peggy bouchet : pas de place pour l’imposture !

5 Déc 2016

mer & fille

“Comment une crevette comme
toi peut traverser l’Atlantique à
la rame ? ” lui lance un jour Jean Yanne. Déjouant les pronostics des sceptiques, l’Evianaise Peggy Bouchet, devient, à 26 ans, la première femme à traverser l’Atlantique en solitaire 
à la rame. Cet exploit lui a valu plusieurs prix et une popularité auprès des Français, impressionnés par sa volonté de fer et son courage.

16 ans se sont écoulés depuis. Et la silhouette n’a guère changé. “Deux thalasso transatlantiques et le bon air de la Haute-Savoie, rien de tel pour entretenir mon physique”, dit-elle. Refusant de s’engager en politique, à l’instar de certains collègues aventuriers, elle préfère transmettre son énergie débordante et ses valeurs à travers les conférences ou séminaires, auprès des entreprises ou des jeunes, et se consacrer à ses projets. Jetons l’ancre !

Activmag : Peggy, vous avez réalisé un formidable exploit, mais quand vous montez ce projet, vous avez 22 ans, vous êtes née à Evian, votre expérience de la mer est limitée…
Peggy Bouchet :
Forcément… Et pour palier mon manque d’expérience de la haute mer, j’ai alors décidé d’effectuer une transatlantique à la voile en équipage, seule femme parmi cinq personnes. Le skipper n’arrêtait pas de me dire que je n’y arriverais jamais, que je n’avais ni le physique, ni l’expérience. Son comportement n’a fait que renforcer ma détermination. Une femme pouvait le faire et je partirais en solitaire ! Je me suis aussi découvert une passion pour la mer à travers des livres, ceux de Tabarly, Moitessier, des rencontres, avec Florence Arthaud, que j’admirais, et surtout avec Olivier de Kersauson, qui m’a encouragée à réaliser mes projets.

Revenons sur l’origine de ce projet. Comment vient l’idée si jeune de traverser l’Atlantique à la rame ?
En fait, petite, j’étais passionnée par une émission, les Carnets de l’aventure. Voir ces marins, alpinistes, explorateurs, aventuriers, aux prises avec les éléments, avec enthousiasme ; tout cela me fascinait. Alors, à 8 ans, j’ai dit à mes parents “je serai une aventurière”, et ils m’ont répondu “bien sûr ma fille, mais passe ton bac d’abord !”, sans évidemment y croire.

Et cette phrase de Sénèque sur le mur de votre chambre, c’est vrai ? Moi je croyais que, comme toute adolescente vous accrochiez plutôt des posters de garçons, de chanteurs…
(Elle rit…) Mais j’avais aussi des posters ! C’était même ma période Balavoine. Oui, mon père a eu l’idée de fixer sur le mur de ma chambre, une citation de Sénèque : «ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, mais parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles». Cette phrase a résonné en moi. A partir du moment où on ose faire les choses, rien n’est impossible. Et puis ma sœur et moi avons reçu une éducation extraordinaire, jamais fondée sur la peur, mais sur la créativité, l’action, la recherche de solutions. Nos parents nous encourageaient en permanence. On n’a jamais eu peur d’échouer, de tomber. Cela fait partie de l’expérience. Mon père disait que dans la vie, on allait ramer. Il ne pensait pas que j’allais prendre sa phrase au pied de la lettre.

Aventurière, sportive… Comment vous définissez-vous ?
Les gens assimilent les aventuriers à des sportifs. Nous sommes avant tout des chefs d’entreprise. Il y a un gros travail de préparation en amont, beaucoup de sacrifices financiers. J’ai démissionné de mon poste d’ingénieur financier export chez Alcatel pour me consacrer au projet. Il a fallu constituer une équipe, bâtir un budget, chercher des sponsors qui attendent un retour sur investissement, assurer la communication… Et puis de l’audace, du courage, de la détermination, de l’enthousiasme… Ne pas avoir peur de l’échec. On ne perd jamais ! Soit on apprend, soit on gagne ! Voilà la recette ! Dès mon plus jeune âge, je me suis concentrée sur ce que je voulais et non sur ce que je craignais !

Pourquoi ne pas avoir tenté le Pacifique ? Votre devise c’est «oser toujours», vous n’avez pas osé ?
On m’avait proposé une somme importante pour traverser le Pacifique. J’ai refusé. Faire la même chose en deux fois plus long, ça ne m’intéressait pas. Je ne suis pas une machine à exploit. J’y vais parce que j’ai envie, pas pour l’argent ! J’ai aimé cette aventure à travers l’Atlantique qui était un combat contre moi-même, pas contre la mer. Une vraie noblesse de l’effort, sans place pour l’imposture. On ne peut pas tricher. Pour ma deuxième tentative, la bonne, je suis repartie pour l’honneur, pour finir ce que j’avais commencé, pour ouvrir la voie aux femmes.

Vous êtes féministe ?
Pas spécialement. J’ai l’habitude d’ailleurs de travailler avec des hommes. La voile n’est pas un milieu plus machiste que les autres, mais il faut gagner sa place, gagner le respect des autres, et les respecter. Au départ, à 22 ans, je pensais avoir deux atouts, la jeunesse et le fait d’être une femme. En réalité, c’était tout le contraire. La jeunesse était perçue comme un manque d’expérience, et être une femme était complètement en décalage avec une traversée à la rame. Des chefs d’entreprise me disaient : “si vous étiez ma fille, je ne vous laisserais pas partir !”. D’autres ajoutaient : “tu n’as pas les bras !”. Alors que 90% passent par le mental… Cette période préparatoire a été un formidable test pour ma motion. Les femmes doivent déployer davantage d’énergie pour prouver qu’elles sont capables. Les femmes sont beaucoup plus tenaces, j’en suis sûre !

Depuis votre traversée, vous avez écrit deux livres, multiplié les conférences à travers le monde. Quels sont vos projets aujourd’hui ?
J’ai toujours aimé partager mon expérience, à travers les conférences, pour les entreprises. Mais je trouve que les jeunes ne sont pas suffisamment encouragés dans la culture de projets. Aussi, avec la TV suisse et le Web, nous préparons pour 2017 des mini séries, avec des jeunes de 18 ans. Ils devront organiser leur voyage, de l’idée jusqu’à sa concrétisation. Je les guiderai au cours des différentes étapes. Le but est de leur transmettre, par l’exemplarité, l’esprit d’aventure, la curiosité, l’ouverture aux autres cultures, et de la partager. L’autre projet, c’est mon projet maritime qui sera lancé dès le début 2017. On travaille sur le bateau du futur, un laboratoire flottant, qui servira d’incubateur en terme d’énergies renouvelables, de bio-matériaux, de mode de propulsion. C’est un vrai défi technologique. Finalement je garde un lien « mer-fille » !

PEGGY BOUCHET EN COUP DE VENT

Votre mot préféré ?
La vie.

Votre mot détesté ?
Jamais.

Accro au chocolat ou au téléphone portable ?
Les deux !!! Mais ça ne procure pas le même plaisir… Noir, le chocolat !

La chanson actuelle qui vous donne la pêche ?
Ma culture musicale est déplorable… Mais en ce moment, ce serait Homeless de Marina Kaye. J’écoute aussi très souvent le concerto pour clarinette de Mozart. Je travaille tout le temps avec et ça énerve tout le monde !

L’objet indispensable dans le sac d’une aventurière ?
Mon téléphone ! Mais j’emporte aussi toujours un cahier.

Où aimeriez-vous vivre ?
Ici ! Là, en Haute-Savoie, au bord du lac. Je m’y plais bien.

Votre dernier fou-rire ?
Avec un ami au téléphone, à propos du film «La chèvre» !

Quel genre d’humour vous fait rire ?
Les jeux de mots ; l’humour, c’est important, ça permet de désamorcer beaucoup de situations.

Une blague ?
Ça fait 4 jours que t’arrives en retard au boulot, t’en conclus quoi ? Bah qu’on est jeudi ! Ou : avec Trump président, c’est la première fois qu’un milliardaire emménage dans un logement public laissé vacant par une famille noire.

Votre juron favori ?
Merde ! Quand mon bateau s’est retourné, je n’allais pas dire flûte, zut ou sapristi !

Un bonbon ?
Un chamallow.

Un plat ?
Le steak tartare.

Celui qu’on ne vous fera pas avaler ?
L’agneau sous toutes ses formes.

Le dernier cadeau qu’on vous ait fait ?
Des fleurs.

Bain ou douche ?
Douche.

Thé ou café ?
Chocolat !

Baskets ou escarpins ?
Baskets.

Nicolas Hulot ou Maud Fontenoy ?
Nicola Hulot !

Votre livre de chevet ?
«Du bonheur, un voyage philosophique» de Frédéric Lenoir

Votre film culte ?
Les Bronzés… et «Seul au monde» avec Tom Hanks.

Le plus beau compliment reçu ?
Merci.

Votre petit plaisir un peu honteux ?
La gourmandise.

Un dîner en tête à tête avec Hillary Clinton… Vous lui dites quoi ?
«Hello»… Mais je pense qu’elle ne rirait pas beaucoup !

Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous qu’il vous dise après votre mort ?
Bienvenue !

On fait un film sur votre aventure. Quelle actrice pourrait incarner votre rôle ?
J’aime bien Diane Kruger…

Vous, présidente de la République, quelle est votre première décision ?
Je prendrais des mesures dans le domaine de l’éducation et de l’entreprenariat, pour encourager et soutenir les projets. Mais ça n’arrivera pas. Je suis trop «cash» pour ça. Je me retrouve davantage dans les valeurs de l’entreprenariat.

Enfin la question qui tue, celle que l’on ne doit pas vous poser ?
Quand te mets-tu à la cuisine ?

LES 25ÈMES RUGISSANTS DE PEGGY

Quels étaient vos rêves à 25 ans ?
Réussir ma 2ème tentative de traversée… J’avais échoué à la première à 120 km des côtes de la Guadeloupe, après 79 jours de mer et 5500 km à bout de bras, et après avoir passé 9 heures sur mon bateau retourné dans des creux de 7 à 8 mètres. Plus les heures passaient, plus le bateau s’enfonçait. J’étais cernée par les requins, même si, ayant perdu 15 kg, ils n’auraient pas eu grand-chose à manger ! Et puis les secours sont arrivés in extremis. Je ne pouvais pas me contenter de cette victoire inachevée. Olivier de Kersauson m’a encouragée à repartir. 18 mois plus tard, je reprends la mer. Et je franchis ma ligne d’arrivée victorieuse le 5 janvier 2000.

Que regrettez-vous de vos 25 ans ?
Une certaine innocence, et des rides en moins !

Que dirait la Peggy de 25 ans à celle d’aujourd’hui ?
Continue à te lever de «bonheur» !

Vous appréhendez vos 2 fois 25 ans ?
Pas vraiment. Je profite de l’instant. J’essaie d’honorer ma vie présente. J’ai failli mourir lors de ma première traversée. Et la leçon que j’en ai tirée, c’est que le temps n’est pas renouvelable. Il est une ressource précieuse. A nous de ne pas le gaspiller. On peut faire de l’argent aujourd’hui, mais on ne peut pas faire de temps !

Un moment fort dans la vie de Peggy Bouchet…
Mon association Enfants du Léman… Réaliser les rêves d’enfants malades à l’échelle locale… C’est tellement riche comme expérience ! Je ne pensais pas que cela apporterait autant de bonheur aux enfants, à la famille, aux gens de l’association. On oublie combien le bonheur peut être simple. Pas besoin de les emmener loin pour qu’ils aient des étoiles dans les yeux !

+ d’infos : www.enfantsduleman.fr

Emmanuel Allait

Emmanuel Allait

Chroniqueur SURNOM : Manu. Mais je préfère qu'on m'appelle Emmanuel. Un peu long, mais plus c'est long, plus c'est bon, non? PERSONNAGE DE FICTION : bob l'éponge. J'ai passé 40 ans à faire la vaisselle et ce n'est pas fini ! Je suis un spécialiste. OBJET FETICHE : un stylo plume. Beaucoup plus classe qu'un ordinateur. Ou une montre, automatique bien sûr. Regarder le temps qui passe pour en profiter au maximum. ADAGE : mon cerveau est mon second organe préféré (woody allen). JE GARDE : joker. JE JETTE : mes pieds. DANS 20 ANS ? je serai sur une scène, guitare à la main, pour jouer Europa de Carlos Santana. presse@activmag.fr

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