revue de refuges

8 Juin 2020

là-haut sur la montagne…

… L’ÉTAIT UN VIEUX CHALET. ENFIN PAS TOUJOURS VIEUX, MAIS FORCÉMENT PERCHÉ. CABANES SOMMAIRES OU «HÔTELS D’ALTITUDE», LES REFUGES ALPINS ÉVOLUENT AVEC L’HISTOIRE DE L’ALPINISME. C’EST CE QUE LE MUSÉE DAUPHINOIS A DÉCIDÉ DE RACONTER, ET ACTIVMAG S’EST JOINT À LA CORDÉE.

Quand l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble rencontre l’Inventaire Régional du Patrimoine, ce ne sont pas les étoiles qui s’alignent, mais les refuges de montagne, pour une série d’étapes au sommet, d’arêtes sur images.
Et le Musée Dauphinois, dans tout ça? Il abrite, depuis quelques jours, le grand reportage photo né de cette collaboration archi-patrimoniale. “L’évolution des refuges reflète celle d’une pratique en montagne ”, résume Agnès Joncquères, commissaire de l’exposition. “C’est une histoire assez courte finalement, car avant le XVIIIe siècle, peu de monde s’y aventurait à part les bergers, les cristalliers et quelques prêtres.” Avec les premières courses sportives et la naissance de l’alpinisme –paternité présumée : Balmat et Paccard, avec l’ascension du Mont-Blanc en 1786– les clubs alpins fleurissent. Et c’est sous leur impulsion que les sommets se couvrent peu à peu d’abris de toutes tailles et de toutes sortes, à l’image de la cabane Vallot, sur l’itinéraire du toit de l’Europe, inauguré par le Club Alpin Français en 1892.

Vallot – France – Mont-Blanc – 4 362 m ©Franck Trabouillet

NUITS EN HALT’ITUDE

Pour faire le tour du propriétaire, le Musée Dauphinois s’appuie donc sur une carte interactive, des visites thématisées et, en point culminant, la reproduction à l’identique, par les charpentiers du Tour de France, du refuge de l’Aigle à la Meije. “Son histoire est emblématique : édifiée en 1910, selon la typologie du tout en un, il ne se compose que d’une seule pièce. Un siècle plus tard, parce qu’il est dangereux, on décide qu’il faut le fermer, le raser et le reconstruire, ce qui déclenche une émeute dans et hors de la communauté montagnarde. Certains espèrent un refuge moderne, d’autres veulent qu’il soit fermé à jamais ou descendu tel quel dans la vallée pour devenir un musée. Après 10 ans de polémique, il est finalement reconstruit, un peu agrandi quand même, mais en utilisant, à l’intérieur, l’ancien bardage extérieur, pour conserver son âme.”  Une intention que l’on doit à Jacques Félix Faure, l’architecte isérois de la reconstruction. En 2012, il se penche également sur la rénovation de Presset, construit presque 50 ans plus tôt dans le Beaufortain, face à la Pierra Menta. 130 rotations d’hélicos et 1,5 million d’euros plus tard, la cabane rustique est devenue un bâtiment en bois moderne de 291m2, ultra fonctionnel. La qualité primordiale, selon l’architecte, pour un abri d’altitude : “considérons le refuge comme une cuillère en bois : la fonction donne la forme, à laquelle rien ne peut être enlevé, c’est fonctionnel. Pour le refuge, il en est de même. L’architecte n’y est pour rien, il a simplement répondu au vent, à la lumière, aux fesses et aux mains des gens, à la soupe, aux sourires aussi peut-être. Il n’est que le serviteur… Toute la subtilité est justement de rendre invisible la complexité de l’élaboration. Je veux être au service de la nature, de l’Homme et d’une certaine spiritualité.”

Presset – France – Beaufortain – 2 514 m ©Christian Martelet

HÔTE MONTAGNE

Si la montagne invite en effet à la contemplation, elle appelle aussi à l’effort. Mais d’une aventure risquée, réservée aux plus expérimentés, elle est devenue un sport, dont la pratique se démocratise. Et avec 292 000 nuitées enregistrées en 2019, la fréquentation des refuges se porte donc bien. Les campagnes de rénovation et de reconstruction lancées depuis le début des années 2000 n’y sont certainement pas pour rien. En ligne de force, la fonctionnalité toujours, mais aussi l’habitabilité, avec moins de lits et des espaces communs plus vastes qui laissent entrer la lumière, donc la montagne. A l’image de la cabane de Corno Gries, posée sur un plateau alpin du haut Val Bedretto, dans le Tessin. En 2007, l’architecte Silvano Caccia décide de lui enlever le toit pour y installer la cuisine et le réfectoire. Les fenêtres, posées sur les quatre côtés, offrent une vue à 360° sur le relief environnant et supportent l’imposante structure de bois dans laquelle se trouvent les chambres, donnant à l’ensemble des airs de tour de contrôle ou de vaisseau spatial. On est bien loin de l’abri de fortune, spartiate et confiné, des couvertures qui grattent et des odeurs de pieds! Aujourd’hui, ces refuges nouvelle génération peuvent même accueillir des familles et consacrent certains de leurs espaces à des animations culturelles, expositions permanentes permettant la compréhension du site, ou représentations itinérantes. Le refuge de l’Arpont, à Termignon, proposait ainsi l’été dernier un spectacle de cirque à 2300 m d’altitude! Il fut en 2013, l’objet d’un des plus gros chantiers réalisés dans le parc de la Vanoise. Aux premiers chalets construits il y a une quarantaine d’années, et réaménagés en dortoirs de 6 à 10 places, est venue se greffer une extension de 580 m2 qui abrite le réfectoire, les sanitaires et l’hébergement des gardiens. Avec ses façades de pierres assorties aux anciens bâtiments, son toit terrasse panoramique et ses baies vitrées, elle s’intègre parfaitement dans la moraine. Mais ce choix n’est pas uniquement esthétique : il permet également à l’ensemble de se protéger du souffle de l’avalanche qui pourrait survenir du col.

l’Arpont – France – Vanoise – 2 309 m ©Blanchemain Joel
Refuge du Goûter – France – Mont-Blanc – 3 835 m

L’HEURE DU GOÛTER

Sans contrainte de cohérence avec un bâti existant, puisqu’à proximité, il n’y en a pas, le refuge du Goûter, lui, repousse les limites de la construction, en équilibre sur pilotis… à 3825 m d’altitude… Après 5 années d’études, 3 automnes, autant d’étés et 7,5 millions d’euros de travaux, en 2013, les alpinistes chevronnés –peu de familles grimpent jusqu’à ces hauteurs-là- peuvent à nouveau faire une halte sur la voie royale qui mène au sommet du Mont-Blanc. Quatre étages de bois recouvert d’inox, conçu pour résister à des vents de 240km/h, le Goûter est un bijou d’architecture contemporaine, technologique et écologique. Il est en effet équipé d’un fondoir à neige, pour alimenter le bâtiment en eau froide, de capteurs photovoltaïques et d’éoliennes pour l’électricité, et d’un système de gestion des eaux usées digne d’un sous-marin. Car l’autonomie est l’un des objectifs principaux de ces rénovations du XXIe siècle.
Pionnier en la matière, et de 4 ans l’aîné du Goûter, le Monte Rossa Hütte, qui fait face au Cervin à Zermatt, est probablement la construction en bois la plus complexe jamais réalisée en Suisse. Entièrement revêtu de plaques d’aluminium, avec ses allures d’immense cristal de roche, il est le fruit d’un projet mené de front par le Club Alpin Suisse et l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (EPFZ). Stockage de l’eau de fonte dans une caverne creusée dans le rocher, micro filtrage des eaux usées, panneaux solaires… il couvre 90% de ses besoins énergétiques, grâce à des techniques innovantes qui ouvrent de nouvelles perspectives : ce qui a été imaginé là-haut pourrait très bien être mis en place plus bas.

Cabane Monte Rosa – Suisse – Mont Rose – 2883 m ©Tonatiuh Ambrosetti

RECOURS VERS LE FUTUR

Ces environnements parfois inhospitaliers poussent également les architectes à développer des systèmes de construction rapides avec des matériaux légers, basés sur des solutions techniques de plus en plus performantes… et pas mal de créativité. Du côté italien des Grandes Jorasses, le Bivouac Gevasutti, par exemple, évoque plus le fuselage d’un avion que la charpente d’un cabanon, quand la Kanin Winter Kabin qui domine les Alpes Juliennes, en Slovénie, semble tout droit sorti d’un film de science-fiction. Avec ses 9,7 m2, elle peut héberger 9 personnes dans un intérieur petit, mais cosy, qui permet d’emmagasiner des connaissances sur la résistance des matériaux dans des conditions climatiques imprévisibles : gel, fortes pluies et même avalanches. Laboratoires de l’extrême, tournés vers l’avenir de la construction, ou conservatoires des valeurs et traditions de l’alpinisme -entrées, depuis décembre 2019, dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco- en équilibre entre passé et futur, les refuges permettent donc, dans tous les sens du terme, de prendre de la hauteur…

Kanin Winter Cabin – Slovènie – Kanin – 2 587 m ©Janez-martincic

+ d’infos : Expo «Refuges Alpins –de l’Abri de fortune au Tourisme d’Altitude»– Jusqu’au 21 juin 2021 au Musée Dauphinois de Grenoble
C’est ouvert. Venez masqués ! http://musee-dauphinois.fr
Source : «Refuges – L’homme aux portes de la montagne sauvage» par Mountain Wilderness, Dossier #8, Eté 19

 

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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