussi… mais minuscule, pas du tout à l’échelle.” Echaudé par ses premières déconvenues couturières, Thomas décide donc de se donner les moyens de ses ambitions et consacre ses vacances à sa nouvelle passion. Piquer, froncer, nouer et re-piquer encore. “J’ai commencé à travailler des matières très spécifiques, plutôt dédiées à l’ameublement, avec du relief, de la texture, des similicuirs… mais il manquait quelque chose, pour un effet «waouh». J’ai alors retrouvé un clou de mercerie, carré, j’en ai mis plusieurs au centre du nœud pap’, et c’était ça : je tenais l’ADN de la marque.” Il arbore alors ses créations au quotidien, et à force d’être interpellé sur leur originalité, en 2015, lance sa micro-entreprise : Bold pour l’audace, and Bow pour le nœud papillon. “Au début, je visais le luxe, je voulais que ces nœuds soient quasiment des bijoux, mais qu’on puisse quand même les porter dans n’importe quel contexte.” Dans la réalité, et pour se faire connaître, il s’autorise quelques détours par le très tendance liberty ou le papillon de cérémonie.
… ET RÉUSSIR SON COU !
Petit à petit, il décroche des partenariats avec des boutiques, s’expose sur les salons et autour de cous plus ou moins connus, comme celui de Selim Arik, Mister France 2016, ou plus récemment, de l’acteur Tomer Sisley. Mais ce n’est que l’année dernière que Thomas profite d’une période de chômage pour faire du nœud papillon sa principale occupation. Il lance une collection femme de modèles plus petits, ceintures ou lavallières, et complète sa gamme d’accessoires homme avec des boutons de manchette. Il se forme également à la confection de gilets, et à celle de porte-cartes, en maroquinerie, auprès de Julie Erlich (lire Activmag de mars 2019), une Aixoise comme lui.
A 25 ans, Thomas Lalin n’est donc qu’au tout début de son histoire, mais il n’a aucune intention d’en perdre le fil et voudrait, un jour, lancer sa propre marque de prêt-à-porter, “avant-gardiste, futuriste, pop-rock chic, parce qu’on est tous faits pour créer quelque chose !”. On vous l’a dit, Bold c’est pour l’audace…