clément brazille, le design rebelle

23 Avr 2018

esprit vagabond

Votre aîné passe son temps à rêvasser en classe ? Il n’est peut-être pas nécessaire de s’en alarmer. L’ennui a du bon, il stimule l’imagination. Celle, fertile, du designer Clément Brazille, installé à Genève, a été nourrie par des années de divagation pendant que d’autres planchaient sur leurs dissertations.

Chaise «Bert»

Clément Brazille n’a jamais été un premier de classe. Sa place à lui était plutôt celle du fond, près de la fenêtre : “l’école ne me correspondait pas, j’étais bon à aller dehors, faire du sport et du bricolage. A 7-8 ans, j’avais déjà une scie sauteuse entre les mains, une curiosité pour le fonctionnement et la fabrication des choses, une facilité à me repérer dans l’espace… Mais on ne détecte pas ce genre de sensibilité, et tant pis en fait, car ça ne m’a pas empêché de continuer plus tard dans ce qui me convenait.”

Il s’ennuie encore pendant le lycée et jusqu’à ses études industrielles et mécaniques d’ingénieur : “j’étais bon… Pourtant, je ne me voyais pas travailler dans un bureau d’études chez Renault ou Boeing. Etre un simple exécutant, sur un cahier des charges défini, sans enjeu, ne me convenait pas, ça manquait de création. Mais à travers la vitre, je voyais se construire un bâtiment des architectes Lacaton et Vassal, tout de travers, et ça, ça me plaisait.”

Chaises «Famille Terre»

DU RÊVE À… GENÈVE

Créer, innover, maintenant qu’il a trouvé sa voie, direction LISAA (L’Institut des Arts Appliqués entre Paris et Rennes), en archi d’intérieur et design. A partir de là, Clément ne s’arrêtera plus. De bosser, d‘imaginer, de se former.

Au cours d’une de ses premières expos, il s’enthousiasme pour le travail d’un artisan d’art, céramiste spécialisé dans les grosses pièces. “Je n’avais pas d’atelier, il m’a tout de suite proposé de rester avec lui, à côté d’Angers. On s’entraidait, il m’a appris énormément de choses sur la céramique, à laquelle je ne connaissais rien.” Malgré cette rencontre incroyable, dont naîtra l’étagère «Famille Terre», Clément a la bougeotte, ne veut pas se laisser bercer par la douceur angevine et cherche une formation pro autour de ce savoir-faire fraîchement acquis. S’il se rêve déjà au Mexique ou au Brésil, il atterri à Genève, au Cerrco (Centre d’Expérimentation et de réalisation en céramique contemporaine, affilié à la Haute Ecoles d’Art et de Desing HEAD). Et d’opportunité en opportunité, s’installe dans la Cité de Calvin.

Étagère «Romane»

LÉGER COMME UNE PIERRE

Malgré un coup d’éclat en 2012, la réinterprétation d’une chaise Bertoia, chinée, sur laquelle il a tressé l’écharpe de sa copine – et qui lui vaudra les compliments de la famille du designer italien – les premières années sont évidemment difficiles. Mais Clément est philosophe… “Au début, je me suis dit : je me fous du salaire, de manger des pâtes pendant 5 ans. Il faut capitaliser du savoir, faire des rencontres, affiner son identité, je travaille donc à long terme en n’oubliant pas d’où je viens. Et je me sers tous les jours de ce que j’ai appris. Parce que le design relève de la mécanique, des équilibres, des maths et de la résistance des matériaux.”

A l’image de cette collection de tables «Océan Travertine», conçue avec un atelier de compagnons du devoir. “Quand on dit pierre, on pense volume, lourdeur, bloc… J’ai fait le contraire ! Je leur ai proposé de travailler la pierre le plus finement possible, le résultat est donc filaire, léger, ça vole, et ça traduit vraiment ce que je fais aujourd’hui.”

Tabourets «Ocean Travertine»

CÉRAMIQUE LUDIQUE

Aujourd’hui, à… quel âge déjà ? “J’en sais rien ! Faut que j’appelle ma mère…” A sa mèche blanche sur son front châtain, à ses yeux bleus encore grand ouverts, à sa fine barbe et sa chemise claire, disons… 31 ans. Aujourd’hui donc, même s’il considère qu’il est “un peu là pour amuser la galerie, pour divertir”, Clément sait qu’il n’y a pas de secret, qu’il faut bosser, bosser et encore bosser. Il aime tester, faire découvrir, étonner, inventer des scénarii, appliquer un matériau à un objet encore jamais vu. Pour l’étagère «Romane», par exemple, les éléments porteurs, des chiffres romains, sont en céramique, “pour montrer que cette matière ne se limite pas aux arts de la table, que c’est quelque chose d’hyper solide. Ça peut donner des idées, peut-être être copié, je l’ai déjà été, mais tant mieux, ça veut dire que je suis dans le vrai.”

En guise de garde-fous pour cadrer son travail, des mots-clés : fonctionnalité, esthétisme, atemporalité et… récréation. Clément s’amuse, fourmille d’idées. Dernier challenge en date ? Concevoir le trophée du Festival du film et forum international sur les droits humains (FFIDH, du 4 au 13 mars 2018, à Genève). “Il fallait imaginer un objet télégénique, photogénique, qui doit rentrer dans une valise, être portable à une seule main. J’ai masqué l’acronyme dans la céramique, une recherche plastique déclinée en objet. Il y a donc toujours à faire, mais ce qui est génial, c’est qu’on ne sait jamais ce qui va arriver…”

+ d’infos :
clementbrazille
.fr

Table «Ocean Travertine»

© Flavien Prioreau / © B. Coulon

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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