25 ans après… franck piccard

11 Déc 2017

Franck Piccard trace direct !

«Albertville a fait de moi un homme !» assure Franck Piccard. Si certaines épreuves peuvent changer une vie et forger un caractère, la descente olympique de Val d’Isère en fait incontestablement partie. Aujourd’hui encore, plonger dans les archives de la TV et le regarder dévaler, tel un funambule, la face de Bellevarde pour finir à 5/100ème de la médaille d’or, procure toujours les mêmes émotions. Direction Les Saisies, dans le fief de celui que ses amis surnomment affectueusement «Pic» !

«Et toi non plus tu n’as pas chaaaaaaannngééééé ! » dirait Julio Iglesias. La silhouette est restée la même, ce qui est plutôt rare chez d’anciens sportifs de haut niveau. “Ah si, j’ai maigri, moins de muscles…”, précise Franck en riant. “Mon costume de marié serait trop large aujourd’hui !“

S’il a raccroché les spatules en 1996, il reste, à 53 ans, physiquement au top. Mais finies les descentes à 130 km/h ! “Je n’ai plus l’âge pour cela”, avoue-t-il. Place au vélo et au ski de fond qu’il pratique assidûment, avec des performances que sa modestie minimise, mais qui feraient pâlir d’envie bien des sportifs amateurs. Le goût de la compétition toujours et encore… On ne se refait pas !

Le 25ème anniversaire des Jeux d’Albertville est l’occasion de revenir, avec lui, sur cette descente mythique, mais également de découvrir les multiples facettes d’une personnalité attachante, qui n’hésite pas à livrer ses opinions, franches et directes ! Droit dans la pente, comme sur les skis !

Franck Piccard aujourd’hui, chez lui, aux Saisies…

ALBERTVILLE, UNE PERF «OLYM-PIC» !

Activmag : 25 ans après, que vous reste-t-il d’Albertville, à part la fameuse combinaison argentée ?
Franck Piccard:
Mais tout ! Tout est présent et vivant. Les courses, les réussites, les échecs, la préparation, les équipes, l’environnement, l’état d’esprit, le public… La flamme, le stade, l’autoroute jusqu’à Moutiers, les gens qui me reconnaissent. Tout me rappelle les JO ! Même la combinaison, que j’ai toujours! Sur le plan sportif, les souvenirs restent évidemment très précis. Le premier jour, l’ouverture des Jeux chez moi, en Savoie, une descente que beaucoup jugeaient difficile, les sensations, le bruit du vent, les vibrations des skis… ou encore ma déception en super-G. Je pourrais raconter cela presque heure par heure.

4 ans plus tôt, vous êtes déjà champion olympique à Calgary, mais de super G ! Personne ne vous attendait sur la redoutable descente de Bellevarde…
En fait, tout cela a commencé au Canada. Là-bas, j’obtiens le bronze en descente. Mais j’ai senti que l’or était à ma portée, j’aurais pu gagner. Et en 1992, j’ai envie de réussir sur cette épreuve reine. Le profil, technique, le tracé, sensationnel, me convenaient. Le problème est que je n’étais pas prêt du tout, physiquement et mentalement. Un début de saison catastrophique, une mauvaise chute quelques mois auparavant et une pression énorme. Je me suis alors ressourcé aux Saisies, avec mon préparateur mental, mon entraîneur et beaucoup d’autres personnes formidables qui m’ont encouragé et soutenu, et qui m’ont aidé à sortir du gouffre pour m’emmener jusqu’à cette médaille.

Résultat, vous finissez second, à 5/100ème de l’Autrichien Ortlieb ! Et vous levez les bras comme si c’était une victoire. Vous n’avez aucun regret d’avoir échoué si près du but ?
Ce qui est drôle, c’est que beaucoup de gens aujourd’hui me disent : «merci pour cette victoire!». Alors je ne vais pas les contredire (rires), car pour moi, c’en était une! Je ne suis que 2ème, mais vu d’où je partais, c’était une performance inespérée. Pour être honnête, 25 ans plus tard, un petit regret quand même…. si ces 5/100èmes avaient pu être en ma faveur!

Au-delà de l’argent olympique, vous affirmez : “c’est à Albertville que j’ai grandi”. Calgary, ça ne compte pas ?
Sportivement, le sacre olympique de Calgary reste mon meilleur souvenir. Mais ces jeux s’étaient déroulés sans pression pour moi. C’était loin, au fond du Canada. Il fallait juste bien skier. A Albertville, c’était l’inverse. Il me fallait assumer en plus le rôle de leader, la pression des organisateurs, du public, la mienne… J’ai résisté à tout cela. Le ski, qui n’avait à mes yeux qu’une dimension ludique, a pris, après ces Jeux, une autre envergure. Même ma vie personnelle en a été bouleversée. Moi qui suis plutôt timide, je me suis ouvert aux journalistes, aux gens en général. Je suis devenu adulte!

Franck Piccard, médaillé d’argent aux JO d’Albertville 92, en descente

Interview «sans fart»

Petit, quel métier vouliez-vous faire ?
Pilote d’hélicoptère !

Le champion que vous admiriez plus jeune ?
Je n’ai pas un nom en particulier en tête, mais plutôt une équipe, celle des bannis de 1973, les Augert, Duvillard. Je ne m’identifie pas à des champions à la carrière aboutie comme Killy, mais plutôt à ce groupe d’athlètes virés de l’équipe de France !

Etiez-vous superstitieux en compétition ?
Pas du tout ! Contrairement à mes copains de l’époque, qui avaient leurs chaussettes, leurs slips, leurs assouplissements fétiches.

Dans 25 ans comment vous voyez-vous ?
Comme les Rolling Stones ! Sur scène, avec la même énergie !

Votre style d’humour ?
Tout me fait rire, les jeux de mots, les situations loufoques, l’humour noir et corrosif. Foresti, Bedos, Dupontel, les Bronzés, les Tontons Flingueurs… J’adorais les chroniques de Thomas VDB sur France Inter.

Votre musique favorite ?
Je suis trop éclectique, blues, rock, punk… Une chanson m’a touché néanmoins, «On le savait», de la Grande Sophie.

Votre film préféré ?
Besson de A à Z ! Et Adjani, mon actrice favorite !

Un livre de chevet ?
J’ai lu deux fois «En attendant Bojangles», et même du Marx ! Mais j’ai besoin de temps pour analyser ce que je lis, pour aller au-delà de l’histoire.

Le truc un peu honteux que vous faites en cachette ?
Je grignote, je finis tous les plats ! On m’appelle « bouffe tout » à la maison !

Une devise ?
«Tout le monde disait que c’était impossible ; il ne le savait pas et il l’a fait». Elle me correspond bien, dans tout ce que j’entreprends.

Un projet ou un rêve ?
Les rêves, plus on en parle, et moins ils se réalisent. C’est comme un ballon de baudruche, en parler, c’est mettre des petits coups d’aiguilles dedans.

5 mots qui tombent à Pic !

#1.LILLEHAMMER

Zéro pointé en Norvège en 1994! Un échec? Franck Piccard n’«é-ski-ve » pas le sujet. “C’est une Bérézina”, soupire-t-il, “alors que paradoxalement, c’est à ce moment que j’étais le plus fort”. L’analyse est lucide, mais teintée d’une pointe d’amertume. Sa non sélection pour la descente, qu’il juge responsable de ses échecs aux épreuves suivantes, l’ambiance tendue dans le groupe…

#2.RECONVERSION

A 32 ans, Pic raccroche. Blessures, motivation déclinante. This is the end. “On laisse filer les centièmes, les dixièmes, les secondes et puis c’est fini, on descend du train”. En 1999, Franck a repris et développé les 3 magasins familiaux des Saisies, fondés au début des années 60 par ses parents. A la tête aujourd’hui de Piccard Sports, 6 magasins et un hôtel, il puise dans son expérience de sportif ses recettes d’entrepreneur, lui qui a interrompu ses études après un bac D. “Les affaires et le sport ont beaucoup de points communs. Aller chercher le client et un bon chiffre d’affaires, c’est comme chercher un chrono… Il faut suivre les bonnes trajectoires, choisir les bons produits, recruter la bonne équipe”. Il conclut “le sport de haut niveau est la plus belle école de la vie !”

#3.ECRITURE

A force de multiplier textes et récits sur l’actualité, la montagne, le ski, le vélo, les voyages, Pic sera-t-il le nouveau Sylvain Tesson? Publiera-t-il un jour des carnets de voyage? La réponse est évasive. “J’ai toujours aimé écrire, mais publier sur Facebook a déjà été un grand pas. Le public réagit directement. Pour l’instant, cela suffit à mon bonheur. Alors un livre ? Je ne sais pas. Avec l’écriture, je sors de ma zone de confort, je me découvre, je m’expose, je sais qu’on va me juger”.

#4.SKATING

Son regard s’éclaire quand il parle de sa nouvelle passion pour le ski de fond. Il est intarissable et s’en étonne lui-même. “Je pensais auparavant que ce sport était trop dur, qu’il n’était pas fait pour moi. Et puis, j’ai décidé de l’aborder avec une autre mentalité. J’ai retrouvé le goût du sport grâce au ski de fond, j’ai découvert la glisse, la patience, j’apprends à gérer mes pensées pendant un effort de longue durée. Et c’est génial !”. Ses amis le charrient : “Carole Montillet m’a dit: toi, t’as vraiment viré de bord !”. Et c’est même reparti pour la compétition, au sein d’une équipe Rossignol, dont il est le parrain, et avec laquelle il participe à des épreuves longue distance, comme en Sibérie l’an dernier. “Je suis le bouffon de cette équipe !”, s’exclame-t-il en riant, “je suis médiocre et je m’accepte comme tel”. Trop modeste Franck, alors qu’il truste les excellentes perf !

#5.CITOYEN

S’il refuse catégoriquement de s’engager en politique, à l’instar de son ancien rival autrichien Patrick Ortlieb, il assume néanmoins des avis tranchés sur de nombreux sujets, même s’il reconnaît : “j’amalgame beaucoup de choses, je suis parfois impulsif”. Macron? “On n’a pas le choix. Il faut qu’il réussisse ! Cessons enfin ces querelles partisanes, la droite, la gauche, qui nous empêchent d’avancer depuis des années !”
Le ski ? “Le ski doit sortir de son ghetto. Je suis toujours frustré par le rendu télévisuel des courses. Il faut les rendre plus attractives pour intéresser le public, mais sans oublier que ce sport a une histoire. Regardez le succès du biathlon !”
La montagne ? “On ne peut pas continuer à aménager la montagne comme il y a 30 ans. J’ai comparé nos stations à des centrales nucléaires. Des usines à ski qui réclament toujours plus de canons, d’eau, de résidences, dopées par des mesures fiscales avantageuses. Mais les conditions climatiques changent ! Comment peut-on ne pas voir cela ? La montagne doit revenir à ses valeurs ! Venez à la montagne pour respirer, prendre de la hauteur, vous déstresser, pas pour faire du ski à outrance”.

Trophées de shuss

Jeux olympiques :
1988 :
Or en Super-G, Bronze en Descente
1992 : Argent en Descente

Championnats du monde :
1991 :
Bronze en Super-G

Coupe du monde :
4
victoires : 1 Descente, 2 Super-G et 1 Géant

© Illustration : Joseph Brown (d’après photo de Francis Bompard/Agence Zoom). © portrait de 92 : Afp/Pascal Pavani

Emmanuel Allait

Emmanuel Allait

Chroniqueur SURNOM : Manu. Mais je préfère qu'on m'appelle Emmanuel. Un peu long, mais plus c'est long, plus c'est bon, non? PERSONNAGE DE FICTION : bob l'éponge. J'ai passé 40 ans à faire la vaisselle et ce n'est pas fini ! Je suis un spécialiste. OBJET FETICHE : un stylo plume. Beaucoup plus classe qu'un ordinateur. Ou une montre, automatique bien sûr. Regarder le temps qui passe pour en profiter au maximum. ADAGE : mon cerveau est mon second organe préféré (woody allen). JE GARDE : joker. JE JETTE : mes pieds. DANS 20 ANS ? je serai sur une scène, guitare à la main, pour jouer Europa de Carlos Santana. presse@activmag.fr

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