Turin -Paola Bellinzoni-

12 Mai 2019

breloques et baroque

PAOLA BELLINZONI EST INATTENDUE, HYPER-SENSIBLE, UN PEU EXCENTRIQUE… BAROQUE ? TURIN, CAPITALE DUDIT BAROQUE, EST DONC UN ÉCRIN PARFAITEMENT AJUSTÉ À SES BIJOUX SINGULIERS, À SA FANTAISIE DÉBRIDÉE, À CETTE OBSESSION DU BOUTON ET DU MARIAGE DES ÉPOQUES QUI NOURRISSENT SA CRÉATIVITÉ.

Un dédale de couloirs et d’escaliers, au sous-sol du très beau Palazzo della Luce -littéralement Palais de la Lumière, qui fut d’abord celui de l’électricité, des télécommunications puis de la radio, avant de devenir un espace événementiel-. Sans Charlotte, une amie française de Paola Bellinzoni, nous serions encore en train d’essayer de nous repérer, mais elle nous guide d’un pas enjoué jusqu’à l’antre de la créatrice.

FABRIQUÉE EN CHINE

Dans l’air, un morceau de Charleston et la persistance d’une cigarette, tout juste éteinte ; un peu partout, des tables, des mannequins, des cadres. On pourrait croire que plusieurs artistes partagent cet espace immense organisé en îlots théma- tiques. Il s’agit en réalité de l’univers foisonnant d’une seule personne, l’accumulation minutieuse et ordonnée de tous les objets qu’elle collectionne et transforme en bijoux : tissus, boutons, sacs, lampadaires… Une véritable «maladie dont elle ne veut pas se défaire».
Paola ne se le rappelle pas précisément, mais d’après la légende familiale, l’été de ses 8 ans déjà, en Toscane, au lieu d’aller à la plage, elle installait sous les pins son atelier de bracelets personnalisés, en perles. Les petits vacanciers faisaient la queue pour les acheter. “Finalement, quand on regarde les enfants, on se rend tout de suite compte de ce qu’ils vont devenir”. Et on distingue clairement leur hérédité. Dans celle de Paola, il y a d’un côté une mère couturière, dont elle a patiemment observé les gestes. De l’autre, un père toqué de pendules, collectionneur d’antiquités, passionné au point d’acheter une maison dans le sud de la France pour pouvoir se rendre, dès qu’il le souhaitait, aux Puces de Nice.

NAGUÈRE DES BOUTONS

Aux prédispositions familiales, ajoutez la discipline acquise au fil de 16 ans de danse classique : de la même manière qu’elle se plaçait à la barre, méthodiquement, Paola s’est donc imposé de produire une pièce de couture tous les jours. A ce rythme-là, on acquiert vite une certaine dextérité… Pour affiner les contours du personnage, complétez par une thèse d’architecture sur la géométrie des bijoux dans l’Art Déco et une passion dévorante pour les boutons. Petite déjà, quand son père courrait les vieilles horloges, elle traquait la pâte de verre.
Concrétisation absolue, elle collaborera d’ailleurs, bien des années plus tard, avec Franco Jacassi. Propriétaire d’un magasin de vêtements vintage dans lequel les plus grands stylistes viennent toujours chercher l’inspiration -Tom Ford, Marc Jacobs, Gianni Versace ou Saint Karl lui-même, paix à son catogan, y auraient promené leur regards affûtés-, ce Milanais est également connu pour sa collection de plus de 10 millions de boutons. 10 millions… parmi lesquels Paola a sélectionné de quoi faire toute une collection de parures, entièrement cousues, sombre et gothique, qui fit le délice d’une clientèle japonaise en quête d’euro-tisme.

PRÉC’YEUX ANCIENS

Bref… génétique, hobby boulimique, aptitudes artistiques et rencontres, c’est en bijoux que les mains de Paola convertissent tout ça. Il y a cinq ans, après une première exposition dans une galerie de Turin, elle a même décidé de ne plus se consacrer qu’à eux. Des pièces uniques, toutes élaborées à partir d’éléments chinés, qu’elle coud, assemble, couvre de résine ou agrémente de photos selon plusieurs thématiques : le cinéma, le sacré, le nu, la bouche ou les yeux… “Au XVIIIe siècle, c’était courant, quand on aimait quelqu’un, on faisait peindre ses yeux et on les lui offrait dans un bijou, c’était comme lui offrir son âme.”
Ses yeux à elle sont immenses, curieux et, malgré le kohl noir qui les entoure, encore enfantins. Ils s’étonnent constamment, s’entichent, trouvent de nouvelles lubies. La dernière en date ? Customiser des photos d’actrices, de femmes lambda ou même de chiens (!), en leur ajoutant des bijoux, pour en faire des portraits en relief.

D’un bout à l’autre de sa caverne d’Ali Baba, Paola papillonne, vous tire par le bras, ouvre un tiroir, décachette un coffret : ici des incrustations de laiton, des filigranes d’or ou d’argent, là des pampilles qui renaîtront collier, des fermoirs- cadres de sacs anciens qui deviendront sautoirs, un porte-sel, la serrure d’un meuble empire… Des fragments de vie qui, parfois, lui ont été apportés par les familles elles-mêmes afin qu’elle les magnifie, leur donne une seconde vie. Pour autant, Paola n’aime pas qu’on parle de recyclage, il s’agit plus, pour elle, de respecter l’histoire. Une histoire qui imprègne ce vaste showroom, occupe son esprit et empiète même sur sa vie de famille… Au lieu de partir en vacances, cette année à Noël, elle s’est offert une formation en fabrication de moules, pour pouvoir créer ses propres formes. “Avoir une passion, c’est à la fois une croix et un délice, confesse-t-elle, parce qu’on n’est heureux que quand on crée…”

http://www.paolabellinzoni.it

 

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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