Saga maisons centenaires Pochat, 101 ans

17 Fév 2020

BIG CHEESE !

DU REBLOCHON À PLIER AU BEAUFORT EN ABONDANCE, IL EN A COULÉ DU LAIT SOUS LES PONTS DEPUIS 3 GÉNÉRATIONS. UNE TOMME APRÈS L’AUTRE, LA FAMILLE POCHAT A BIEN ROULÉ SA MEULE ! EMBALLÉE, BIEN AFFINÉE, C’EST DANS LA BOÎTE : DITES CHEESE !

Les trois générations Edouard, Pascal (enfant) et Paul Pochat

Le guide de la « visite », c’est Pascal Pochat, le petit-fils du fondateur Edouard. L’homme sait de quoi il parle : “On (enfants et petits-enfants d’Edouard, ndlr) trempait là-dedans toute la journée ! On habitait sur le lieu de travail des parents, ma mère était dans les bureaux, mon père s’occupait des caves, le grand-père gérait en patriarche toute la musique et notre grand-mère nous faisait faire les devoirs, nous donnait le goûter et après on allait plier le Reblochon. On avait un tableau sur lequel on marquait combien on en avait plié. A quinze ans, j’ai fait mon million et j’ai eu mon vélo huit vitesses Libéria !”

CARRIOLE ET SIDE-CAR

Précis, glissant çà et là des expressions de la Yaute mêlées à quelques traits d’humour, celui qui s’occupe des relations avec les agriculteurs et les producteurs depuis le rachat de l’entreprise familiale par Lactalis (en 2005) est fier de ses aînés. A commencer par son grand-père : “Il était fils d’agriculteurs au Grand-Bornand. Au retour de la guerre, comme ses parents ne pouvaient pas lui donner du travail, il se prê- tait à toutes les tâches qu’on pouvait lui confier.” En mai 1919, il accepte d’aller vendre à Annecy les Reblochons restés sur les étals du marché du Grand-Bornand. “Il est descendu à pied avec la carriole. Il a fait la sortie des usines et les a tous vendus. Puis, comme ça a pris un peu d’envergure, il a troqué sa carriole contre un side-car !” .
Méthodique, Pascal déroule le fil de l’histoire : la première crémerie, avenue de Genève ; la rencontre avec sa grand-mère (seconde épouse d’Edouard Pochat) dans les champs situés, à l’époque, à deux pas de là ; la création de la marque Pointe Percée (1924) ; la première fromagerie avenue de Mandallaz, près des anciens abattoirs, dans une ancienne savonnerie qu’il a transformée (1930). “Comme les camions n’arrivaient pas à accéder à la propriété, ils se garaient le long du Bar des Négociants. Nous, on faisait des allers-retours avec nos camionnettes pour les décharger et après on allait boire un canon”.

Le Grand-Bornand, jour de marché sur la place, début XXe.

NOUVEAU DÉPART

C’est le père de Pascal, Paul, successeur d’Edouard en 1979, qui décide de faire construire les actuels locaux à Annecy-le-Vieux, aux Glaisins. “Nous étions la troisième construction : il y avait les cafés Gallay, les meubles Genans et nous. A partir de 1983, c’est là que l’entreprise se développe véritablement : « Quand on est jeune et qu’on a du gaz, on a envie de faire bouger les choses ! » Paul élargit la gamme des fromages, il ajoute le Beaufort puis l’Abondance au Reblochon et finit par accepter de mettre un pied dans la grande distribution (1984). «Finit» parce que «au début, il ne voulait pas en entendre parler !». Question de principe ! Et puis… Paraît-il qu’il avait juré à son copain d’école, Marcel Fournier, fondateur de Carrefour, qu’il ne lui vendrait jamais de fromages !
Pochat & Fils devient fabricant en s’associant, aux côtés d’Entremont, avec Les fermiers savoyards à Frangy. “C’étaient des gros faiseurs de tomme, Reblochon, Emmental et raclette, tout ce qui nous va bien !” Pochat & Fils peut désormais répondre à la demande des grandes surfaces, sans renier les crémeries qui lui font confiance de longue date, tout en continuant à «vendre la Savoie» et compléter son plateau de fromages. Deux ans plus tard, en 1991, Pascal succède à son père. Paul est parti en trois jours, son fils a 36 ans. Il reprend le flambeau sans tergiverser : “Dans ces cas-là, on ne discute pas, on agit”.

Pascal Pochat

QUAND ON AIME…

Pendant les quatorze ans où il est aux commandes, Pascal fait à son tour fructifier l’héritage et ne s’économise pas. Digne fils de son père, il se bat pour faire connaître et reconnaître «la marque». “Je ne mets pas mon pantalon pour les supermarchés, mais pour moi !” Et à propos d’héritage ? “C’est toujours difficile de marcher dans les traces de celui qui vous précède. Mais on a le devoir de faire fonctionner le sujet. On veut aussi montrer qu’on peut faire un peu différemment, amener sa petite recette, toujours en faisant avancer l’entreprise.” Quand il regarde dans le rétroviseur, le petit-fils d’Edouard est «content» : “On a fait un beau parcours. On est devenu des leaders, mais sans aucune prétention. Faut rester humble : on trouve toujours des gens bien mieux que soi ! Et puis, la passion ça se développe, au début vous tâtonnez, vous essuyez des échecs et après ça vous transporte. Quand on aime, y’a pas de peine !”

Les trois générations Pochat

Edouard Pochat n’a pas seulement transmis à ses fils et petits-fils sa passion pour les fromages de Savoie, il les a aussi chargés d’une mission : défendre leur qualité et les promouvoir. L’aïeul peut être satisfait : aujourd’hui, Pochat & Fils travaille avec près de 300 exploitations, huit coopératives de Beaufort et une trentaine de producteurs de Reblochon fermier. Parmi la trentaine de fromages estampillées Pochat & Fils : trois références IGP, cinq AOP de Savoie, cinq médailles au concours général agricole 2019 (Paris), dont l’or pour l’Abondance laitier AOP, soit douze médailles décrochées en cinq ans.

Tomme de Savoie
Reblochon fermier
Beaufort (©Gilles Bertrand)

En écoutant Pascal Pochat, on se demande si finalement sa fierté n’est pas ailleurs… Son nez ! Amis et clients ont essayé, personne n’est arrivé à le piéger ! Mettez-lui un panier de Reblochons «tous nus» devant lui, il vous donnera le nom de chaque producteur, rien qu’en les sentant. “Tous les automnes, au Grand-Bornand, à La Clusaz et à Thônes, il y a des foires avec des concours de Reblochons. On m’a mis dehors des jurys parce que je reconnais les fromages ! Les organisateurs ont peur que je favorise untel ou untel.”

 

N.B. : En 2018, Pochat & Fils enregistre 80 M€ de chiffre d’affaires grâce à 290 salariés (dont 80 à Annecy-le-Vieux), répartis sur six fromageries et caves en Haute-Savoie.

 

+d’infos : http://pochat.com

 

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