la ferme s’ouvre
Prenez un ancien corps de ferme des monts du lyonnais aux solides dimensions, mais sombre. Dotez ce déluge de pierres dorées de grandes ouvertures, d’une nouvelle transparence. Et savourez en famille.
« J’adore ce type de projet”, s’enthousiasme Lionel Lévy, énergique boss de Rehome, chargé de tirer de son sommeil un ancien bâtiment agricole, trônant dans la cour d’un château classé de l’ouest lyonnais. Sa feuille de route ? Transformer le corps de ferme en une enveloppante demeure familiale. “On part de l’ex nihilo, quasi. C’est la grosse page blanche”, poursuit l’architecte d’intérieur. «Grosse», en effet : près de 450m2 sont à organiser, et tout est vide du sol au plafond. D’ailleurs, parlons-en du plafond. Il culmine à près de 10 mètres. Soit environ cinq Teddy Riner empilés les uns sur les autres! Impressionnant. Evidemment, il s’agit d’occuper, de mettre en scène toute cette verticalité. Autre défi : comment faire entrer la lumière naturelle jusqu’au cœur de la future demeure, sachant que la bâtisse est borgne sur trois façades.
PETITE CATHÉDRALE FAMILIALE
Action ! Lionel Lévy commence par agrandir les ouvertures de la façade principale. Phase deux : des demi-niveaux sont créés pour étager les espaces de vie sur trois hauteurs différentes, ce qui permet de cultiver la légèreté, là où des niveaux pleins auraient fait masse et obscurci l’intérieur, contraire absolu de l’effet recherché. On érige des passerelles aux planchers transparents, barde l’espace de cloisons vitrées, de verrières et d’huisseries de type atelier, pour que le soleil finisse de prendre ses aises céans. Toujours dans l’optique d’éclairer au mieux l’habitation, des points lumineux led sont également ajoutés çà et là, de façon à rendre apparents les volumes les plus fuyants.
Résultat : les lieux sont peu cloisonnés et profitent d’une belle transparence. Le tout est distribué par deux escaliers pour une plus grande fluidité. Pas de risque de carambolage entre habitants à la montée ou à la descente. L’énergie peut, elle aussi, librement circuler partout. Ces nouvelles circulations, constituées de décalages et de décrochés, cisèlent avec une intention géométrique assumée les volumes, tout en participant à l’appropriation de l’espace, immense. Dans ce même ordre d’idée, le ciel de la chaumière devait accueillir un filet de catamaran, destiné aux enfants pour rêvasser loin des affaires courantes ou observer la vie de la maisonnée, en se faisant oublier…
PIERRES QUI ROULENT N’AMASSENT PAS MOUSSE
Plus de clarté d’accord. En revanche, pas question de dénaturer l’esprit des lieux, à coups de modernité laquée, de matières high-tech. Les propriétaires ont à cœur de conserver un lien avec l’histoire du bâtiment, le cachet «authentique», oserions-nous dire si le mot n’était pas aujourd’hui gravement galvaudé. Du chaleureux, du convivial, c’est ce qu’ils souhaitent. D’autant que la tradition ne leur fait pas peur. “On a voulu intervenir avec poésie, privilégier les matériaux naturels, nobles : terre cuite, bois, fer, un soupçon de béton brut, énumère Lionel Lévy, tout en conservant le plus grand nombre possible de murs en pierres dorées”. Celles-ci ont été sablées et jointées. Les pièces métalliques sont en ferronnerie. Toutes les soudures ont été réalisées in situ. La cuisine est habillée de chêne naturel, qui s’harmonise parfaitement avec le mélange de matériaux retenu.
MÉLODIE EN SOUS-SOL
Le sous-sol est un petit appartement en soi. L’empire de monsieur. Pas de patriacat triomphant puisque chacun a le sien! Madame dispose de son salon en étage, les enfants du leur. Mais revenons à l’ancienne cave voûtée qui expérimente une nouvelle vie de salle ciné-télé. Tous les rangements sont intégrés de manière à laisser les lignes courbes jouer à plein. Pour développer les synergies, un bar a été installé. Bar qui lui-même voisine avec la cave à vins des propriétaires, lestée de quilles bien choisies qui attendent leur heure. Autant dire que le dispositif est au point pour recevoir des cohortes d’amis, qu’il s’agisse d’apéros, match de foot ou de tout autre motif propre à festoyer. On imagine déjà que les rejetons de la maisonnée feront main basse sur l’installation dans quelques années…
Pour l’instant, les bambins profitent d’une salle de jeux de taille plus qu’honnête, attenante à la maison, toute en hamac, en balançoire et en tranquillité pour les parents dont les oreilles sont ainsi ménagées. Dans cette aile se trouve aussi le quartier réservé aux chambres d’amis. Un peu à l’écart, une annexe où les légumes poussaient jadis sous serre a été investie. Désormais, un jacuzzi offre sa chaleur et ses remous bienfaisants. Trois mois de chantier pour l’ensemble de la réhabilitation-rénovation, et l’affaire était entendue. Vu l’envergure du chantier, on se permet de lever un sourcil dubitatif. “C’est la vraie valeur ajoutée de Rehome” maintient son patron, qui a dans la manche un carnet d’adresses de compèt’, une dream team d’artisans avec lesquels il a l’habitude de travailler. Efficacement donc.
+ d’infos :
www.rehome.fr
Photos : Sabine Serrad
