une sneaker et ça repart !
HIER MATIN, NOUS PARLIONS RÉINCARNATION AVEC MA BOUTEILLE D’EAU. JE LUI FAISAIS PART DE MA PEUR DE REVENIR SOUS FORME DE MOUSTIQUE QUAND ELLE M’A DIT QU’ELLE, ELLE SOUHAITERAIT ÊTRE RECYCLÉE EN CHAUSSURE…EN CHAUSSURE ? «BEN OUI, EN SNEAKER, EN ECTOR, QUOI !» ALORS J’AI APPELÉ PATRICK MARGUERIE, L’ANNÉCIEN CO-FONDATEUR DE LA MARQUE, QUI M’A TOUT EXPLIQUÉ.
A l’origine, il y a deux Patrick, Marguerie et Mainguené, qui, en plus d’avoir les mêmes initiales, partagent l’envie de porter haut les valeurs du Made in France. A force de se croiser dans le milieu de l’outdoor et du sport, l’un côté design, l’autre côté développement des collections, ils finissent, il y a 7 ans, par monter ensemble un atelier à Romans-sur-Isère, la Mecque française de la chaussure. Leur objectif ? Accompagner des marques dans le dessin et le développement d’une idée -de tatane, a priori-, jusqu’à son éventuelle industrialisation. Ils en profitent également pour lancer deux produits «maison» : une gamme de sneakers en cuir haut-de-gamme, fabriquées en partenariat avec les dernières tanneries de Romans ; et des chaussons en feutre recyclé et recyclable.
TRI(COT) SÉLECTIF
Car en parallèle, les deux Patrick se demandent que faire, à leur niveau, pour mettre en place des systèmes de production plus vertueux. Des trois fils rouges qui guident leur réflexion (innovation, proximité et éco-conception), ils en tirent un, fabriqué à partir du recyclage de bouteilles en plastique PET, soit le polytéréphtalate d’éthylène, dans lequel sont conditionnées la grande majorité de nos boissons -c’est à ce moment du récit que ma bouteille d’eau a jubilé, prête à se jeter elle-même dans le conteneur de tri-. Il en faut six précisément -ma bouteille et son pack de copines-, pour tricoter une paire de chaussures.
Tricoter des chaussures ? “C’est la technique du knit (tricotage en anglais), dont Nike avait lancé la tendance il y a quelques années”, explique Patrick Marguerie. “Elle permet de limiter les chutes à la fabrication, et de créer des zones plus ou moins élastiques pour une chaussure plus confortable, plus aérée”. Mais pendant que le géant américain de la pompe de sport se fournit en Asie, les deux Patrick se mettent en cheville avec une entreprise qui fabrique, à l’origine, des genouillères et des bandages à St Etienne. Made in France, on vous a dit ! Ou Europe en tous cas. Car le fil vient d’Espagne et les semelles du Portugal. Mais les lacets et les sangles -également recyclés- sont 100% français, et Ector est évidemment assemblé à Romans, pour une gamme mixte de 14 couleurs qui compte aujourd’hui trois modèles : sport, ville et hiver.
ETERNEL RETOUR
Mais ce n’est pas tout… “Notre objectif à moyen terme, c’est que les gens nous renvoient leurs chaussures en fin de vie, es-père Patrick Marguerie. Le «100% matière recyclé» reste encore difficile à atteindre, mais nous sommes en train de mettre en place une filière de revalorisation. L’idée c’est que nous redécoupions la partie supérieure des chaussures pour la recycler en fil, et que nous récupérions la semelle pour la broyer et l’intégrer à une autre semelle.” La boucle serait ainsi bouclée. Dans un avenir proche, Ector devrait également être décliné en nouveaux modèles mi-saison, pourquoi pas personnalisables, et continuer à conquérir de nouveaux points de vente. La sneaker rhônalpine a également été approchée par de beaux gros poissons -mais chut… ils restent encore discrets- pour des opérations de co-branding. Ma bouteille d’eau a donc encore plusieurs longues vies devant elle, quant à moi, il ne me reste plus qu’à croiser les doigts pour être réincarnée en PET.
https://www.ector-sneakers.com/