le mont blanc, un luna park ?

22 Nov 2017

ce n’est plus l’heure du goûter !

De l’affaire Henry et Vincendon au milieu des années 50 jusqu’aux Tchèques décédés en octobre dernier, le Mont-Blanc alimente depuis bien longtemps les rubriques nécrologiques des journaux locaux. Sa voie a toujours été un chemin de croix. Bizarrement, jamais ces dramatiques faits divers n’ont suscité autant de polémiques que durant l’été 2017. Un buzz bien orchestré, focalisé sur quelques inconscients, mais qui évite surtout d’aborder les sujets qui fâchent, à commencer par les problèmes posés par le tourisme de masse à Chamonix.

C’est l’invasion ! Des milliers de «pèlerins» partent à l’assaut du Mont-Blanc tous les ans, parfois au mépris d’élémentaires règles de sécurité et du respect de l’environnement. Ah c’est sûr, «la montagne, ça vous gagne !»

LA CIME DÉCIME

Ces derniers temps, on a ainsi retrouvé pêle-mêle sur le Mont-Blanc, un Autrichien avec son fiston de cinq ans chaussé d’espadrilles, un Américain devenu star en filmant la coulée de neige qui a manqué d’emporter ses enfants. Jusqu’à ce jeune traileur breton, décédé en août dernier sur l’arête du Goûter, alors qu’il évoluait en tenue légère et sans équipement. “Il faut siffler la fin de la récréation”, s’est exclamé le médiatique maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex, qui donne ainsi le coup d’envoi du buzz estival. Le raisonnement est simple : il y a trop de monde sur le Mont-Blanc, les accidents se multiplient, il faut trouver des responsables. 58 décès en 2016-2017 dans les montagnes de la Yaute, toutes activités confondues, alpinisme, rando, vtt, parapente…!

Rien que pour l’été 2017, 29 morts (dont 12 pour le seul côté français du Mont-Blanc), et 1200 secours effectués. Sans minimiser le cortège funèbre, remettons-le en perspective. Notre société aseptisée semble découvrir que la montagne tue. Plus que la route (45 morts sur les routes haut-savoyardes en 2016) certes, mais moins que les victimes des particules fines dans la vallée de l’Arve (85 décès prématurés). Sur les 5 millions de touristes annuels en vallée de Chamonix, les 30 000 personnes qui tentent l’ascension du Mont-Blanc représentent en réalité une goutte d’eau.

DRÉ DANS L’PENTU !

Alors à qui la faute ? Evidemment ce n’est pas la crème Mont-Blanc de l’alpinisme qui vient grossir la liste des victimes. La plupart d’entre elles sont ces aventuriers d’un jour, qui choisissent majoritairement d’emprunter la voie royale pour le sommet à cause de son apparente facilité. Les accidents s’expliquent par des éléments naturels, chute de pierres, de séracs, avalanche, mais aussi par un manque d’acclimatation, une mauvaise préparation ou un équipement insuffisant.

Au cœur des polémiques estivales, les traileurs à l’équipement trop léger. En les voyant cavaler de plus en plus nombreux sur l’arête des Bosses, et parfois dévaler fatalement, le maire de Saint-Gervais a dégainé un arrêté municipal quasi inapplicable et pointé du doigt les deux principaux responsables de ces drames. D’une part, l’Etat, qui refuserait de légiférer. Et de l’autre, «l’ultra terrestre» Kilian Jornet, la star que tous les «collants/pipettes» du monde entier chercheraient à imiter. Le Catalan, qui n’est pas pour grand-chose dans l’irresponsabilité de certains candidats au toit de l’Europe, a bien tenté de désamorcer la polémique, mais le mal était fait. Et chacun de sauter sur sa chaise comme un «cabri» en chantant «il a glissé sur l’arête, c’est la faute à Jornet» ! Un «bouc»-émissaire idéal, mais qui n’était même pas né quand les premiers coureurs galopaient sur les pentes du Géant !

Une question sur toutes les lèvres : quelles solutions pour mettre fin à l’hécatombe ? Et chacun de mettre sa pièce dans le juke-box. Il faut sélectionner les candidats ! Réglementer l’accès au Mont-Blanc ! Mettre en place un permis payant, comme pour l’Everest ! Rendre le guide obligatoire ! Faire payer les secours en cas d’abus ! De mauvaises idées, qui font bondir l’association Mountain Wilderness. Pour elle, la seule solution passe par une meilleure prévention, par la préservation de deux acquis historiques, la gratuité des secours et la liberté des alpinistes.

 

Comment peut-on à la fois se plaindre des masses «d’étrangers en tongs» sur le mont-blanc, tout en incitant ces mêmes personnes à y venir, en leur en facilitant l’accès ? Bel exemple de schizophrénie !

ENTRE SELFIE ET LUNA PARK

En réalité, tout ce cirque médiatique autour de quelques imprudents est un bal des tartuffes. Car la surfréquentation des pentes du Mont-Blanc est d’abord due à une banalisation du site mise en œuvre depuis longtemps par les acteurs politiques et économiques du massif eux-mêmes. Avec les stages «express», les câbles en tout genre, et autres infrastructures du type «Skyway Monte Bianco», l’accès à la haute montagne n’a jamais été aussi aisé. Dormir au Goûter ? A peine plus dur qu’une via ferrata. Grimper à la pointe Helbronner ? Une plaisanterie. On peut verser des larmes de crocodile sur la saturation du lieu, mais le Mont-Blanc est une manne financière énorme. Saint-Gervais «Mont-Blanc», qui s’appelait autrefois Saint-Gervais «les Bains», développe son marketing autour de ce sommet, et l’exploite à fond. Dès lors, comment peut-on à la fois se plaindre des masses «d’étrangers en tongs» sur le Mont-Blanc, tout en incitant ces mêmes personnes à y venir, et en équipant les pentes de remontées mécaniques pour en faciliter l’accès ? Bel exemple de schizophrénie !

Le toit de l’Europe fait partie, qu’on le regrette ou non, de ces produits touristiques à dimension mondiale à l’instar de Venise ou Barcelone. Le tourisme de masse, désormais, se concentre sur ces quelques lieux emblématiques, avec ses avantages et ses nuisances. Comment gérer la fréquentation croissante d’un site mondialement connu, mais fragile ? Voilà le sujet qui devrait mobiliser les différents acteurs. Faire le buzz sur quelques malheureux traileurs égarés au lieu de parler de la pression urbaine à Chamonix, de la pollution qui étouffe la vallée, ce n’est que de la gesticulation médiatique, ou, vallée de l’Arve oblige, un écran de fumée !

© Diashule – © kstudija

Emmanuel Allait

Emmanuel Allait

Chroniqueur SURNOM : Manu. Mais je préfère qu'on m'appelle Emmanuel. Un peu long, mais plus c'est long, plus c'est bon, non? PERSONNAGE DE FICTION : bob l'éponge. J'ai passé 40 ans à faire la vaisselle et ce n'est pas fini ! Je suis un spécialiste. OBJET FETICHE : un stylo plume. Beaucoup plus classe qu'un ordinateur. Ou une montre, automatique bien sûr. Regarder le temps qui passe pour en profiter au maximum. ADAGE : mon cerveau est mon second organe préféré (woody allen). JE GARDE : joker. JE JETTE : mes pieds. DANS 20 ANS ? je serai sur une scène, guitare à la main, pour jouer Europa de Carlos Santana. presse@activmag.fr

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