femmes made in quebec

17 Mai 2018

positive altitude

Une étude de 2012 portant sur le G20 a placé le Canada en tête des pays où les femmes vivent le mieux, et la France seulement au 5ème rang. Le Québec a même été qualifié de quasi «paradis féministe» par l’historienne française Florence Montreynaud. Nos cousins auraient-ils une longueur d’avance ?

L’accent est léger mais trahit ses origines de la Belle Province. “Et encore, si je parlais comme certains de mon village natal, tu ne comprendrais rien”, prévient Mélanie Bisson en riant. Née il y a 31 ans au cœur de la Beauce québécoise, dans un modeste bourg au nom pittoresque, Saint-Odilon-de-Cranbourne, la jolie blonde est installée à Annecy depuis 6 ans.

Pas facile de lui fixer un rendez-vous et de la faire redescendre des sommets ! Il faut dire que depuis son arrivée en Haute-Savoie et surtout depuis qu’elle a créé sa société en 2017, Positive Peak, cette sportive souriante au teint hâlé est sans cesse par monts et par vaux. Accompagnement en montagne, encadrement de marche nordique, mais aussi formation aux disciplines positives pour les parents, et mise en place de classes vertes, la jeune Québécoise exerce ses multiples talents dans un cadre qui lui correspond bien. Un besoin de nature, de grand air, de contact humain essentiel pour celle qui a grandi au milieu des champs dans la ferme familiale non loin de Québec, même si elle reconnaît s’être perdue dans des expériences peu concluantes, dans la police scientifique et la gestion immobilière notamment.

Finalement, elle crée, à seulement 20 ans, sa société de canyoning et se forme comme accompagnatrice en montagne, avant de débarquer en France au début des années 2010 et de s’y installer définitivement deux ans plus tard. “Comme on dit au Québec, je suis tombée en amour pour la région, et pour le chum qui va avec ; alors j’ai décidé de rester !” s’esclaffe-t-elle.

Mélanie Bisson

Activmag  :  Une  des  revendications historiques des féministes au Québec porte sur l’autonomie des femmes. Ton parcours, singulier, est marqué par un souci constant d’affirmer la tienne. Tu es une vraie Québécoise !?

Mélanie  :  L’autonomie, notamment financière, est effectivement une notion très importante pour les femmes au Québec. Dépendre d’un homme est inimaginable. J’ai quitté la police car je ne supportais pas le sexisme de la profession, alors que dans la ferme de mes parents, je faisais les mêmes taches que mon frère. Et dépendre d’une entreprise n’est pas concevable non plus pour moi. Trop hiérarchique, trop pyramidal. Avoir un CDI, c’est comme avoir des chaînes ! Alors j’ai préféré créer mes propres sociétés, pour être libre.

On entend régulièrement Justin Trudeau multiplier les déclarations féministes. Le pays est-il vraiment un eldorado pour les femmes ?

Il faut d’abord avoir à l’esprit que le Québec n’est pas le Canada. Les lois, la religion, la langue sont différentes. Le Canada est plus rural, plus traditionnel dans les rapports hommes/femmes. Par rapport à la France, le Québec souffre des mêmes maux en ce qui concerne les grandes inégalités, les écarts de salaires, les violences conjugales ou le harcèlement. Certains métiers sont encore peu ouverts aux femmes, comme la police justement. Mais les nuances sont importantes. Les Québécoises restent, je crois, souvent considérées comme des femmes-objets. Il existe par exemple un bar à Québec où les serveuses sont en soutien-gorge. J’ai du mal à imaginer cela en France. Mais au final, je pense que c’est plutôt dans les relations plus profondes qu’on voit les différences, au sein de la famille, du couple, ou de l’éducation des enfants notamment.

Justement, en quoi la place de la femme au sein de la famille est-elle originale ?  

Dans le couple, le partage des tâches ménagères est une évidence, mon père a toujours fait la vaisselle ou le ménage. J’ai aussi une tante qui bricole, jardine, alors que mon oncle était l’homme de maison. Un schéma fréquent chez nous qui étonne mon conjoint. La femme est davantage le chef dans la famille. Il est plus courant qu’ici que l’homme reste à la maison et la femme travaille.

A L’ÉCOLE, ON NOUS PARLAIT DES RÈGLES, DE CONTRACEPTION. JE REVOIS ENCORE L’INTERVENANTE ALLONGÉE SUR LA TABLE POUR NOUS MONTRER LA MEILLEURE POSTURE POUR TROUVER LE POINT G  ! ET PERSONNE N’A ÉTÉ CHOQUÉ  !

Une éducation sans tabou également…

L’ouverture à la sexualité est très précoce en effet, notamment à l’école. Je me rappelle de cours sur ce sujet, vers l’âge de 12 ans. La professeure nous parlait des règles, de contraception. Je revois encore l’intervenante allongée sur la table pour nous montrer la meilleure posture pour trouver le point G ! Et personne n’a été choqué ! Le plaisir de la femme est mis en avant dans ces interventions, sans aucun interdit.

Les élèves devaient être mal à l’aise, non ?

Au contraire, on en rigolait à la récré bien sûr, mais en réalité, plus on est informé, plus on dédramatise. On en parle ouvertement. Et donc, plus tard, la femme se sent en posture de pouvoir dire non. Mal informée, ou n’osant pas aborder ces sujets, une fille peut ne pas savoir décliner des avances. Cela ne nous empêche pas de regarder des images pornos en cachette, mais avec plus de recul. On sait que ce n’est pas la réalité.

Il paraît qu’au Québec, c’est la femme qui drague l’homme. Cliché ou réalité ?

En matière de séduction, la femme prend les choses en mains. Dans la rue, ou en boîte, c’est elle qui drague, fait des propositions. Elle peut offrir un verre, voire siffler le garçon s’il lui plaît. En tout cas, les approches sont beaucoup plus directes et plus naturelles.

D’un côté la femme affirme son indépendance, d’un autre, elle a du mal à se faire une place dans certains milieux professionnels ou dans la politique, ce n’est pas étrange ?

La situation tend vraiment à changer. Par exemple, une fille s’est lancée dans le BTP. A 20 ans, elle a créé son entreprise de «pépines» (NDLR : une pelle mécanique), peintes en rose. Et ça marche ! Du coup, cela a incité d’autres filles à faire pareil. J’ai également plusieurs amies qui avaient investi, avec appréhension, des métiers a priori plus masculins, comme l’arpentage. Or leurs craintes se sont vite dissipées, car elles ont été bien acceptées. Au contraire, les hommes réclament leur présence, ça amène une autre dynamique dans l’entreprise. Je dis souvent que c’est à la femme de prendre sa place. Je n’ai jamais croisé d’hommes vraiment réfractaires à cette évolution, sauf dans la police. Même mon père, très conservateur dans plein de domaines, a vu ma carrière avec bienveillance.

Au Québec, on met beaucoup plus l’accent sur l’humain, la dynamique de groupe, l’acquisition de méthodes, l’autonomie, alors qu’en France, on cherche surtout à accroître les connaissances.

Vu la durée du congé parental au Québec, tu as dû regretter d’être en France quand ta fille est née…

C’est vrai que le congé parental y est de 50 semaines. On croit vraiment à l’importance du lien entre la mère et l’enfant dans la première année. Cette mesure est très bénéfique pour l’enfant, et pour la mère. Jamais on ne voit des bambins de 3 mois en crèche au Québec. De plus, le gouvernement de la province a mis en place des centres de petite enfance, aux tarifs modiques, qui ont permis aux femmes de pouvoir continuer à travailler après la naissance de leurs enfants et de bénéficier d’une aide à la parentalité. Devoir abandonner ma fille âgée de quelques mois à la garderie a été très dur à vivre pour moi.

Le Québec a aussi une approche particulière de l’éducation.

Au Québec, on met beaucoup plus l’accent sur l’humain, la dynamique de groupe, l’acquisition de méthodes, l’autonomie, alors qu’en France, on cherche surtout à accroître les connaissances. Au sein des familles, on laisse plus de liberté aux enfants pour découvrir, explorer, aux garçons comme aux filles. A 4 ans, on me laissait jouer à la cachette dans mon village. A 14 ou 15 ans, mes parents me permettaient de sortir sans mettre de couvre-feu. A 16 ans, j’avais un appartement et une voiture, et je fondais ma première société à 20 ans. C’est très courant au Québec. Le sexe ou l’âge ne sont pas des obstacles pour créer une entreprise. Notre éducation nous pousse Mélanie Bisson à oser, foncer, prendre notre place.

En chiffres

1940 : les Québécoises obtiennent le droit de vote

En 2014, Québec compte environ 8,2 millions d’habitants, dont 50,3 % de femmes

Indice de fécondité : 1,69 enfant/femme

En 2014, le taux d’activité des femmes de 15 ans et plus est inférieur à celui des hommes : 60,7% pour 68,8%

En 2017, l’Assemblée nationale du Québec compte 29,6 % de femmes (en stagnation). Le Conseil des ministres est composé de 30,7 % de femmes

Le salaire d’une femme représente, en 2016, 88,6% de celui d’un homme

Photos : Guillaume Desmurs

Emmanuel Allait

Emmanuel Allait

Chroniqueur SURNOM : Manu. Mais je préfère qu'on m'appelle Emmanuel. Un peu long, mais plus c'est long, plus c'est bon, non? PERSONNAGE DE FICTION : bob l'éponge. J'ai passé 40 ans à faire la vaisselle et ce n'est pas fini ! Je suis un spécialiste. OBJET FETICHE : un stylo plume. Beaucoup plus classe qu'un ordinateur. Ou une montre, automatique bien sûr. Regarder le temps qui passe pour en profiter au maximum. ADAGE : mon cerveau est mon second organe préféré (woody allen). JE GARDE : joker. JE JETTE : mes pieds. DANS 20 ANS ? je serai sur une scène, guitare à la main, pour jouer Europa de Carlos Santana. presse@activmag.fr

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