Atelier concret, au sens propre

10 Avr 2019

centre de concrets

PARCE QU’ILS NE SE RECONNAISSAIENT PAS DANS UNE PRATIQUE TROP INTELLO, DÉCONNECTÉE DES RÉALITÉS DU QUOTIDIEN, LES DESIGNERS LYONNAIS TRISTAN RÉMY ET MATTÉO CASSONNET SE SONT CHERCHÉ UN NOM TERRE À TERRE, QUI PARLAIT D’UN MODE DE PRODUCTION ET SURTOUT, D’UNE MANIÈRE DE VIVRE : L’ATELIER. CAR C’EST LÀ QU’ON CRÉE.

Le premier atelier dans lequel ils se croisent, c’est celui des Beaux-arts de Lyon, en 2009. Mattéo Cassonnet arrive de Chartres. Très bon dessinateur depuis l’enfance, plutôt rêveur, un peu indécis, il a suivi la filière arts plastiques sans savoir vraiment quelle voie art-penter, mais finit par se révéler en option design d’espace. Tristan Rémy, de son côté, a toujours su quelle direction il prendrait en partant de Carcassone. Fils d’artisan, manuel fonceur et un peu têtu, il est heureux de trouver un endroit où bricoler en toute légitimité et s’engage dans un diplôme national d’Art.

Mattéo Cassonnet et Tristan Rémy

MISE EN COMMUN

S’ils deviennent vite copains, leurs univers créatifs sont assez éloignés. L’évidence de leur collaboration se construit pourtant alors qu’ils sont géographiquement séparés, l’un à Rotterdam, au sein de la coopérative artistique du sculpteur Joep Van Lieshout, l’autre en Pologne avec Erasmus. Mais ce n’est qu’en 5ème année d’études qu’ils s’y consacrent à 100%. “On avait des personnalités complémentaires, et on se retrouvait sur une pratique d’atelier, on était parmi ceux qui y passaient le plus de temps, ce qui a fondé beaucoup de choses d’«Atelier Concret»”, raconte Tristan. “Notre plaisir, c’était toujours de créer des objets, des volumes, de jouer avec la fonction, les matières, la lumière, être purement dans le design ou dans la sculpture, rapprocher les deux univers dans lesquels on évoluait”.

Anaaki Benchi T, banc à tiroir

PROCESSUS AB’OUTIL

Au cours de cette année, encore bien au chaud à l’école, ils en anticipent la sortie : ils prendront chacun un job alimentaire, Mattéo comme mécanicien cycles dans une grande enseigne sportive, Tristan comme vendeur de matériel de Beaux-arts, et se retrouveront pendant leurs jours de congés pour travailler ensemble. “Ça nous a permis d’expérimenter beaucoup de choses, de créer nos propres outils et un atelier mobile, notre barnum à nous qui rentrait dans un utilitaire et avec lequel on pouvait aller à l’autre bout du monde pour construire une table ou dans le jardin du voisin monter une sculpture.” La «Toolbox» (boîte à outil), une servante d’atelier qui peut se déplacer avec un diable se transformant, lui-même, en établi, est donc leur objet «manifeste». Avec ses angles et son métal, elle pose les fondements de leur état d’esprit, les principes de leur collaboration.
Au métal, ils marient ensuite le bois, cette association devient vite leur signature. “Notre patte, c’est de toujours penser les choses comme un malabar bi-goût, s’amusent-ils. Et comme 95% de nos pièces sortent de notre atelier, leur conception est forcément influencée ou limitée par nos moyens de fabrication ou nos outils. Mais nous cherchons toujours de nouvelles façons de faire et nous sommes de plus en plus équipés.”

Toolbox, boîte à outils

MARABOUT-BOUT DE FICELLE…

Leur dessin, lui, s’inspire du design japonais et de l’architecture moderne, rehaussé par des touches de couleurs vives, références au Groupe de Memphis fondé en 1980 par l’Italien Ettore Sottsass. “C’est une chose qu’on nous apprend aux Beaux-arts : contextualiser. Toujours trouver d’où viennent les choses, accepter qu’on ne crée rien de nouveau, mais qu’on se réapproprie l’existant. Comme un musicien avec le solfège, qui lui sert de trame de fond, mais outre laquelle il doit passer.” S’en affranchir pour questionner les formes et les matières notamment. Tristan et Mattéo, eux, fonctionnent par glissement, mieux : par anadiplose – j’aime voir vos yeux inquiets et curieux à la fois ! Découvrez donc avec moi, chers lecteurs, ce mot savant qui décrit la figure de style marabout-bout de ficelle… Rassurez-vous, je l’ai aussi appris aujourd’hui, en écrivant-. Comme dans cet appartement lyonnais où la couleur pep’s d’une sculpture leur a inspiré celle du pelage du morse (l’animal), les amenant évidemment au morse (le langage). Résultat ? En reprenant les initiales du couple commanditaire ou des citations littéraires, ils ont parsemé les placards et le mobilier de points et de traits, pour en faire des poignées ou des éléments décoratifs.

Allusions, tabourets

Depuis l’année dernière, les deux trentenaires ont délaissé l’alimentaire pour vivre de leur métier. Ils ont surtout leur propre atelier, concret évidemment, sédentaire, dans la petite ville de Neuville-sur-Saône, à 15km de Lyon en remontant le fil de la rivière. Motards tous les deux, ils ont vite trouvé leurs repères dans cet ancien garage moto, moitié bois, moitié métal, qu’ils ont réhabilité en gardant quelques traces de sa vie d’antan : la verrière, le perron, de vieux autocollants. Et comment voient-ils l’avenir ? “On aime bien prendre du recul pour en parler, raconte Mattéo, pour ne pas se laisser surprendre, être sûrs d’aller dans la bonne direction. Ce qu’on veut surtout, c’est travailler sur des projets intéressants, ne pas devenir une structure trop grande.” “Mais tout est possible, nuance Mattéo dans un sourire, dans 10 ans, je serai peut-être devenu mécano et Mattéo sera DJ en bord de mer !”

http://atelierconcret.com

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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