femmes made in mongolie

22 Juin 2018

Step by steppe

En un siècle à peine, la Mongolie a muté d’une société pastorale nomade à un système capitaliste, en passant par 70 ans de communisme ! Les nomades coexistent avec les générations ultra-connectées des grandes villes. Tous agissent dans le même respect des traditions et du chamanisme, qui dit que l’âme du sang est transmise par la mère. Ce qui lui confère un rôle primordial dans la société…

Nurjan (prononcez Nourjane), est née il y a 36 ans à Khovd, dans l’ouest de la Mongolie, au cœur d’une famille de 9 enfants. Son prénom, c’est le cousin de son père, qui séjournait dans la famille le jour de sa naissance, qui le lui a donné comme le veut la tradition. Il signifie «rayon de soleil» et Nurjan le porte à merveille. Mais, les Français ne sachant le prononcer correctement, Nurjan se fait ici appeler Nouka.

C’est à l’âge de dix ans qu’elle tombe amoureuse de la France à la lecture du roman de Victor Hugo, Notre Dame de Paris, dont elle ne connaît alors même pas le titre, la page de garde manquant, comme quelques autres d’ailleurs. Nouka se jure alors de découvrir le pays merveilleux qui la fait voyager à mille lieues de sa Mongolie, de la Chine et de la Russie qui représentent encore son seul univers. L’écrivain l’emmène bien loin de sa vie d’écolière et de ses étés de bergère. Aider le grand-père à garder le troupeau est obligatoire pour la fratrie. Ses parents, eux, ont rompu avec la vie de nomade. Elevée sous une yourte par une mère architecte n’ayant quasiment pas exercé et un père chauffeur routier toujours absent, Nouka est privilégiée. Son père gagne bien sa vie et rapporte des cadeaux de Russie, des habits, du parfum, des chewing-gums et autres raretés pour le pays.

Nurjan dit Nouka (Mereke) Perichon

Toujours fascinée par Paris, elle choisit de faire des études de français, qu’elle suit à l’université d’Oulan Bator. Durant l’été, pour gagner un peu d’argent, elle officie comme traductrice et guide les visiteurs français sur les traces de Gengis Khan. Puis le destin s’en mêle. En 2004, lors du dernier séjour de la saison, elle rencontre Bruno, un Français qui va changer sa vie. Deux ans plus tard, avec l’aide de Laurence devenue sa meilleure amie depuis, Nouka quitte la Mongolie et débarque à Annecy pour poursuivre l’apprentissage de la langue (qu’elle parle aujourd’hui parfaitement) et rejoindre celui qu’elle aime. Elle l’épouse en 2009 et lui donne une jolie princesse, Anastassia, un an plus tard.

Nouka est maintenant agent immobilier. Elle n’est pas retournée en Mongolie, toute sa famille étant partie s’installer au Kazakhstan. Mais elle l’a promis à sa fille, un jour elle lui fera découvrir son pays…

UN PAYS MATRIARCAL ?

La condition des femmes de Mongolie fait office d’exception en Asie. Certes, elle reste inférieure à l’homme, mais elle souffre de moins de discrimination. Pour Nouka, le pays dans lequel elle a grandi a tout d’une société matriarcale, même si ce n’est pas réellement le cas. En effet, la femme joue un rôle central au sein de la famille et contribue pour beaucoup à l’économie du pays. La mère est en charge du budget, de l’éducation des enfants, des troupeaux, de la nourriture, des tâches domestiques, de la migration et de la yourte depuis toujours. Les hommes, eux, font la guerre ou s’occupent des chevaux.

Depuis la révolution de 1921 et l’arrivée du communisme, la femme doit, en plus, participer à la croissance du pays. Comme main-d’œuvre dans l’industrie qui se développe, mais pas uniquement. Mettre au monde un grand nombre d’enfants est considéré alors comme un devoir civique. La mère de Nouka, avec 9 enfants, a donné! Mais elle le dira souvent à ses filles : “Si j’avais eu le choix, je n’en aurais pas eu autant”. A son époque, la contraception n’existait pas et son diplôme d’architecte ne lui aura servi qu’une année à peine.

Après 1992 et la chute du communisme, le pays est entré de plain-pied dans le capitalisme. Depuis, les choses évoluent. La place des femmes dans l’économie reste toutefois prépondérante. La Mongolie est d’ailleurs classée n°1 mondial pour leur participation à la vie économique selon le rapport annuel 2012 du Forum Economique Mondial.

ON NE NOUS PARLAIT PAS DE CONTRACEPTION, MAIS UNIQUEMENT DES DANGERS DE L’AVORTEMENT ! C’EST DIRE… LA PILULE EST TRÈS PEU CONNUE ET ASSEZ MAL VUE.

EDUQUÉES POUR MIEUX GÉRER

D’après Nouka, cela tient majoritairement à l’éducation. Celle-ci est posée comme priorité absolue durant la période soviétique. L’école est obligatoire jusqu’à la majorité – 18 ans -, ce qui permet d’améliorer considérablement le taux d’alphabétisation du pays qui atteint près de 99%. Les familles poussent les filles à poursuivre leurs études universitaires, tout autant pour se réaliser que pour assurer leur indépendance financière. Les garçons, eux, ont moins de pression car : “il n’y a pas besoin de diplôme pour élever les bêtes !”, explique Nouka. 61% des jeunes femmes poursuivent donc des études supérieures. Nouka a choisi les langues avec un seul objectif : pouvoir un jour réaliser son rêve de visiter la France.

LIBERTÉ, ÉGALITÉ, SEXUALITÉ

Ce qu’elle aime de son pays, c’est la grande liberté dans laquelle elle a vécu, et ce sentiment d’être totalement égale aux hommes. Pendant son enfance, à l’école ou dans la steppe, puis durant ses études et au cours de ses premières années de vie professionnelle, Nouka s’est toujours sentie respectée, n’a pas vécu de pression due à son genre. En Mongolie, les jeunes femmes s’habillent comme elles le souhaitent, sortent, fument, fréquentent les bars et les garçons, elles vivent leur sexualité comme n’importe quelle jeune Française. A la différence près de la pudeur. “Nous sommes un peuple très pudique et parlons peu de sexualité, de nos relations. Nous nous affichons encore moins. Même en ce qui concerne la maternité. Sauf peut-être durant la période d’allaitement, qui est très longue et dure jusqu’aux trois ans de l’enfant, au moins… Dans ce cas, les femmes allaitent en public, y compris celles qui travaillent et vivent une vie moderne”.

Au pays du Khan, les tabous restent nombreux, comme l’homosexualité, interdite par la loi. La contraception à grande échelle est assez récente. Si les cours d’éducation sexuelles ont été mis au programme scolaire dans les années 90, Nouka souligne que : “Au départ, on ne nous parlait pas de contraception, mais uniquement des dangers de l’avortement ! C’est dire… La pilule contraceptive est très peu connue et assez mal vue. Le préservatif, lui, est préconisé à la fin des années 90. Le premier cas de SIDA a été fortement médiatisé à l’époque. Il s’agissait de prostituées infectées à la suite de relations sexuelles non protégées avec 2 Camerounais. Leur procès fit la Une de tous les journaux. Cette histoire nous a aussi fait découvrir le Cameroun !”.

La Mongolie s’adapte en permanence. Dans ce pays en pleine croissance, qui a connu tant de mutations en si peu de temps, le poids des traditions reste important. Ainsi que la confiance accordée aux femmes dans une société féministe par nature. Et c’est peut-être ce qui en fait sa force…

DATES CLÉS

> 1948 : Révolution communiste.

> 1924 : Droit de vote accordé aux femmes.

> 1992 : Fin de l’ère communiste.

> 1996 : Légalisation de l’avortement.

> 2011 : Loi pour la promotion de l’égalité de genre.

> 2012 : Loi contre la traite de personnes. Loi sur les quotas en politique, objectif : 30% de femmes (dans la réalité aujourd’hui : 15%).

> 2017 : Loi sur les violences domestiques.

EN CHIFFRES

> Population : 3 199 380 habitants dont 50,8% de femmes. 64% de la population a moins de 35 ans.

> Densité : 2,01 hab/km2 . Oulan Bator, la capitale, réunit 50% de la population.

> Indice de fécondité : 3 enfants/femme.

> Espérance de vie : 69,89 ans.

GENGIS KHAN FÉMINISTE AVANT L’HEURE

Edité par Gengis Khan vers 1206, le Grand Yasa est un ensemble de règles ayant autorité sur les lois locales. Son but est avant tout de pacifier le pays et le rapport entre les tribus, mais ses règles se révèlent très féministes pour l’époque. Ainsi, le Grand Yasa…

> interdit le kidnapping des femmes,

> interdit la vente de femmes à des époux,

> interdit l’adultère,

> légitime en tant qu’héritier tous les enfants nés d’un homme, qu’il s’agisse de garçons ou de filles, obtenus avec son épouse ou sa concubine,

> autorise aux femmes l’accès à l’armée mongole.

Photos : Guillaume Desmurs

Fanny Caspar

Fanny Caspar

Chroniqueuse
SURNOM : Fafa, Ninie, Choune, Louloute, Maman, Dragon selon les affinités et l’humeur du jour! PERSONNAGE DE FICTION : Super Jaimie. J’adorais. Elle courait vite, elle sautait haut et elle battait les garçons! Un jour elle a même nettoyé le sol d’une immense salle en à peine 30 secondes, mon rêve aujourd’hui !!! OBJET FETICHE : Le lapin en peluche offert par mes sœurs. Il m’a suivie partout. Il est maintenant sur le lit de mon fils. ADAGE : Je dormirai quand je serai dans mon lit en sapin! JE GARDE : Mon âme d’enfant. JE JETTE : Mes crises de doutes, insupportables pour tout le monde et surtout pour moi!!!! DANS 20 ANS : Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre… en tous cas toujours sur les skis (s’il y a encore de la neige!).

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