rebecca manzoni

16 Déc 2019

ondes positives

EN RADIO, CHACUN SA CHAPELLE. LA MIENNE, C’EST FRANCE INTER. DEPUIS PLUS DE 20 ANS, SES JOURNALISTES ET CHRONIQUEURS RYTHMENT MON QUOTIDIEN. MAIS LE RENDEZ-VOUS QUE J’ÉCOUTE QUASI RELIGIEUSEMENT, ENTRE TASSE DE THÉ ET CROISSANTS, C’EST CELUI DE 07H24, AVEC REBECCA MANZONI : SES CHOIX MUSICAUX ET SA VOIX DONNENT LE TEMPO AU RESTE DE MA JOURNÉE.

«Passenger» d’Iggy Pop et tout le monde ondule dans la cuisine. Avec «Aguas de Março», Tom Jobim met du baume sur la grisaille, quand la «Mala Vida» de Manu Tchao invite à attaquer la journée comme on sauterait dans la fosse d’un concert survolté. Tous les vendredi matins, Rebecca Manzoni ne fait pas que partager ces morceaux, qui comme nous, la font vibrer. Elle en dévoile la fabrication et les intentions, isole les pistes, les détaille -24 pour Mala Vida !- et pose des mots sur ces émotions que provoque la musique.
Le reste de la semaine, elle épluche les sorties d’albums, met à la portée de l’auditeur amateur le travail d’un arrangeur de génie, ou fait sortir de l’ombre un ingénieur du son incontournable. Elle raconte la musique d’une voix veloutée et amusée, le sourire à portée de micro, dans une intimité chaleureuse. Cette intimité qu’elle partageait, quelques années plus tôt dans l’émission «Eclectik», avec les acteurs, artistes ou musiciens qui l’accueillaient chez eux en toute simplicité, et dont elle nous faisait écouter les silences, les ouvertures de portes de frigo ou les notes de piano. Cette intimité dans laquelle elle nous a invités, au cœur de la Maison de la Radio, dans ce bureau où s’entassent livres, vinyles, CD, biscuits diététiques et machine à café.

Activmag : Comment as-tu trouvé ta voix ?

Rebecca Manzoni : Je ne l’ai pas travaillée, pas du tout. C’est plus lié à une observation faite par l’homme avec lequel je vis. J’avais dû m’énerver, il m’a dit, et je l’ai très mal pris : «mais pose ta voix !». Pour moi, la voix, c’est hyper important, dans mon travail, et dans la vie en général. En en parlant avec lui, je me suis rendu compte que quand j’étais tendue, avec le trac ou le stress, je me mettais à partir dans les aigus, ce qui ne m’est pas spécialement naturel, j’ai une voix plutôt grave je crois. Et donc, surtout à mes débuts à la radio, je savais que je pouvais avoir tendance à parler comme ça et je me disais : pose ta voix, pose ta voix…

On a parlé de ta voi…X. Et quand as-tu su que tu avais trouvé ta voi…E ? Que tu voulais devenir journaliste?
Au départ, c’était pas de devenir journaliste, c’était faire de la radio. Et pas forcément au micro d’ailleurs, juste entrer dans la radio, parce que je l’ai toujours écoutée énormément : il y avait à peu près 6 transistors chez mes parents, la radio était sans cesse allumée et ça me fascinait, ce truc-là… Et puis j’y ai mis un pied. Mais comme j’ai des parents qui ont tous les deux travaillé dans l’Education nationale, j’ai bien senti que ça les rassurerait un peu que je fasse quelque chose de solide d’un point de vue diplôme, donc je suis allée dans une école de journaliste. A partir de là, la radio, la possibilité de faire des rencontres, d’interviewer des gens, c’est tout un continent qui s’ouvre…

Les news, ce n’est pas ton truc ?
Je crois que je ne suis pas faite pour ça. Je me souviens, sur RTL, on m’avait confié un sujet sur Pocahontas, j’avais été foutue de mettre de l’ironie dedans… Et ce n’était pas ce qu’on me demandait. Ce qui m’a toujours intéressée dans la radio, c’est vraiment de jouer avec les sons et l’écriture. Présenter les infos générales, je ne sais pas très bien faire. En plus, il faut une réactivité, un rythme qui n’est pas le mien. Quand j’interviewe des gens, j’ai envie de passer du temps avec…

Tu parlais de tous ces transistors chez toi, quelles sont les voix qui t’ont accompagnée ?
Celle de Daniel Mermet, comme beaucoup de gens, et celles de ses reporters. La voix de Kriss aussi, qui a amené pas mal d’espièglerie, de créativité sonore, une chose à laquelle je tiens beaucoup. Et la voix de Bernard Lenoir évidemment, très sobre, à la fois enjôleuse et désinvolte : un fantasme ! Pour moi, une voix à la radio doit vous embarquer pas seulement par sa sensualité, mais par tout ce qu’elle amène avec elle d’images et ce quelle peut apprendre.

Des voix qui te touchent plus que d’autres ?
J’ai parlé de la voix de Marianne Faithfull ce matin, ça m’émeut énormément d’entendre cette femme qui arrive à 33 ans avec la voix de quelqu’un qui pourrait en avoir 50, tellement elle est éraillée, passée au scotch-brit par tout ce qu’elle a vécu.

Des voix qui te mettent en joie ?
Il y a une voix qui me donne le sourire, mais pas un sourire où on se tape sur la cuisse pour la marrade, non, un sourire à la fois tendre et mélancolique, c’est la voix de Pierre Vassiliu. Ça fait partie des 33 tours qui tournaient sur la platine de mes parents. On l’avait aussi en cassette, et ce sont des souvenirs de voyages en bagnole, avec mon père qui chantait… Ça, c’est un sourire un peu triste.

Une chanson doudou ?
L’artiste qui joue ce rôle chez moi, c’est Neil Hannon de Divine Comedy, que j’écoute depuis très longtemps, qui, en plus, est un garçon délicieux, à la fois fantasque et très élégant.

Celle qui te donne la pêche ?
«Beggin’» de Frankie Valli and the four Seasons. Dans un tout autre registre, «Herbe mauve» de Plaisir de France et Barbara Carlotti, ça me met en joie !

Est-ce que tu te rappelles tes premiers émois musicaux ?
Il y a 2 choses… Il y a Chagrin d’Amour, «Chacun fait (c’qui lui plaît)». C’est le 1er 45 tours que j’ai acheté et j’ai dansé toute seule dans ma chambre sur ce truc. J’ai découvert le sens de la chanson bien des années plus tard, c’est plein de Kleenex® et de bouteilles vides, les Kleenex®, je n’ai jamais relié ça au fait que le mec venait peut-être de se masturber… J’adorais l’accent américain de Valli, je trouvais ça ultra moderne, le clip en noir&blanc façon polar des années 50, visuellement, ça a eu un effet immédiat. Y’a ça, et Etienne Daho avec «Le Grand Sommeil», c’est pareil, c’est des choses complètement inexpliquées, parce que ça a un effet immédiat, comme une pulsion d’hormones, un truc physique. Ce qui est fou, c’est que ça m’émeut toujours autant quand je tombe sur cette chanson, je trouve ça ultra excitant, mais au sens propre, quoi ! Peut-être que je fais ce métier aujourd’hui pour décrypter toutes ces choses ? Chez moi, on entendait les Brel, les Brassens, les Ferré, que j’ai appris à aimer après, mais ça me faisait chier ! Et là, voilà qu’un type déboulait, sans que j’ai l’impression qu’il m’écrase ses tripes sur la figure. C’était les sons, la pop, le fantasme d’une vie parisienne… et à chaque fois que je vois Etienne Daho -j’ai eu la chance de le rencontrer et de lui consacrer deux portraits- si je n’ai pas de micro avec des questions à lui poser, je perds mes moyens !

Quelle est la rencontre qui t’a le plus marquée, d’ailleurs ?
Y’a Daho dans le domaine de la musique, mais aussi d’autres rencontres de nature très différentes, des écrivains, des plasticiens, des comédiens… Par exemple, j’avais adoré le moment que j’avais passé avec Karin Viard chez elle. J’avais eu la sensation d’une discussion qui n’était pas balisée. Ce moment où on arrive avec une interview très préparée, et puis où on lâche complètement le canevas qu’on avait prévu, parce qu’une discussion s’engage. J’avais eu l’impression d’avoir accès à la femme qu’elle était. Ça, c’est forcément un souvenir important. Et rencontrer Depardieu aussi, c’était un grand moment de radio pour moi, parce qu’en plus, je l’ai interviewé un jour où j’étais aphone. Dans la relation qui s’est installée entre nous, lui tonitruant, surjouant le personnage de l’ogre, et moi sans voix, il s’est passé un truc qui ne peut exister qu’à la radio. On ne peut pas l’écrire, le filmer aurait gâché la chose, il n’y avait que la radio pour raconter ça…

FAN DE…

Quelle est ton actrice préférée ?
Anna Magnani. Elle EST l’Italie.

Quelle est l’auteure que tu dévores ?
Chantal Pelletier, canaille et admirable.

Quelle est l’artiste dont tu adorerais avoir une création chez toi ?
Helen Levitt (ndlr : photographe américaine qui a saisi les rues de New York entre 1930/80), surtout ses photos en couleur.

Quelle est ta styliste ou couturière préférée ?
Phoebe Philo. Tout ce qu’elle a fait pour Céline est fantastique.

Quelle est la femme humoriste qui te fait mourir de rire ?
Camille Chamoux, particulièrement dans son spectacle «Née sous Giscard».

Ta chanteuse préférée, que tu doubles sous la douche ?
Debbie Harry (Blondie), parce que la douche permet tout.

La championne que tu admires ou as admirée ?
Martina Navratilova. Face à Chris Evert, tout le monde la détestait.

Ta femme de média préférée ?
Colette, qui fut aussi journaliste pour la presse.

Quelle est la femme politique qui te fascine le plus ?
Alexandria Ocasio-Cortez, représentante démocrate du 14° district de New-York au Congrès américain.

Quelle femme de l’histoire admires-tu ?
Gerda Taro, allemande, anti-fasciste, photographe de guerre et pigmalion de Robert Capa.

Ton héroïne préférée ?
Ma grand-mère : Rina Ponzio, épouse Manzoni, arrivée d’Italie dans les années 30. Morte en France en l’an 2000.

Photos : Radio France /Christophe Abramowitz

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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