urbanisme genève

16 Avr 2019

poussée de croissance

UNE VILLE NE CHANGE PAS DU JOUR AU LENDEMAIN. CERTAINES PEUT-ÊTRE PLUS VITE QUE D’AUTRES. SOUMISE À LA PRESSION DÉMOGRAPHIQUE, ET AUX – POURTANT SUBTILES – INCITATIONS DE SES VOISINS, ÇA Y EST, GENÈVE POUSSE LES MURS ET VISE 2030 POUR LIFTER DES QUARTIERS ENTIERS. UN GRAND CHAMBARDEMENT DONT ON COMMENCE À VOIR LES PREMIERS FONDEMENTS.

Est-ce par contamination ou par capillarité ? Les grues qui poussent depuis plusieurs années du côté d’Annemasse, Veigy-Foncenex, Thonon ou Sciez commencent à coloniser Genève… “Enfin !” soupireront les élus savoyards, qui depuis tant d’années crient au déséquilibre immobilier. Car depuis plusieurs décennies, si la Suisse embauche, la France construit. Mais les choses changent. Le dernier plan directeur en date, adopté en 2015 – et dont la première mise à jour va être votée en avril par le Grand Conseil – , a confirmé un objectif de construction de 50 000 logements sur le Canton d’ici 2030. Vous avez bien lu, 50 000…

AUTO-CONVICTION

Mais ce chiffre n’est pas sorti d’un chapeau. Il a évidemment été consolidé par une étude sur les besoins et l’offre. “Avec 1 actif sur 3 résidant hors du Canton, la situation n’est plus soutenable, les réseaux de circulation sont engorgés, la ville polluée, on perd un temps considérable… La population s’est rendu compte de la nécessité d’agir”, constate Francesco Della Casa, l’architecte cantonal de l’Etat de Genève. “Il a fallu un certain temps pour accepter l’idée de nouvelles constructions, envisager la ville dans sa réalité urbaine, transfrontalière depuis longtemps”, complète Sylvain Ferretti, directeur général de l’Office de l’Urbanisme. “D’un côté, on renforce donc la mobilité, pour rapprocher, faire fonctionner le système au mieux ; de l’autre, on construit plus de logements, pour faire revenir ceux qui se sont installés à l’extérieur ou pour absorber la croissance.” Population convaincue et politiques en marche – pas sûr que Manu y soit pour quelque chose -, le Plan Directeur 2030 a donc de grandes ambitions.

Projet du quartier de l’Etoile (secteur Praille-Acacias-Vernets) © Dupraz et Byrne, photo Yves André

RENDS TON PLAN

Mais lui non plus n’est pas sorti d’un bi-corne. “Genève est un petit territoire, explique l’architecte cantonal, l’ensemble des décisions d’aménagement et autorisations de construire sont donc pilotées par l’Etat. C’est d’ailleurs l’un des premiers cantons à s’être doté d’un plan directeur, le Plan Braillard, en 1936, devenu une référence majeure en Europe. Il est tellement solide que tous les quinze ans (ndlr : durée légale d’un schéma directeur), on ne recommence pas, on décline ses données de base.”
C’est surtout en maillage de zones non bâties à préserver, surfaces agricoles, espaces publics ou sites à classer qu’il est calé, le Plan B. Grâce à lui, la gestion genevoise du territoire a toujours été économe. Ses successeurs ont ensuite instauré la protection des berges du Rhône et l’idée des «pénétrantes de verdure» – qui relient les parcs urbains aux secteurs ruraux pour assurer la continuité biologique -. Ils ont également instillé les notions de mixité travail-domicile-commerces au sein des quartiers pour réduire le trafic pendulaire, d’augmentation de la part des logements sociaux, de densification des couronnes urbaines et de multi-polarité. Héritier de ces différents plans, la version 2015-2030 rêve donc, et c’est logique, d’une agglomération verte, compacte et multipolaire.

EN VERT ET CONTRE TOUT

La brochure de vulgarisation du Plan Directeur commence d’ailleurs par ce chapitre : Envie d’air ! Au contenu, il aurait pu s’appeler « envie de vert ». Genève dispose en effet d’une couronne verte particulièrement riche autour de ses zones d’urbanisation. A elle seule, la zone agricole occupe environ la moitié du territoire cantonal ; le lac, les rivières, les bois et forêts près d’un quart ; tandis que les parcs et zones de verdure en couvrent 2,5%. Le Canton de Genève n’est donc pas qu’une grande ville. Mais en ville, “aucun endroit ne se situe à plus de 5 minutes d’un espace public ou naturel”, résume Francesco Della Casa. Le Jardin de la Paix, le Parc des Délices, celui des Bastions, le Jardin Anglais… 20% du territoire de la seule Ville de Genève sont des réserves de chlorophylle, ce qui lui vaut le surnom de « cité des parcs ». Pour garder la main verte, le plan prévoit donc la création d’autres parcs dans les nouveaux quartiers, comme dans celui en mutation du PAV (Praille-Acacias-Vernets).

Quartier des Vernets, projet lauréat du concours 2014 ©FHV/ADR

POLES DENSES

De la préservation des zones naturelles et agricoles découle la logique de déve- loppement et d’urbanisation : finalement, la ville est un peu coincée par les zones rurales. Elle doit densifier plutôt que s’étendre. Surtout sous la pression de la Confédération qui en a fait une directive… fédérale, justement. Le Plan est donc ajusté en fonction. Dès sa première mise à jour, en 2016, le projet de Cherpines par exemple, passe de 3000 à 3600, puis bientôt 4000 logements, quand celui de Bernex, pour ne pas empiéter sur les champs, voit sa surface réduite, mais pas son nombre de logements… Ils sont donc plus petits, ou plus haut perchés.
“Une des particularités genevoises, ajoute Francesco Della Casa, c’est la loi de 2008, dite des surélévations, qui autorise 6 mètres de gabarit supplémentaires, c’est une problématique architecturale très forte, et il nous aura fallu une dizaine d’années pour en tirer le bilan.” Soit quelques râtés, mauvais raccordements aux façades voisines ou simples « boîtes » posées au sommet d’immeubles existants.
“On peut également intervenir sur la zone pavillonnaire. Elle est très étendue, représente 50% de la surface à bâtir genevoise, mais seulement 13% de la population”. Le Plan prévoit donc qu’un dixième de cette zone soit déclassée pour y construire des immeubles, provoquant la colère des propriétaires, qui ont déposé, en octobre dernier, un recours au Tribunal Fédéral. Construire la ville sur la ville n’est pas si facile.

EFFET CENTRIFUGE

En faire un ensemble équilibré non plus.
“La ville n’est pas un objet homogène, résume Sylvain Ferretti, certains endroits ont plus ou moins d’intensité, mais on doit y trouver partout la même qualité de services.”
L’idée est donc de créer plusieurs centralités, plusieurs quartiers hébergeant, cha- cun, une mixité d’activités et de modes de vie. Le secteur Praille-Acacias-Vernets, par exemple, sera un ensemble de quatre quartiers aux typologies complémen- taires : une partie familiale, estudian- tine avec commerces et espaces publics, crèche, école et maison de quartier, aux Acacias ; l’Etoile, un « cœur urbain », avec de grandes tours, des boutiques, des restaurants et le nouveau Palais de Justice ; une priorité au logement et à l’artisanat à Grosselin ; le maintien d’une activité industrielle et économique autour du rail, à Praille Ouest.
Le Léman Express et ses gares arrivent également à point nommé pour dessiner la trame de cette envie de redistribution. “On est en train de créer des nouvelles polarités avec une intensité de vie très forte, on pense à tout un système de vie culturelle et nocturne aussi, pour que ces quartiers deviennent de véritables centres de vie, reste à savoir si ce sera au détri- ment d’autres secteurs, ou en plus de ce qui existe déjà.”
“Pendant 30 ans, Genève a relativement peu bougé, conclut Francesco Della Casa, mais elle connaît une accélération notable depuis 2010, la production de logements par an a été multipliée par trois !”. Avec un record absolu pour l’année qui vient de s’écouler : le dépassement de la barre des 2500 logements neufs, un seuil qui n’avait pas été franchi depuis 1996 . Tout est rela- tif, à la même période, et pour la même population, Rennes en construisait 5 500 – oui, ce n’est pas la porte à côté pour une comparaison, mais il n’y a pas de villes de 200 000 habitants dans la région ! – Quoi qu’il en soit, ça commence donc à se voir : Genève lâche les cheneaux !

Les développements urbains autour
des stations du Léman Express

Avec l’imminence de la mise en service du Léman Express (décembre 2019), commerces, espaces publics et logements champignonnent aux alentours des gares genevoises. Prenez le train en route et regardez par la fenêtre : 250 logements à Chêne-Bourg, 340 – et le théâtre de la Nouvelle Comédie ! – aux Eaux-vives, 600 à proximité de la Halte de Chapelle-Gui, et 640 logements dans le quartier de l’Adret à Pont-Rouge.

Projet O’vives ©Fres CFF Immobilier

Les nouveaux quartiers

Inauguré en septembre dernier, le Quartier de la Chapelle, sur la commune de Lancy, est un des premiers développements tangibles des grands projets genevois. Avec ces premiers 700 logements, dont la moitié est subventionnée (logements aidés), une école et une crèche sont sorties de terre. A suivre dans la foulée, 700 autres logements prévus aux Sciers voisins (Plan-les-Ouates).
Un millier d’habitants a déjà emménagé, dans le Quartier des Vergers à Meyrin, et l’école a ouvert ses portes en janvier ; à terme, il comprendra plus de 1350 logements, finalisation prévue pour 2020.
Le grand chantier des Communaux d’Ambilly, à Thonex lui, a démarré cet été. On y construit les routes, l’école et les 670 premiers logements, pour une livraison à l’horizon 2021. La deuxième étape démarrera dans 4 ans pour un projet global de 2600 logements.
Sortez vos calculatrices, on continue le décompte : 4000 logements sont prévus dans le quartier de Cherpines – en espérant que l’arrivée des premiers Cherpinois en 2021 coïncide avec celle du tram – ; 1200 pour les Grands Esserts à Veyrier ; 1300 à Grand Saconnex ; et last but not least, 1600 logements à Bernex d’ici 2026, avec une perspective de plus ou moins 5700 logements au total, à plus ou moins long terme (c’est plus ou moins précis, je vous l’accorde…).

Communaux d’Ambilly ©CCHE Lausanne SA
Grands Esserts © bw architectes/Thomas Sponti

Les évolutions de quartiers existants – Et PAV ! le quartier

Le GROS morceau, c’est la reconversion du secteur industriel Praille-Acacias-Vernets (PAV) en un quartier urbain mixte, un ensemble de quatre quartiers pour être exact. Un projet tellement important qu’il aura fallu plus d’une dizaine d’années et une loi pour lui tout seul afin d’en délimiter les contours. 12 400 logements en tout, pour environ la moitié d’emplois, dont le chantier pourrait commencer en 2020 et s’étendre sur plusieurs décennies. Car il faut commencer par déplacer une grande partie des activités, relocaliser les 1500 entreprises et 20 000 emplois installés sur la plus ancienne et plus vaste zone industrielle du Canton…
D’ici 2030, 1000 logements sont prévus  dans le quartier Chêne-Bourg-Chêne-Bougerie, 2300 à Châtelaine, et 2500 à Vernier-Meyrin-Aéroport. C’est dans ce dernier secteur qu’a été posée, en mars dernier, la 1ère pierre du Quartier de l’Etang : ses 1000 logements et son chantier à 1,4 milliard de Francs en font l’un des plus gros projets immobiliers privés de Suisse.

 

Quartier des Vernets – Projet lauréat du concours 2014 ©Architectes FHV/ADR

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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